« Femmes défenseures » - Témoignages des lauréates de l’Initiative Marianne pour les défenseurs des droits de l’homme

Un article de la Grande Bibliothèque du Droit, le droit partagé.

Le mardi 28 juin 2022 à la maison du Barreau


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Discours de Julie Couturier, Bâtonnière de l'Ordre des avocats de Paris et Vincent Niore, vice-Batonnier













ARTICLE EN COURS DE PUBLICATION

Lancée à l’occasion de la journée internationale des Droits de l’Homme le 10 décembre 2021, l’initiative Marianne, vise à renforcer l’action de la France en faveur des défenseurs des droits humains, tant à l’étranger qu’en France. La première promotion de l’initiative est composée exclusivement de femmes pour souligner l’engagement féministe de la diplomatie française.

Nous vous proposons de rencontrer les lauréates du programme à l'occasion d'une conférence co-organisée par le Barreau de Paris, la Délégation interministérielle à l'accueil et l'intégration des réfugiés, le Ministère des Affaires Étrangères et l'association Marianne.

L'événement intitulé "Femmes défenseures" était destiné à donner la parole aux lauréates qui ont partagé leurs expériences d'activiste et les défis auxquels elles doivent faire face.

Il était structuré autour de quatre tables rondes aussi diverses que passionnantes sur les détentions arbitraires, les droits des femmes, de l'environnement et plus généralement sur les droits civils et politiques.

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Thématique 1 : Droits civils et politiques et transition démocratique

Abier AL MASRI (Palestine)

Originaire de Gaza, elle est d’abord interprète pour des journalistes avant de devenir professeure d’anglais et formatrice pour des organisations à but non lucratifs étrangères et locales à Gaza. Depuis 2016, elle est assistante principale de recherche pour la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch[1][2]. Elle y documente, analyse et les violations des droits humains perpétrées sur la bande de Gaza, notamment celles dues à l’enclavement du territoire.

Qu’est ce que cela fait d’être palestinienne à Gaza ?

Abier débute son intervention en disant sa fierté de représenter la Palestine dans ce programme et explique en quoi il est très difficile de vivre à Gaza , un territoire coupé du monde et très isolé des autres territoires palestiniens également où les habitants ne bénéficient même pas de la liberté d'aller et venir.

"Je suis plus chanceuse que beaucoup à Ghaza car j’ai pu voyager et a plusieurs reprise, la première fois c'était en 2018 à 31 ans. Human Right Watch dans un rapport sur le blocus de Gaza indique en quoi cela a dévasté notre économie , et fragmenté la population palestinienne. Cela fait aussi partie des crimes contre l'humanité commis par le gouvernement israélien: l'apartheid et les persécutions à l'encontre de millions de palestiniens. Les palestiniens de Gaza ne peuvent pas décider de quand ils veulent voyager, ils ne sont pas libre de leur mouvement"

Certains pourraient, on travaillaient très dure pour cela, sont instruit et se vit parfois refuser une visa à la dernière minute sans raison. La population est démotivé et ne voit aucun avenir

Mon action auprès de HRW et l'Initiative Marianne est de sensibiliser et être la voix des palestiniens de Gaza qui sont si isolés, je veux que les gens entendent parler de nous , j’ai déjà construit un réseau ici en France et je continue pour HRW et je le ferai sans relâche jusqu'à ce que les palestiniens de Gaza retrouvent la liberté d'aller et venir.

Quelles sont vos recommandations ?

Le moment est venu d’accepter et de reconnaître que l’apartheid est le quotidien des palestiniens avec ces interdiction de voyage à cause de ces interdictions de voyage imposées par Israël , il faut faire pression sur Israël pour stopper cela. Il y a également ces fouilles de sécurité incessantes sur la population. Il faut également dénoncer la décision d'Israël qui a le 22 octobre dernier, via son ministre israélien de la Défense, publié un ordre qualifiant six ONG palestiniennes d’organisation "terroristes" : Al Haq, Addameer, le Centre Bisan pour la recherche et le développement, Defense for children internation - Palestine, l’Union des comités du travail agricole (UAWC), l’Union des comités de femmes palestiniennes (UPWC). Il faut également rappeler le sort de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien toujours en détention.

Lire aussi : Regain de tensions en Israël qui interdit aux Palestiniens de Gaza de venir travailler

Roshna KHALID (Afghanistan)

En 2008, Roshna Khalid devient la première femme présentatrice pour la télévision nationale dans toute la région du nord de l’Afghanistan. Parallèlement, elle est nommée directrice de l’Institut de l’Enseignement Technique et Professionnel (Parwan insight pro) de sa province et est porte-parole du bureau du gouverneur provincial, chargée des affaires sociales, des postes qu’elle occupe jusqu’en 2021. Engagée pour l’égalité entre les femmes et les hommes, elle fonde une radio dédiée aux droits des femmes et notamment à l’éducation (Radio Barin[3]) et la représentation médiatique. Menacée à plusieurs reprises pour ses activités par les talibans, elle est contrainte de s’exiler en France en 2021.

Pourriez vous nous en dire plus sur votre travail de journaliste en Afghanistan ainsi que votre engagement pour les droits des femmes ?

Rosha commence par remercier l'assemblée, le programme Marianne et la France pour son aide et son accueil, elle dit sa joie d'avoir l'occasion de s'exprimer ici.

"Quand j'étais enfant mon père voulait que je sois médecin parce que j’étais toujours la meilleure en classe, j'avais toujours les meilleures notes, mais moi ça ne m'intéressait pas, être médecin pour moi consistait à rencontrer des malades, or je voulais des contacts avec des gens, avec la population, je voulais devenir la voix des femmes des gens de la société, des enfants aussi.

Dans la mesure où les droits des femmes sont constamment violés en Afghanistan, je voulais être journaliste pour écrire, lire et documenter cette situation, c'est donc comme cela que j'ai commencé à travailler à la télévision. A Kaboul, j'étais la première femme à apparaitre à la télévision ce qui était très compliqué pour mes parents et mes enfants; que je sois une femme et exposée était une source de peur pour eux.

J'ai même été visée par un tir de roquette dans le passé, je souffre mais je n'ai pas abandonné mes activités au contraire cela me renforce dans mes divers engagements. Je veux jouer un rôle important pour les femmes afghanes, devenir un symbole de défense.

J'ai donc poursuivis mon travail à la télévision comme présentatrice et journaliste puis j'ai souhaité créer une radio, Barin. Le studio comptait 25 employés dont 18 femmes que j'ai également formées au métier de journaliste/média.

Malgré les menaces constantes je n'ai jamais cessé mon travail , pour les femmes et pour les enfants, ils en ont besoin.

L'ancien gouvernement était critiquable sur de nombreux points mais au moins nous avions la liberté d'expression et les femmes avaient des droits.

Etant donné la situation aujourd’hui qu’êtes vous désireuse de faire pour les autres femmes en Afghanistan ?

Elles ont toujours besoin que je sois leur porte-voix et je voudrais continuer à travailler pour cela , je souhaite aussi que la France travaille pour l’Afghanistan et joue son rôle de soutien aux médias d Afghanistan.

Nous avons de votre coopération, nous avons besoin de votre aide et de la communauté internationale pour que les médias d'Afghanistan puissent continuer leur travail, soyez notre voix !

Nagham Nawzat HASAN (Irak)

Docteure irakienne en gynécologie[1], Nagham Hasan est engagée depuis deux décennies pour les droits des femmes et des minorités religieuses, notamment la communauté yézidie. En 2014, après l’attaque de la région du Sinjar par l’Etat Islamique, elle s’engage auprès des personnes déplacées pour leur apporter une aide médicale.

Peu de temps après, lorsque des femmes réussissent à échapper à la captivité, elle décide de leur porter assistance et de les aider à se reconstruire, tant sur le plan émotionnel que sur le plan physique.

Elle se bat ainsi pour la reconnaissance du crime de génocide et des violences sexuelles que ces femmes ont subi. En 2016, elle est nommée International Women of Courage[4] par le département d’Etat américain pour son engagement.

"Pouvez-vous nous parler de vous et de votre engagement auprès des survivants de la communauté yézidie ?

Nagham débute également sa prise de parole par des remerciements adressés à l'Initiative Marianne et dit sa reconnaissance envers la France pour son aide auprès de la communauté yézidie. La France a en effet reconnu le crime de génocide à l'encontre de cette communauté, et a dans le même temps accueilli une centaine de familles en France, aidé à la construction de l’hôpital de Sinjar et d'un camps pour les personnes déplacées.

Moi je suis membre de la communauté yézidi qui a connu de nombreux génocides à travers son histoire [2]

En août 2014 l'EI a attaqué Sinjar [5], une grande partie de la population s'est enfui au nord vers le Kurdistan mais d’autres ont été capturés: 6000 hommes refusant de se convertir ont été tués, 65000 femmes et enfants capturés et réduits en esclavage pour subir des viols et des tortures, beaucoup se sont suicidés depuis.

J'ai décidé de consacrer ma vie à l'accompagnement des "survivants", c'est pour cela que j'ai créé ce centre, pour les femmes victimes de DAESH. Le centre se trouve dans la région du Kurdistan. A ce jour nous avons pu soigner 1300 victimes. Nous avons également passé un accord de coopération entre l'Allemagne et le Kurdistan pour accueillir en Allemagne 1500 familles qui sont également suivies médicalement.

Aujourd'hui je suis là pour parler d'eux, que la communauté internationale sache.

Beaucoup de survivants sont dispatchés entre l'Allemagne, la France et l'Australie, j’ai travaillé avec beaucoup de pays et ai reçu de nombreuses récompenses dont cette récompense américaine et une autre d'une organisation de droit de l'Homme basée en Belgique.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre association Hope Makers Organization for Women et ses actions ?

C'est une association que j'ai créée en 2018 pour représenter les survivants, à ce titre j'ai assisté à de nombreuses conférences à l'international pour parler de leur souffrance, malheureusement à cause de COVID toutes nos actions ont été suspendues mais depuis 9 mois nous avons repris notre activité avec l'ouverture notamment de deux centres en Irak qui accompagnent les victimes de violences liées au genre ou à la religion.

Quels sont les plus grands défis auxquels doivent faire face les membres de la communauté yézidie aujourd'hui ?

Il est très difficile d'imaginer qu'un tel sort puisse être réserver à des êtres humains au 21e siècle : être vendu, mais le pire et ce qu'il faut savoir c'est que cela n'est pas terminé, même une fois libéré les dégâts psychologiques sont immenses. Une fois libérées beaucoup d'entre elles découvrent qu'elles ont perdu beaucoup de membres de leur famille et se retrouvent sans aucune ressources et à ce jour il y a toujours 2700 femmes et enfants disparus.

Nous avons demandé au gouvernement irakien de mettre en place un comité chargé des recherches pour savoir ce qu'elles sont devenues, sont-elles mortes, ont-elles survécu ? Il faut faire toute la lumière mais nous n'avons pas encore eu de réponse à nos demandes.

Il y aussi 3000 enfants orphelins de père et de mère et toujours pas de procès pour cela, personne ne rend de comptes à notre communauté. Certes les prisons sont pleines de combattants qui sont jugés mais jamais pour leurs crimes contre les yezidis, pour cela, personne n'a rendu de comptes à ce jour.

Récemment il y a eu deux fusillades entre civils au Kurdistan impliquant le PKK, nous demandons aussi à la communauté internationale de nous mettre à l'abri de ce conflit politique dans la région entre le PKK et la Turquie.

Nous demandons de l’aide à la France pour aider les yezidis et nous garantir que 2014 ne se reproduira plus jamais, nous demandons à la communauté internationale de nous aider à reconstruire notre communauté et à vivre en paix sur nos terres pour pouvoir préserver notre identité."


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Thématique 2 : La détention arbitraire

Noura GHAZI (Syrie)

Activiste et militante syrienne, experte dans la défense des droits humains depuis les années 2000, elle se bat contre les détentions arbitraires et les disparitions forcées dans son pays. Elle est fondatrice et directrice de l’association « No Photo Zone » et de « Families for Freedom Movement » fondée en 2017, après la disparition de son mari dans les prisons syriennes.

Son père a également était exécuté en prison, par le régime de Bachar El Assad.

Depuis le début de la révolution syrienne et avec son association elle apporte son aide aux familles des disparus ainsi qu’une assistance légale et juridique. Aujourd’hui réfugiée au Liban, elle se bat au quotidien pour la justice et contre les procès arbitraires au niveau international. En 2018, Amnesty International l’a nommé une des 8 femmes les plus fortes au monde [6].

Pourquoi avez-vous décidé d’être avocate et défendre les droits humains ?

En réalité je ne l’ai jamais choisi, cela s’est imposé à moi : toute ma vie j’ai eu à subir des décisions injustes, quand j’avais treize ans mon père était déjà un prisonnier politique.

J’ai alors dû me battre contre l’officier de police qui avait fait arrêter mon père.

En 2011 j’ai rencontré mon mari pendant une manifestation contre le régime, c’est comme cela qu’il a été arrêté, c’était avant notre mariage, nous nous somme mariés en prison en 2013 et au bout de 3 ans sans nouvelle j’ai appris sa mort, il avait été exécuté. (En 2015).[3]

En 2018 j’ai dû quitter la Syrie, fille et épouse de « disparu » mais aussi avocate, il m’était impossible de rester dans mon pays.

Aujourd’hui je défends les droits des proches des personnes disparues mais je les aide également à gérer cette blessure ouverte, la douleur de ne pas savoir ce qu’est devenu leur proche car souvent il n’y a aucune information sur ce que sont devenus les opposants arrêtés.

Les violations sont multiples : exécutions sommaires et extrajudiciaires, violation du droit à un procès équitable…

Dans le cadre de mon action militante j’ai créé deux associations : « No Photo Zone » et de « Families for Freedom Movement »

J’ai ainsi collecté 400 témoignages de prisonniers et je les ai aidés dans cette transition qu’est la libération. J’ai essayé de transformer ma douleur et utiliser ma voix dans un but politique et militant.

« No photo zone » [7] dites-nous en plus au sujet de cette association ?

Notre mission en Syrie est d’apporter un soutien légal dans le cadre de détention arbitraire et disparition forcées, nous fournissons des consultations juridiques, peu importe l’autorité ou le groupe à l’origine de la disparition.

C’était un projet avec mon mari, Bassel Khartabil Safadi [8], nous en parlions dès 2011 et cela a finalement abouti en 2018 depuis le Liban mais l’association est enregistrée en France.

Cette association a aussi été créée en sa mémoire.

Beaucoup de ces familles sont au Liban également et nous leur fournissons également un soutien psychologique et nous proposons également des activités telles que théâtre, musique, art…

A propos des associations citées : No photo zone et Families for Freedom Movement

Nuray SIMSEK (Turquie)

Membre du Syndicat des professionnels de l’éducation, branche de la Confédération nationale des syndicats des fonctionnaires, elle est licenciée en 2017 à cause de ses opinions politiques. Dans le cadre de la politique de répression des voix d’opposition du gouvernement turque, elle est également privée du droit de voyager, de travailler et d’être élue. En contestation, elle organise avec ses consœurs et ses confrères plusieurs actions publiques. Détenue et poursuivie en justice, elle ne cesse pourtant pas son militantisme. Membre de l’association des droits de l’Homme depuis 2016, elle travaille également au sein de la Commission contre le racisme et la discrimination.

"Vous étiez infirmière puis vous êtes devenue professeur de philosophie et membre du syndicat des professionnels de l’éducation. Par la suite vous avez été licenciée en raison de vos opinions et interdite de voyager.

Quand et pourquoi avez-vous commencé à travailler sur la détention arbitraire ?

En Turquie toute ma vie j’ai su que la détention arbitraire existait, elle est omniprésente, mais je n’avais pas idée à quel point cela pouvait être violent et rependu.

Une fois, alors que je n’étais pas là, la police a fait une descente là où je vivais et ils ont arrêté mes colocataires, ils leur ont pointé une arme sur la tête et fait coucher au sol un long moment. C’était une scène très violente.

Ensuite j’ai reçu une citation à comparaitre qui a même été diffusée à la télévision et dans les journaux, et ils ont qualifié notre association étudiante d’organisation terroriste. Au procès ils n’ont pas eu d’autre choix que de nous acquitter nous n’avions absolument rien fait.

Cette expérience a été le tournant dans ma vie dès lors j’ai su que je voulais lutter et témoigner de la violence commise par le gouvernement et sa police.

J’ai travaillé dans des équipes en charge de défendre des cas de détention arbitraire, quand vous avez ce genre d’engagement en Turquie, la détention y compris pour vous-même fait automatiquement partie du lot.[4]

Aujourd’hui, hélas c’est de pire en pire, il y a eu ma première détention en 1996, puis la tentative de coup d’état en 2016, la situation s’est largement aggravée. Maintenant ils ciblent tous les opposants et licencient tous ceux qui ne soutiennent pas le gouvernement : professeurs, médecins, universitaires, juges, soldats …

Ils ont publié leur nom dans tous les journaux et sur internet en les accusant de terrorisme et en indiquant que cette opération avait pour but de nettoyer l’état : confiscation de passeport, détention arbitraire … et beaucoup sont encore en prison, des dizaines de milliers [5]

Naturellement il n’y a aucun recours possible contre ces licenciements de masse mais je vais continuer à me battre, je souhaite surtout collecter le plus possible de témoignages et les mettre par écrit car en Turquie il n’y a pas de liberté d’expression, la population subit une pression immense, je veux tout écrire, je veux que nous soyons entendus. "

María Alejandra CASTILLO GARCIA (Nicaragua)

Alexandra Castillo est une défenseure des droits humains originaire du Nicaragua. Elle est notamment engagée dans la lutte pour la justice, la liberté et la démocratie, l’égalité sociale et la construction de la mémoire. Lors des évènements de 2018, elle a également été identifiée commune l’une des leaders du mouvement étudiant.

Lire son témoignage : ICI

Tatsiana KHOMICH (Biélorussie)

Aujourd’hui représentante du Conseil de coordination des prisonniers politiques, Tatsiana Khomich a commencé son activisme en mai 2020 en rejoignant l’équipe de Viktar Babaryka – candidat à l’élection présidentielle en Biélorussie – en tant que responsable des médias. Elle est également la sœur de Maria Kalesnikava, une prisonnière politique. Depuis que sa sœur Maria a été incarcérée en septembre 2020, Tatsiana est devenue « sa voix » ainsi que celle de tous les prisonniers politiques en Biélorussie. Au quotidien elle fait du plaidoyer pour attirer l’attention sur la situation des prisonniers politiques et les violations des droits humains.

Thématique 3 : l’Environnement

Nisreen Abdelrahman ELSAIM (Soudan)

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Diplômée en physique et énergies renouvelables, Nisreen Abdelrahman Elsaim est négociatrice en matière de transfert de technologie. Parallèlement, elle milite auprès de The Sudanese Environment Conservation Society au sein de laquelle elle devient cooridnatrice du Comité Jeunesse et Environnement en 2015. Dans le cadre de son engagement, elle parcourt le Soudan et constate l’ampleur de l’impact du changement climatique et la vulnérabilité du pays face à ce phénomène, notamment dans le cadre du conflit au Darfour. Afin de coordonner les efforts en la matière, elle a créé la plateforme Youth and Environment-Suda, (Yes). Représentante de la jeunesse soudanaise aux Conférence des Nations Unies, elle rédige un rapport sur l’Accord de Paris qui est présenté au Gouvernement, qui un an plus tard ratifie l’accord.

Voir sa présentation ici > PDF

Yuvelis Natalia MORALES BLANCO (Colombie)

Étudiante en génie de l’environnement, elle est aussi militante socio-environnementale. Engagée pour les droits humains, elle défend notamment les droits de tous et toutes et en particulier des plus jeunes à disposer de l’eau, à évoluer dans un environnement sain, à grandir sur leur territoire d’origine et à y prendre des décisions politiques. Elle est membre du comité AGUAWIL et de l’Alliance Colombia Libre du Fracking.

Thématique 4 : Droit des femmes et des personnes LGBTQI

Anarkali HONARYAR (Afghanistan)

Docteure en médecine et militante des droits humains, Anarkali Honaryar commence sa carrière en tant que membre de la Commission Indépendante des Droits de l’Homme en Afghanistan en 2004.

Elle est ensuite sénatrice, représentante des minorités hindoues et sikhes au Parlement afghan pendant 10 ans. En tant que sénatrice, elle est à la tête de la Commission des affaires culturelles et membre de la Commission des relations internationales. Elle est également choisie comme membre du Conseil de Paix, y représentant le gouvernement démocratique afghan. Au cours de sa carrière, elle a obtenu de nombreux prix, notamment le prix UNESCO pour la promotion de la tolérance et de la non-violence.

Rhobi Pristiana SAMWELLY (Tanzanie)

Rhobi milite depuis plusieurs années contre les mutilations sexuelles et génitales au sein des communautés en Tanzanie. En 2017, elle fonde Hope for Girls and Women (Matumaini kwa Wasichana na Wanawake en swahili), une association qui au quotidien accueille des jeunes femmes et filles qui ont subi ces mutilations ou qui y ont échappé. Déterminée à aider et protéger les jeunes filles de ces violences, elle a créé des « safe place », des sortes de refuges qui permettent à ces filles de continuer leurs études et de fuir ces pratiques. « Je voulais que les filles aient le soutien que je n’ai jamais eu pour dire non. Qu’elles réalisent qu’elles peuvent avoir le contrôle de leur corps et de leur vie. »

Anna SCHERBAKOVA (Russie)

A VENIR

Intervention de clôture, Laura Lohéac, Présidente de l’Initiative Marianne

Télécharge l'intervention en PDF


Madame l’Ambassadrice, Messieurs les ambassadeurs,

Monsieur le Préfet,

Madame la Bâtonnière, Monsieur le Vice-bâtonnier,

Mesdames et Messieurs,

Chères lauréates,

Il est bien difficile de prendre la parole après des témoignages si bouleversants et inspirants…

Merci à vous chères Abier, Anarkali, Anna, Maria Alejandra, Nagham, Nisreen, Noura, Nuray, Rhobi Pristiana, Roshna, Tatsiana, Yuvelis.

Merci d’avoir partagé vos expériences, vos engagements, votre vision de l’avenir et des causes que vous défendez avec, comme toujours, tant de talent et de conviction. Nous savons [et avons pu mesurer] combien vos combats pour la liberté et les droits fondamentaux ont pu vous coûter et combien même il peut être difficile d’en parler.

Au-delà, je souhaite saisir cette occasion pour vous remercier une nouvelle fois de nous avoir fait l’honneur de votre participation à cette première promotion de l’Initiative Marianne, d’avoir partagé votre combattivité, votre indignation, votre capacité à transformer le monde.

Et je souhaite saisir cette occasion pour vous redire, au nom de l’association Marianne, combien nous avons été heureux de vous rencontrer et fiers d’avoir pu vous accueillir en France et vous accompagner au long de ces derniers mois.

Nous savons que tout n’a pas toujours été facile, mais espérons que les rencontres et les activités qui vous ont été proposées et continuerons à l’être dans les prochaines semaines auront nourri vos réflexions et vos projets ; vous auront permis d’élargir vos réseaux afin de donner une nouvelle résonnance à vos combats – ce qui est la vocation profonde de l’Initiative.

Soyez assurées de la détermination de l’Association, de tous les partenaires - Etat, collectivités locales, organismes et associations de défense des droits humains et de l’accueil, personnalités engagées – à rester pleinement mobilisés jusqu’au terme du programme fin août, et au-delà bien sûr.

Je souhaite du reste remercier ici toutes celles et ceux qui, nombreux, ont contribué à votre accueil et en particulier les membres de l’Association :

-        le Ministère de l’Europe et des Affaire étrangères, sous l’impulsion et avec le très fort investissement personnel de l’ambassadrice pour les droits de l’homme, Delphine Borione et ses équipes, Thomas Piana, Audrey et Stéphanie,

-        La DIAIR sous la direction du préfet Alain Regnier et la mobilisation de son directeur de cabinet et trésorier de l’association, Jérome Medelli, ainsi que d’Augustin Rogy qui la fait vivre au quotidien et Léa Robert;

-        le Barreau de Paris, en particulier Anne Souleliac, secrétaire générale de l’Association,

-        Adoma, qui a assuré l’hébergement et l’accompagnement logistique des lauréates ;

-        Le groupe SOS, qui a assuré l’organisation des activités des lauréates et l’accompagnement de leurs projets ;

-        la Plateforme pour les droits de l’Homme,

-        Agir ensemble,

-        Coallia,

-        la Fondation le Refuge,

-        Forum réfugiés Cosi,

-        France Terre d’Asile,

-        Habitat & Humanisme,

-        les Villes de Nantes et de Toulouse,

-        le Collège de France à travers le Programme Pause, que j’ai la chance de diriger ;

-        Sciences Po ;

Ainsi que les autres, nombreux, que je ne peux tous citer.

Chère lauréates, quelle que soit la voie que vous choisirez pour l’avenir, soyez assurée que l’Association Marianne s’emploiera, comme elle l’a fait jusqu’ici, à vous accompagner au mieux jusqu’à la fin du programme et au-delà.

Nous espérons vivement pouvoir maintenir des liens étroits avec vous et favoriser à travers un réseau d’alumni la création d’une communauté de solidarité et de partage avec les futures promotions.

Quelques mots pour conclure sur les perspectives.

Nous travaillons d’ores et déjà à la préparation de l’accueil de la nouvelle promotion de lauréates et de lauréats - car nous revenons au principe de mixité, avec bien sûr avec la recherche de la parité, mais aussi toujours de la diversité des origines géographiques et des combats.

L’Association est encore jeune, toujours en construction, et nous poursuivons donc notre travail de configuration en particulier la mise en place du processus d’évaluation et de sélection des candidatures en lien étroit avec l’ensemble des membres et du comité de sélection.

L’appel à candidatures va être diffusé très prochainement, courant juillet pour une clôture début septembre. Le processus de sélection et la préparation de l’arrivée des lauréates se dérouleront à l’automne, et l’annonce officielle des résultats est prévue pour le 10 décembre, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’Homme afin de permettre une arrivée de la nouvelle promotion en janvier 2023.

A moyen terme, il nous faut également continuer à développer et à renforcer la qualité de l’accompagnement au regard de l’expérience de cette première promotion et grâce aux retours francs et constructifs des lauréates, qui nous ont permis et nous permettront d’améliorer et d’adapter au mieux nos propositions et réponses aux besoins et aux attentes.

L’avenir c’est également la poursuite de l’ouverture de l’Association à de nouveaux adhérents déterminés à s’engager et à se mobiliser pour l’accueil et l’accompagnement des lauréats et lauréates : nous saluons l’adhésion il y a quelques semaines du groupe SOS et de Sciences Po.

Nous espérons vivement – et comptons bien – pouvoir accueillir de nouveaux membres le Préfet Regnier en a mentionnés quelques uns) ou associer à nos actions les organisations qui seraient prêtes à s’engager dans cette si belle et nécessaire Initiative.

Et au-delà, nous avons l’ambition d’inscrire l’initiative Marianne comme programme de référence d’accueil des défenseurs des droits humains au niveau international, avec la mise en place de partenariats et collaborations avec des initiatives partageant ces mêmes missions et valeurs.

Ouverture et échanges donc avec les partenaires au niveau national et international, mais aussi avec les lauréats et lauréates des autres programmes d’accueil des défenseurs des droits et des libertés, tels que PAUSE ou Répit, dont certains sont présents parmi nous.

De nombreux chantiers donc encore devant nous pour renforcer notre action et répondre avec exigence à l’ambition de l’Initiative Marianne d’incarner la politique des droits de l’homme de la France, en ces temps où les droits humains sont en régression dans bien des régions du monde, y compris dans certaines grandes démocraties, et jamais acquis, y compris dans notre pays.

Mesdames, vous en avez été les premières figures de cette politique et montré la voie, que bien d’autres – l’Association Marianne s’y consacrera – pourront emprunter.

Mes derniers mots, comme les premiers, seront des remerciements : à nos hôtes, Mme la Bâtonnière, M. le vice-bâtonnier, et organisateurs, le barreau de Paris, aux intervenants et intervenantes, en particulier les lauréates, à Caroline Broué, qui a animé cette matinée, ainsi qu’à vous toutes et tous qui êtes venus nombreux aujourd’hui.

Je vous remercie.

Références

  1. Nagham Nawzat : la gynéco des rescapées yézidies
  2. Ce peuple, dont les représentants ont la réputation d’être des «adorateurs du diable» en raison d’une religion différente de l’islam classique, a beaucoup souffert dans l’Histoire.[9]
  3. En chemin vers la prison d'Adra . Témoignage. Amnesty International
  4. Le barreau de Paris constate que la situation des avocats turcs et des magistrats n’a cessé de s’aggraver https://www.avocatparis.org/actualites/avocats-poursuivis-emprisonnes-et-tortures-en-turquie-basile-ader-demande-leur / Turquie : une avocate emprisonnée meurt après 238 jours de grève de la faim https://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/turquie-une-avocate-emprisonnee-meurt-apres-238-jours-de-greve-de-la-faim_4087047.html
  5. En Turquie, des prisons géantes construites pour accueillir les opposants au pouvoir https://www.la-croix.com/Monde/En-Turquie-prisons-geantes-construites-accueillir-opposants-pouvoir-2021-08-09-1201170103