Procès des attentats du 13 novembre 2015 - Le Live Tweet - Semaine TRENTE
Retrouvez sur cette page tous les tweets du procès issus des Live tweets de @ChPiret Charlotte Piret et @sophparm Sophie Parmentier ; elles suivent ce procès pour France Inter et nous ont donné l'autorisation de compiler leurs tweets dans un objectif de consultation et archivage.
Semaine TRENTE
Jour 110 – Mardi 12 avril – Auditions de M. Amri, H. Attou et A. Oulkadi, sur leur aide à Salah Abdeslam après les attentats
Jour 110 au procès des attentats du 13 Novembre Cette semaine, la cour interrogera pour la dernière fois les accusés. Aujourd'hui, M. Amri, H. Attou et A. Oulkadi, sur leur aide à Salah Abdeslam après les attentats.
Jour 110, l'audience reprend. Sans l'accusé Krayem, représenté par ses avocats. L'accusé Mohammed Almi se lève dans son box. Chemise blanche.
Le 13 Novembre, Mohammed Amri explique qu'il a repris le boulot au SAMU social de Bruxelles, "j'étais tellement content", dit-il d'une voix lente. Le président veut savoir quand il a appris qu'il "se passait quelque chose à Paris" ?
Mohammed Amri a du mal à se souvenir quand il a su qu'il y avait des attentats à Paris. "Mon épouse m'a appelé à 23h11" se souvient-il néanmoins. Il dit que c'est les fadettes qui l'ont aidé à retrouver un peu la mémoire...
Le timing est essentiel. Car c'est à 22h31 que Salah Abdeslam l'a appelé une première fois, durant quatre minutes. La cour se demande ce que savait alors M. Amri des attentats à Paris ?
Mohammed Amri résume cet appel de 22h31, durant 4 minutes : "C’est là où mon cauchemar commence Monsieur le président, je le savais pas encore. C’est là où Salah Abdeslam me dit qu’il a fait un sale crash, qu’il faut que je vienne le chercher"
Amri lui dit que ce n'est pas possible, qu'il bosse au SAMU social. Salah Abdeslam le rappelle à 22h38. "C'est là où il m’a dit y avait pas quelqu'un d’autre ? C’est là je me suis dit Attou il est au quartier. Il m’a dit donne-moi son numéro"
Et Mohammed Amri envoie le numéro de Hamza Attou à Salah Abdeslam à 22h40 ce
Le président Périès se demande pourquoi Abdeslam a appelé Mohammed Amri en 1er. Connaissait-il son numéro par coeur ? Amri : "Encore aujourd'hui, je sais pas pourquoi il m’appelle moi. Peut-être il se rappelait de mon numéro Faut dire monsieur le président, j'ai un numéro facile"
Amri demande au président s'il connaît son numéro ? Pour prouver qu'on le retenait facilement. Le président le lit sur une feuille : 32 486 977 ect Eclats de rires dans la salle, car le numéro n'est pas du tout simple à retenir.
Nouvel appel à minuit six. Cette fois, Amri reconnaît qu'il est au courant des attentats. Amri reconnaît même qu'il "un peu inquiet", mais vers 2h30, il prend la route pour "Châtillon" où est Salah Abdeslam.
Amri prétend qu'il ne savait pas que Châtillon était en région parisienne. Qu'il a tapé le nom de la ville dans le GPS, c'est tout. Attou à côté de lui. Et qu'ils ont juste suivi le GPS. Sans savoir qu'ils allaient près de Paris. Selon Amri.
Mohammed Amri, d'une voix lente : "A aucun moment on a fait le lien entre les attentats et Salah Abdeslam tout simplement. Président Périès : Et vous le faites quand ? Amri : Ben à 5h du matin, quand on le récupère à Châtillon"
A Châtillon, Amri se souvient que devant le Mac Do, Salah Abdeslam, "il arrive à pied, il reconnaît la voiture, il est sorti de nulle part, il est monté"
Président : "Qu’est-ce qu’il vous dit en arrivant dans la voiture ? Mohammed Amri : En fait quand il est arrivé dans la voiture, c’est là où il nous a dit qu’il nous a menti, qu’il y avait pas de crash, qu’il nous a fait venir pour le ramener à Bruxelles"
Mohammed Amri : "Avant tout ça, il avait une grosse doudoune. Il s’est débarrassé de sa doudoune" (jetée dans une poubelle, avec le gilet explosif).
Mohammed Amri : "Il nous dit qu’il fait partie des 10 personnes qui ont fait les attentats. Il était agité, stressé, énervé, c’était pas le Salah Abdeslam que je connaissais du quartier"
Mohammed Amri : "Et voilà, c’est dur d’en parler monsieur le président parce que ça me fait rappeler des moments dificiles quand même mais je vais essayer d’en parler parce que c’est important. Président : C'est sûr..."
Mohammed Amri : "Il nous parle d’attentats-suicides et de fusillades, c’était le choc pour nous, je tiens à préciser. Il nous dit que son frère s'est fait sauter, il nous dit que lui-même voulait se faire sauter mais que ça n’a pas fonctionné, c’était choquant"
Amri raconte Salah Abdeslam : "Il a même pleuré, il parlait en pleurant et en criant. Il nous a dit qu'il était rentré dans un café, mais il n’y avait que des jeunes et il ne s’est pas fait exploser. Par la suite il nous a dit que sa ceinture n’avait pas fonctionné"
Président : "Il a dit qu'il voulait venger son frère ? M. Amri : Ou ses frères, c’est ce qu’il a dit…"
Président : "Pourquoi vous lui avez pas dit tu descends de la voiture ? Amri : On était tétanisés, monsieur le président. J’étais choqué, monsieur le président, quelqu'un du quartier vous parle d’attentats suicides, de ceintures explosives, j’avais peur"
Président : "Vous aviez peur de quoi ? Amri : Moi dans ma tête, je me dis il faut que je m’éloigne de lui… Président : Ça vous est pas venu à l’idée de lui dire tu descends, je te ramène pas … Amri : Non"
Amri qui affirme que Salah Abdeslam n'était pas armé dans la voiture. Il n'avait donc pas été menaçant avec une arme. Mais Amri se dit tétanisé et roule vers Bruxelles, Salah Abdeslam à l'arrière.
Ils sont contrôlés plusieurs fois. A chaque fois, repartent. Le nom de Salah Abdeslam n'est encore pas sorti. Les policiers ne le traquent pas encore. Au 2e contrôle, Abdeslam sourit. Amri lui aurait dit : "c'est pas bien ce que vous avez fait"
Amri : "J’en ai profité pour lui dire un mot, je lui ai dit c’est pas bien ce que vous avez fait, il m’a dit ferme ta gueule, qu’est-ce que tu connais à la religion ?"
Et arrivés à Bruxelles dans la matinée, Amri laisse sa voiture (sa Golf qu'il chérit tant) à Attou (qui n'a pas le permis) et Attou va partir avec Abdeslam. Le président s'étonne.
Le président s'étonne car Amri a tant répété qu'il chérissait tellement sa voiture et qu'elle était tout pour lui -cette voiture qu'il a achetée à Brahim Abdeslam, pas totalement remboursée.
Président : "Vous vous dites au revoir ?" Mohammed Amri : Il me dit on va se jamais se revoir, t’inquiète pas !"
Question de la 1ère assesseure : Elle se demande pourquoi il a pris tous ses risques pour se rendre en France le soir du 13 Novembre ? Amri répond qu'il a entendu Abdeslam pleurer au téléphone, et "un pote nous a demandé de l'aide et on est parti pour l'aider, voilà c'est tout"
Et Amri : "De toute façon, même si Salah il aurait été à Paris, je serais parti le chercher" Car il répète qu'il ne pensait pas que Châtillon (à côté de Paris) n'était pas Paris.
Mohammed Amri parle d'une voix lente, si lente. Même débit, mêmes hésitations à chaque interrogatoire. On se demande par moments s'il a beaucoup de mal à s'exprimer ou s'il fait exprès de prendre vraiment son temps pour répondre.
Amri répète à la 1ère assesseure qu'il était tétanisé quand Abdeslam lui dit qu'il est impliqué dans les attentats. Il a l'impression que la cour prend ce mot à la légère. "Peut-être vous arrivez pas à comprendre, peut-être vous comprendrez jamais ce qu’on a vécu" dit-il.
Le président puis la première assesseure lui disent qu'ils essayent de le comprendre.
Amri : "Je me suis senti manipulé, il m’a menti. Oui je savais que Salah il m’a mis dans la merde, oui j’avais compris ça. Aujourd’hui, je regrette madame l’assesseure"
La 1ère assesseure ironise sur "cet ami-là qui vous met dans cette situation", Salah Abdeslam... Mohammed Amri : "Ben aujourd'hui, je lui en veux, oui. Il a volé plus de six ans de ma vie"
La 2e assesseure lui demande s'il a pensé le trajet retour jusqu'à Bruxelles à dénoncer Salah Abdeslam en arrivant. Amri n'y a pas pensé. Il dit qu'il regrette. Surtout de n'avoir pas parlé à sa femme qui lui aurait conseillé d'aller voir la police, dit-il.
N. Braconnay, avocat général du PNAT demande quand il a vu Abdeslam la dernière fois. "La dernière fois, c'est quand je lui ai prêté ma Golf", trois jours avant le
N. Braconnay note que Mohammed Amri a dit que Salah Abdeslam n'était pas un ami mais "un pote". Pourquoi Abdeslam connaissait par coeur son numéro alors ? Amri redit que son téléphone facile à retenir. Rires à nouveau, "on n'a pas compris le moyen mnémotechnique" rétorque l'AG.
L'avocat général qui ressort plusieurs auditions. 1ère : "C'est moi qui ai demandé à Attou d'aller chercher Abdeslam Une autre : "J’ai utilisé mon GPS vers Paris" Une autre encore : "Avant que je sois au courant des attentats, j'avais dit que j’allais chercher Salah Abdeslam"
N. Braconnay du PNAT note toutes les versions différentes, "vous faites des déclarations difficiles à croire !" Amri répond que c'est à cause des enquêteurs belges. L'AG lui fait remarquer qu'une des auditions devant le juge français en présence de son avocate Me @NegarHaeri N. Braconnay du PNAT note que c'est la 1ère fois que M. Amri dit qu'il était "tétanisé". Première fois qu'il emploie ce mot. "Je disais choqué" avant réplique Amri.
N. Braconnay note aussi qu'Amri a décrit devant la cour un Salah Abdeslam autoritaire qui le "tétanisait", mais "vous aviez dit qu'il s'était endormi" Amri rétorque que Abdeslam dort après, mais avant il l'a "tétanisé"
Mohammed Amri répète ce mot "tétanisé, terrifié, choqué, tétanisé, tout ce que vous voulez monsieur l’avocat général".
Et l'avocat général lui demande pourquoi quand ils font un stop dans une station-essence avec Attou et qu'Abdeslam fait une pause aux toilettes, "pourquoi vous ne l'avez pas laissé en plan et redémarré ?" Amri dit qu'il regrette de pas l'avoir fait.
Mohammed Amri : "J’ai rien à me reprocher à 100% dans cette affaire. A part l’avoir ramené de Châtillon à Bruxelles, j’ai rien à me reprocher".
Et l'audience est suspendue pour une première pause.
L'audience reprend avec des questions d'avocats de parties civiles. Me Topaloff ouvre le bal et lui fait remarquer que lors de sa 1ère garde-à-vue, il a couvert Abdeslam "en disant à la police que vous l'avez déposé à Molenbeek alors que vous l'avez déposé à Laeken".
Il reprend l'avocate en riant, en lui disant : "Faut être précis, maître !" sur un détail. "Je ne vous le fais pas dire !" renchérit le président Périès, qui aurait aimé plus de détails de M. Amri.
Me Topaloff : "Notre souci, M. Amri, vous nous donnez l'impression d'être un homme soumis, on peut dire gentil, mais soumis à quoi, aux frères Abdeslam ?"
Et elle revient sur une phrase de Salah Abdeslam (lors d'une sonorisation en prison) qui parlait d'Amri comme d'un "pur", venu le chercher à Paris. Me Topaloff insiste sur ce terme : pur.
Amri répond que "c'est une expression belge" ! "C'est comme wesh, quand vous dites wesh en France, vous comprenez ?" "Non", répond Me Sylvie Topaloff dans son élégante robe d'avocate avec un joli brushing, pas du genre à dire "wesh".
Me @Gerard_Chemla enchaîne, s'étonne que Amri qui disait vouloir s'éloigner vite de Salah Abdeslam attende finalement 20 minutes à Bruxelles qu'il revienne de chez le coiffeur (où il a changé de coupe) avant de donner les clés de sa Golf. Attou conduira Abdeslam en Golf.
Amri s'énerve un peu contre @Gerard_Chemla , lui reproche d'avoir mal parlé à son épouse quand elle avait témoigné. Amri : "C’est pas parce qu’on gagne des millions qu’on peut être condescendant"
Amri qui devient insolent avec les avocats de parties civiles qui défilent. A Me @catherineszwarc : "Je peux répondre ou vous parlez toute seule. Parce que là, vous parlez dans le vide. C’est des questions bidons maître, excusez-moi" Le président le reprend.
A un autre avocat de parties civiles, Amri répond qu'il a déjà répondu à cette question -le président confirme. Amri, à cet avocat aux cheveux blancs : "Vous étiez en train de dormir, maître !" Amri a les yeux rieurs. "Avec tout le respect que je vous dois maître !"
Me Olivia Ronen, avocate de Salah Abdeslam : "Qu'est-ce qu'il vous dit du 13 Novembre ? Amri : Ben il me dit qu’ils étaient à 10, il voulait se faire sauter, il nous dit qu’il est entré dans un café, y avait que des jeunes, et qu'il a renoncé, je confirme"
Me Ronen : -"Est ce qu’il vous parle de cibles ? Amri : -Non -De personnes impliquées ? -A part son grand frère impliqué dedans, non. -Est-ce qu’il vous parle du Bataclan ? -Non"
Me @NegarHaeri avocate de Mohammed Amri se lève et dit d'abord sa colère, à propos des questions à son client, questions par exemple : "Pourquoi Salah Abdeslam connaissait votre numéro par cœur"...
Me @NegarHaeri avocate de Mohammed Amri : "On vous pose des questions sur des choses qui sont imputables à vous, c’est quelque chose que me met en colère M. le président. C’est l’un des drames, M. Amri je vous le dis, de la situation qui est la vôtre"
Mohammed Amri : "C’est comme si vous me dites je prends mon billet pour la prison, quoi"
Me @NegarHaeri note intelligemment que s'il y avait "une espèce urgence, vous seriez allé chercher Salah Abdeslam avant la fin de votre travail, et vous avez continué votre travail jusqu’à 2 heures du mat'"
Me @NegarHaeri qui demande à son client s'il condamne les attentats ? "J’ai condamné les attentats et je les condamne encore", il dit qu'il les a condamnés au début du procès .
Mohammed Amri : "Je les condamne avec toute fermeté maître et d’ailleurs je l’ai dit sur le trajet à Salah Abdeslam"
Me @NegarHaeri revient sur ce voyage d'Amri pour aller chercher son "pote" Abdeslam. "Pourquoi y a pas un moment donné où vous freinez ? Parce que nous qui sommes très rationnels, qui voyons les choses 7 ans après, jamais on aurait fait comme ça !"
Et puis elle lui demande d'expliquer ce comportement "soit vous pardonnez, soit vous oubliez", notant quand dans ce box, à ce procès, Amri rigole souvent avec son voisin de box Salah Abdeslam
Mohammed Amri : "C’est vrai que pendant 6 ans de détention, j’appréhendais ce jour-là, le procès, je l’attendais, mais d’un autre côté, je savais pas comment gérer ça, je lui en voulais à mort, c’est à cause de lui que je suis là..."
Mohammed Amri : "Dès le moment où il a composé mon numéro de téléphone, il savait qu’il allait me mettre dans la merde. Mais il me demande pardon tous les jours. La semaine dernière encore il m'a demandé pardon".
Amri qui note que 7 mois de procès, "c'est dur, parfois on rigole", les seules personnes avec lesquelles il parle alors qu'il est à l'isolement. "C'est votre seul moment récréatif", résume son avocate Me @NegarHaeri consciente que le mot peut être choquant "mais c'est la vérité"
Me @NoguerasXavier autre avocat d'Amri pose quelques questions au bout desquelles Amri dit : "Les victimes vivent un cauchemar à vie et je leur souhaite de tout mon cœur de réussir à s'en sortir. Moi, le 14 novembre, à cause de lui j’ai perdu ma liberté"
Amri se rassied. Hamza Attou arrive à la barre. Attou est l'un des 3 accusés à comparaître librement sous contrôle judiciaire. Petit pantalon gris, pull marine, cheveux en brosse, le benjamin des accusés de ce procès
Il a 28 ans.
Le président Périès lui demande ce que lui a dit Abdeslam au téléphone. "Ben il me dit qu’il a eu un accident et que sa voiture elle est en panne et qu’il faut venir le chercher. Je lui dis clairement que j’ai pas de véhicule, que j’ai pas de permis"
Président : "Ça vous empêchait pas de conduire ! Attou : C'est vrai, je vais être honnête avec vous, monsieur le président, mais en Belgique" Il ne se voyait pas conduire sans permis en France.
Le président veut savoir quelle direction ils prennent ? Les panneaux Paris, dit Attou.
Attou affirme qu'il n'était pas au courant qu'il y avait eu des attentats quand il a pris la route avec Amri. Amri qui ne lui aurait rien dit. Attou : "Je vais vous dire par rapport à l’actu, moi avant je m’intéressais pas à ça, j’en discutais pas, vous comprenez"
Le président veut savoir si #Abdeslam lui a dit où il était avant qu'Attou parte le chercher. Attou répète que comme il n'avait pas trouvé la voiture, Abdeslam ne lui donnait pas encore l'adresse. Puis le ton monte.
Le président : "Mais à ce moment il vous dit où il est ? Hamza Attou : Mais non j’ai même pas trouvé la voiture encore il va pas me dire il est où ! Le président insiste. Attou s'énerve : Vous voulez que je vous dise oui alors ?
Le président Périès : "Vous vous calmez ! Hamza Attou, un peu énervé à la barre : Ben je suis calme ! Le magistrat, sur le ton de la colère : On dirait pas !"
Et la colère retombe. Président : "A quel moment vous vous rendez compte que vous êtes dans la banlieue parisienne ? Attou : Ben, je me suis jamais rendu compte"
Le président lui demande comment était Salah Abdeslam quand ils l'ont récupéré ? Attou : "Il avait une veste-capuche, fermée, ben déjà il est pas lui-même, il est pas celui que j’ai connu, il est transpirant en sueur, il respire fort, il était pas lui-même"
Hamza Attou : Salah Abdeslam a dit "qu’il était le 10e des commandos, qu’il a participé aux attentats, que son frère il allait le venger"
Hamza Attou raconte le trajet retour Châtillon-Bruxelles. Ils passent trois barrages de police. Attou dit qu'il avait peur de mourir à chaque contrôle, Salah Abdeslam étant à l'arrière.
Hamza Attou : "Je voulais me faire arrêter aussi, mais j’avais pas la force et le courage de le dénoncer comme l’a fait madame "Sonia". Moi j’avais 21 ans"
Lors d'une ancienne audition, l'une des premières, Hamza Attou avait dit que Salah Abdeslam "tenait une mitraillette". Président : "Vous êtes revenu là dessus je crois" "Oui oui, ça c’était pas vrai" avoue Attou. Qui reconnait avoir dit des mensonges.
Hamza Attou s'est donc retrouvé seul avec Abdeslam à Bruxelles quand Amri les laisse avec sa Golf. Attou : "Salah il disait qu’il voulait pas aller sur la commune de Molenbeek, mais Laeken" Abdeslam va acheter un jeans et chez le coiffeur
Président : "Pourquoi vous restez avec lui ? Attou : Monsieur c’est pas aussi simple. Ben pour moi même s’il m’a pas menacé, le climat était menaçant, c’était pas un climat normal, moi j’aurais jamais pu avoir la force de partir de moi-même, s’il m’avait pas dit de partir avant"
Et le président l'interroge sur l'accusé Oulkadi, qui les a retrouvés ensuite. Oulkadi qui devait être interrogé aujourd'hui aussi, mais le sera plus tard vu l'heure. Courte suspension, et l'audience reprendra avec d'autres questions pour Hamza Attou.
L'audience reprend avec des questions de la 1ère assesseure. Attou avoue qu'il avait dit à des enquêteurs belges des choses "déformées".
Hamza Attou : "Vous savez, le mot terrorisme, moi je le connaissais pas avant 2015. Moi quand j'entendais le mot attentat, ça m'alarmait pas plus que ça, parce que je savais pas ce que pouvait faire un attentat"
Une assesseure s'étonne que Hamza Attou ait accepté de partir en région parisienne en pleine nuit. Attou : "Ben moi je suis un bon vivant, c’est dur à entendre maintenant, mais moi au début quand j’y vais, c’est dans une bonne intention"
Hamza Attou : "Non mais moi j’assume ce que j’ai fait. Même aux enquêteurs, le coiffeur, c’est moi qui le dis de la propre bouche". Son avocate @DelphineBOESEL opine de la tête sur son banc.
N. Braconnay, avocat général revient sur l'argument donné par Attou pour expliquer qu'on a fait appel à lui pour l'aller-retour Bruxelles-Châtillon : parce qu'il avait de l'argent.
Hamza Attou : "C’est moi qui paye l’essence, les péages, les clopes, les cafés, les croissants"
Attou qui dit à un moment à la barre que Salah Abdeslam avait une réputation de "cogneur"
Son avocate @DelphineBOESEL fait projet sur grand écran les deux petits téléphones Nokia à 20 euros de Hamza Attou pour montrer que ce n'était pas des smartphones et que c'est crédible qu'il n'ait pas été informé des attentats du 13 NovembreL'autre avocate de l'accusé Attou, Me Delphine Paci, du barreau de Bruxelles, se lève à son tour pour des questions. "Enchanté !" dit Hamza Attou à la barre.
Attou qui redit à la barre qu'il a lavé la Golf de Amri le 14 novembre, ainsi que lui a demandé Salah Abdeslam. Puis il raconte qu'il va chez ses parents. "Je leur avais menti, je leur avais pas dit que j'allais en France chercher quelqu'un, mais que je dormais chez un ami"
Le 14 novembre Attou rentre chez ses parents, "j'étais pas moi-même", il ressort "voir un ami", et se fait interpeller dans le métro, "ils m'ont mis un sac sur la tête, c'était du jamais-vu"
Et il s'est retrouvé dans le bureau de la juge Panou avec son avocate Me Paci.
Me Paci lui demande son sentiment 7 ans plus tard. Hamza Attou, 28 ans : "Je ressors malgré tout quand même grandi, parce que j’ai mûri, j’ai appris pas mal de choses. J’agirai autrement maintenant dans ma vie maintenant, c’est sûr".
Et l'audience s'achève sur ces mots pour ce soir. Compte-rendu web à suivre.
Jour 111 – Mercredi 13 avril – Audition de Salah Abdeslam pour son dernier interrogatoire sur les faits
Bonjour à tous, Aujourd'hui, c'est le 111e jour d'audience au procès des attentats du 13 Novembre 2015. C'est aussi le jour des interrogatoires de Salah Abdeslam et Mohamed Abrini (alias l'homme au chapeau). Derniers interrogatoires sur le fond de ces accusés.
L'audience débute. "Monsieur Oulkadi, venez à la barre s'il vous plait", demande le président à l'accusé qui comparaît libre et dont l'interrogatoire qui était prévu hier a été décalé à aujourd'hui en raison de l'heure tardive de fin d'audience.
Ali Oulkadi, pull et pantalon sombres, a été en contact avec l'accusé Hamza Attou dans la nuit du 13 Novembre : "ces contacts c'était essentiellement pour des stupéfiants". Hamza Attou dealait en effet du cannabis dans Molenbeek.
Ali Oulkadi est l'un des trois accusés qui a véhiculé Salah Abdeslam après les attentats du 13 Novembre 2015. En l'occurrence, il l'a transporté d'un quartier de Bruxelles à l'autre, à son retour en Belgique le 14 novembre.
Ali Oulkadi s'est d'abord inquiété de ne plus voir Brahim Abdeslam qu'il fréquentait quotidiennement. "Mais à aucun moment, je n'ai pensé à un attentat", s'écrie l'accusé à la barre. Ce n'est que le lendemain, en voyant Salah Abdeslam à Bruxelles "qu'il m'a dit pour Brahim".
Le 13,Novembre 2015, Ali Oulkadi est dans un café. A la télé est diffusé le match de foot. "Puis j'ai vu des gyrophares et marqué "Paris", mais j'ai pensé à un vol, un braquage ..." Président : "et vous pensez qu'on va faire une émission spéciale pour un vol à Paris ?"
Le 14 novembre, Hamza Attou, alors en présence de Salah Abdeslam appelle Ali Oulkadi depuis un phone shop. Ali Oulkadi : "je suis encore au lit, je joue avec ma fille. Il m'appelle me dit de venir à Bockstael. Moi je pense que c'est pour des stupéfiants".
Président : "et il ne vous dit pas qu'il est avec Salah Abdeslam?" Ali Oulkadi : "non rien" En arrivant au rendez-vous, il découvre Salah Abdeslam : "directement, je vois à son visage qu'il y a quelque chose qui va pas. Je m'attendais à une mauvaise nouvelle, je pense à Brahim".
Ali Oulkadi : "je demande [à Salah Abdeslam, ndlr] : "il est où Brahim ?". Mais il me dit "chut, on va parler dans un café". Je trouve ça bizarre. Il nous dit de laisser nos téléphones dans la voiture, je trouve ça encore plus bizarre. Mais bon, j'ai envie de savoir"
Ali Oulkadi : "dans le café, [Salah Abdeslam] me dit que Brahim est mort, qu'il a participé aux attentats. Et, je suis désolée si ... mais moi j'ai senti quelqu'un en détresse à ce moment-là. Il me dit : "je suis dans la merde, les appartements, tout est à mon nom".
Ali Oulkadi, ému, peine à livrer plus de détails : "monsieur, le président, j'ai même du relire mes dépositions parce que c'est assez flou. Je me souviens surtout de la phrase : "Brahim, il est mort, il a participé à tout ça". Ça, ça m'a marqué.
Ali Oulkadi : "après [Salah Abdeslam] a commencé à me poser des questions sur ce que j'avais vu dans les médias. Il me demande combien d'assaillants sont morts. Et mes réponses semblent pas lui convenir. Il me dit : "t'es sûr ? t'es sûr?"
Président : "quand [Salah Abdeslam] vous dit qu'il était à Paris, vous posez plus de questions." Ali Oulkadi : "peut-être, mais j'en ai pas le souvenir" - vous n'en avez pas le souvenir ? Vous comprenez que c'est compliqué à concevoir, ça. - je vous promets
Ali Oulkadi: "je lui pose la question "tu vas faire quoi maintenant?" Il me dit "est-ce que tu peux me déposer à Anderlecht ?" Il monte côté passager, je prends la direction d'Anderlecht. Mais il me dit de tourner à gauche." Finalement, il le laisse dans le quartier de Schaerbeek"
Ali Oulkadi : "à ce moment-là, [Salah Abdeslam, ndlr] me dit adieu, il me dit que je vais plus le revoir. On s'est fait une accolade, deux accolades même. Il nettoie la voiture et la poignée et puis il s'en va."
Président : "on a vu sur une vidéosurveillance que vous vous arrêtez puis vous repartez dans l'autre sens. Et que donc vous n'êtes pas allé jusqu'à la planque de la rue Henri Bergé à Schaerbeek." Mais l'ADN d'Ali Oulkadi a été retrouvé sur une fourchette dans cette planque.
Ali Oulkadi : "j'aurais pu y aller, j'ai déjà été dans des appartements avec des potes. Mais là non. Et j'ai même pas envie de savoir où se situe la rue Henri Bergé ... et encore moins la maison [où se trouvait l'une des planques de la cellule terroriste, ndlr] en elle-même".
Président : "pourquoi Salah Abdeslam vous appelle vous et vous implique?" Ali Oulkadi : "si on m'avait pas appelé ou si j'avais pas répondu, je ne serais pas en face de vous. Cette question me hante. Je suis dans ce procès comme tout le monde, moi aussi j'attends des réponses".
Interrogé au sujet de sa relation avec Salah Abdeslam, Ali Oulkadi : "j'aimais bien sa présence, le défier aux échecs par exemple, mais on ne se fréquentait pas. On s'appelait pas pour se voir, par exemple". Ali Oulkadi était plus proche de l'aîné, Brahim Abdeslam.
1ere assesseure : "vous vous rendez-compte que vous êtes en train d'aider quelqu'un qui est impliqué dans les attentats de Paris" Ali Oulkadi : "à aucun moment, je me dis que je suis en train d'aider un terroriste. J'avais l'impression d'avoir une personne en détresse."
1ere assesseure : "vous êtes interpellé quand?" Ali Oulkadi : "le 22 novembre" - entre le 14 et le 22 novembre, vous pouvez nous décrire dans quel état vous êtes?" - c'est une semaine floue pour moi. Mes proches me disent : "ça se voyait que t'étais pas bien".
Ali Oulkadi : "des fois, j'arrivais à me convaincre de me rendre. Mais je repoussais. Je me disais : je vais y aller le soir, puis le lendemain. Mais j'ai pas eu la force. J'étais à deux doigts de le dire à mon frère et je sais qu'il m'aurait emmené au commissariat. Je regrette."
Ali Oulkadi : "j'avais peur. Je pense à mes enfants, mes parents, tout ça. Je me rendais pas compte de l'importance des informations que j'avais."
Ali Oulkadi évoque "la dernière fois que j'ai vu Brahim Abdeslam" : une banale soirée où ils ont "joué aux cartes, toujours le même jeu". Puis, la soirée continue dans un bar mais Ali Oulkadi repart en voiture. "Je lui ai fait aurevoir", il agite la main, "et voilà".
Ali Oulkadi : "je sais que j'ai mal réagi, je ne me reconnais pas. D'habitude, je suis quelqu'un qui analyse bien les situations." Assesseure : "et aujourd'hui, en ayant réfléchi ?" - j'aurais réagi au quart de seconde. Mais à l'époque, j'étais pas prêt.
Ali Oulkadi :"pour moi, un terroriste c'est Ben Laden. C'est ça l'image que j'ai à ce moment-là. Et là, je vois Salah, le petit du quartier, toujours souriant, sympathique. Et je me dis qu'il est dans la merde, que tout ça le dépasse. C'est ce que je pense à ce moment-là"
Nicolas Braconnay, avocat général : "Brahim Abdeslam, vous avez dit que c'était votre meilleur ami" Ali Oulkadi : "non ..." - Ah vous l'avez dit plusieurs fois ! - non, c'était l'un de mes meilleurs amis. Mais mon meilleur ami, celui à qui je me confie c'est mon cousin Mohamed.
Ali Oulkadi : "Salah Abdeslam, j'ai ressenti qu'il avait mis les pieds dans un truc qui le dépassait. Mais à aucun moment une quelconque revendication ou fierté. Mais quand j'entends qu'à Amri et Attou il a dit qu'il avait une ceinture, je me dit qu'il la joué un rôle devant moi"
Ali Oulkadi : "si vous saviez à quel point je m'en veux, à quel point je regrette. Je demande des excuses à tout le monde, principalement aux victimes. Avec le recul, bien sûr que je me rends compte : j'ai transporté un type qui a participé à un massacre de 131 personnes."
Ali Oulkadi : "j'aurais pu faire qu'il soit arrêté plus vite. Mais sur le coup, j'avais peur ..." Nicolas Braconnay (avocat général): peur de quoi? de Salah Abdeslam? - non, après j'ai eu peur de lui. Quand j'ai vu qu'il était impliqué, je me suis dit : "il sait où j'habite ..."
Ali Oulkadi : "mais sur le coup, j'avais surtout peur d'être mêlé à cette histoire en fait".
Ali Oulkadi : "avant les attentats, Brahim Abdeslam fréquentait beaucoup un gitan. Et on s'inquiétait. On lui disait : "arrête de fréquenter ce gars-là, tu vas être dans la merde". Sans nouvelles de Brahim, Ali Oulkadi pense donc qu'il est mêlé à une affaire avec ce "gitan"
Ali Oulkadi, la voix tremblante : "si je me retrouve ici à cette barre, si j'ai fait 31 mois de détention, si ma vie a été gâchée ce jour-là, si je n'arrive pas à me reconstruire depuis, c'est uniquement à cause de Salah et Brahim Abdeslam. Et ça, je voulais qu'il l'entende."
Ali Oulkadi au sujet de Brahim Abdeslam : "c'est difficile de se dire que pendant un an, le gars prépare des attentats, il va aller tirer sur des gens sur une terrasse alors que lui-même était propriétaire d'une terrasse. C'est insensé. Je leur en veux énormément."
Me Dosé, avocate d'Ali Oulkadi : "votre épouse a dit à la barre "tant qu'il me le disait pas, pour lui ça existait pas vraiment". Ali Oulkadi : "oui, je pense que je ne voulais pas l'accepter. Je me disais : "ça va passer ..." On ne va pas faire le lien avec moi."
Me Dosé : "c'est votre dernière interrogatoire. Qu'est-ce que vous vous voulez dire ?" Ali Oulkadi : "je repense à l'audio diffusé il y a deux semaines dans le Bataclan où on entend les tirs, ça m'a glacé le sang. J'imagine ce qu'elles ont pu vivre."
Ali Oulkadi : "je voudrais remercier du fond du cœur les parties civiles qui viennent me dire bonjour, me demander comment ça va. Qui me font sentir que je suis Ali. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me faire chaud au cœur, ça me fait ma journée."
Ali Oulkadi : "je ne mérite pas qu'on m'a traité de terroriste pendant des années. J'ai souffert. J'ai rien demandé de tout ça. Et en plus, j'ai embarqué avec moi mes parents : mon père, la première fois qu'il est venu me voir en prison, il avait perdu la moitié de son poids."
Fin de l'interrogatoire d'Ali Oulkadi. L'audience est suspendue avant l'interrogatoire de Mohamed Abrini, annonce le président.
L'audience reprend après la pause avec l'interrogatoire de Mohamed Abrini, alias "l'homme au chapeau" des attentats de Bruxelles. "Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs de la cour", entame Mohamed Abrini, invité à s'expliquer sur la nuit du 12 novembre.
Ce 12 novembre 2015, Mohamed Abrini revient de région parisienne où il a accompagné les commandos terroristes dans ce qu'il a lui-même appelé "le convoi de la mort". Il rentre dans la nuit à Bruxelles. "Le lendemain, je vais à mon restaurant, puis signer le bail d'un appartement"
Le soir du 13 Novembre 2015, Mohamed Abrini va dans un bar "regarder le match". "Et je vois sur les écrans de télé les attentats de Paris". Président : "et là, vous comprenez ..." - Oui, bien sûr. Mais je suis étonné, les appartements avaient été loués pour une semaine.
Mohamed Abrini : "je suis dans un état que je ne sais pas expliquer. Donc je sors du café et je marche." Le président : "vous allez où ?" - je ne sais plus exactement. Je dois être au quartier ... "
Le président rappelle à Mohamed Abrini qu'il a déclaré avoir rencontré Mohamed Bakkali le 13 Novembre 2015 "J'ai été interrogé des millions de fois, j'ai dit beaucoup de bêtises. On m'a posé tellement de question sur Mohamed Bakkali alors que je le connais même pas !"
Mohamed Abrini est ensuite pris en charge par le reste de la cellule terroriste resté à Bruxelles et les rejoint dans la planque de la rue Henri Bergé à Schaerbeek. "On reste deux-trois semaines dans la planque. C'est un peu agité par rapport aux événements et Abaaoud je pense"
Président : "il vient de se passer les attentats, il y a de nombreuses victimes. De quoi vous parlez ?" Mohamed Abrini : "on parle de ça. Ils parlent de scinder le groupe pour ne pas tous rester dans un appartement. C'était un peu le bordel dans l'appartement"
Président :"Osama Krayem et Sofien Ayari reviennent de Schiphol, ils vous parlent de ce qu'il s'est passé ?" Mohamed Abrini : "je ne les connais pas. Je me doute qu'il va se passer des choses. Mais je ne sais pas quoi. En plus Krayem, il parle anglais et arabe. Moi pas ..."
Pendant son interrogatoire, Mohamed Abrini se frotte les yeux à plusieurs reprises. "Monsieur le président, ce serait pas possible de baisser un peu la luminosité parce que j'ai des problèmes aux yeux ..." Le président tamise l'éclairage du box. "C'est mieux ?" - oui, merci.
Mohamed Abrini évoque l'arrivée de Salah Abdeslam dans la planque, à son retour de Paris : "il était épuisé, blanc. Je vous dis la vérité : moi j'étais très content de le voir. Je pensais à sa mère que je connais très bien."
Mohamed Abrini au sujet de Salah Abdeslam : "Ibrahim El-Brakraoui l'a engueulé. Il lui a dit : "pourquoi t'as pas pris un briquet ou une clope pour te faire exploser ?" Il l'a engueulé, ça a duré 10 minutes. J'essayais d'arranger un peu la situation. Puis il est parti dormir."
Le président : "s'il l'a engueulé comme vous dites c'est parce que Salah Abdeslam a dit que sa ceinture n'avait pas marché ?" Mohamed Abrini : "c'est la version hollywoodienne que les médias nous servent. Mais le gars, il a pas osé le faire, c'est tout. La vérité, elle est là."
Mohamed Abrini au sujet de la renonciation de Salah Abdeslam : "un homme, il peut douter. Moi aussi, j'ai montré des signes de radicalisation mais je savais au fond de moi que je peux pas aller tuer des gens. Je pense que je ne suis pas le seul comme ça".
Mohamed Abrini : "moi le djihad 1.0, j'adhère. Aller combattre. Donc, oui, je montrais des signes extérieurs faisant croire que j'étais à fond. Mais en fait non. Et l'histoire se répétera pour le 22 Mars "
Le président lit un extrait du testament de Mohamed Abrini retrouvé dans une planque. Il y est question du "châtiment d'Allah" pour la France. Mohamed Abrini : "des récits similaires, vous pouvez en trouver sur Internet. Et dans les caches, il y avait des exemples"
Assesseure s'étonne que Mohamed Abrini soit parti à Paris "avec une telle somme" (autour de 300 euros) alors qu'il prévoyait, selon lui, rentrer en train. Mohamed Abrini : "j'ai déjà marché en rue avec 100 000 euros en poche ! - à ben super ! - oui, mais je vous parle d'avant.
Mohamed Abrini explique que quand il quitte la région parisienne, Abdelhamid Abaaoud lui "donne un numéro de téléphone pour que je réintègre la cellule à Bruxelles. Mais je le jette". Alors, le 13 Novembre 2015 au soir, l'un des membres de la cellule vient le récupérer.Camille Hennetier (avocate générale) : "lorsque vous arrivez dans la planque, vous découvrez tout le matériel nécessaire à la fabrication de TATP" Mohamed Abrini : "c'est Najim Laachraoui qui a préparé ça rue Henri Bergé. Et quand ça a été prêt, ils ont mis ça dans des valises"
Mohamed Abrini à nouveau au sujet de son testament : "ce n'est pas quelqu'un de convaincu qui a écrit ça. Je sais que je ne vais pas commettre des attentats. Si ça correspondait vraiment à ce que je pensais, ce serait quelqu'un qui a Paris ou Bruxelles aurait été jusqu'à la mort"
Mohamed Abrini au sujet des entraînements en Syrie : "le mot entraînement me fait rire. Ils scotchaient des chargeurs 2 par 2 pour arroser, je suis désolé pour les victimes, il n'y a pas besoin d'entraînement pour ça. Vous pensez qu'ils visaient les gens ? Ils arrosaient quoi."
Camille Hennetier (avocate générale) :"vous dites que vous n'êtes pas capable de tuer des gens et on vous garde dans la cellule et on vous prévoit pour le 22 Mars " Mohamed Abrini : "pourquoi ça vous étonne ? Par rapport à des livres ou des films que vous avez vus je pense"
Fin des questions de l'avocate générale. "Les parties civiles", annonce le président. "Monsieur le président, l'interrompt Mohamed Abrini, "je ne répondrai pas aux parties civiles. Je suis arrivé à un point où j'ai répondu tout ce que je pouvais répondre."
Mohamed Abrini : "il y a des avocats [de parties civiles, ndlr] qui se lèvent ... parfois ils n'ont aucune question, ils veulent juste se voir à l'écran ou je ne sais pas. Donc je ne répondrai à aucune question. Je peux m’asseoir ?" Le président : "ils sont debout ..."
Mohamed Abrini reste debout. Me Sylvie Topaloff se lève : "le 13 Novembre au soir, vous dites que vous êtes surpris de voir que les attentats arrivent si vite. Mais quand vous voyez les cibles, vous êtes surpris ?" Elle poursuit avec d'autres questions. Silence de Mohamed Abrini.
Me Constance Dewavrin, se lève à son tour : "le choix que vous faites de cesser de répondre aux questions quand on arrive aux avocats de parties civiles, cela revient à dire aux parties civiles que vous refusez d'échanger avec eux. Attention à l'effet de mode ..."
Mohamed Abrini dans le box : "je n'ai rien contre vous, mais chaque fois qu'un avocat va se lever, il va essayer de me convaincre ... mais je ne répondrai à aucune question."
Les questions des avocats de parties civiles se poursuivent, mais Mohamed Abrini ne veut "pas faire d'exception". Et continue donc à se taire. Mais le président reprend la parole, pour une question qu'il avait oubliée.
Président : "est-ce que vous avez été surpris des cibles choisies ?" Mohamed Abrini : "bien sûr, je suis fan de football, j'ai joué en club. J'allais dans des bars. J'ai été à des concerts, pas le même style de musique, mais quand même. Donc oui, j'ai été surpris."
Me Orly Rezlan, avocate de Mohamed Bakkali : "quand vous avez quitté l'appartement de Schaerbeek, c'est quand il a été décidé que ce n'était plus un lieu sûr ?" Mohamed Abrini : "c'est ça ..." - est-ce que vous avez vu Mohamed Bakkali ? - je l'ai vu dans aucune cache.
Mohamed Abrini : "ça vaut ce que ça vaut, mis je tenais à présenter mes excuses. Ça me dépasse. Encore aujourd'hui, je ne comprends pas tout ce qu'il se passe. Avant, même dans la guerre, il y avait des règles à respecter. Je n'ai même pas les mots. Il y a trop de colère en moi."
Fin de l'interrogatoire de Mohamed Abrini. L'audience est suspendue avant le dernier interrogatoire de la journée, celui du principal accusé, Salah Abdeslam.
L'audience reprend pour l'interrogatoire de Salah Abdeslam. Dans le box, il essaie d'ajuster son micro : "si vous m'entendez pas, dites-le moi". Président :"c'est bien, si on doit vous entendre, c'est que vous comptez vous exprimer ..." - oui, je vais m'exprimer aujourd'hui.
Salah Abdeslam : "si j'ai fait usage de mon droit au silence, c'est parce que je ne me suis pas senti écouté. Après, je comprends que l'exercice qui est le vôtre et celui de la cour n'est pas un exercice facile."
Salah Abdeslam : "j'ai l'impression que depuis le début, les gens ne veulent pas accepter qui je suis vraiment. On a cette image qui a été faite de moi dans les médias, qui ne correspond pas à qui je suis. Et cela dérange. Donc je vais m'exprimer et essayer de faire le maximum."
Président : "si je comprends bien, vous êtes d'accord pour vous exprimer, y compris sur les jours qui ont précédé le 13 Novembre 2015 ?" Salah Abdeslam : "il a des choses sur lesquelles je vais pouvoir m'exprimer. Et je le ferai"
Président : "à quel moment avez-vous été au courant du projet des attentats ?" Salah Abdeslam : "à partir du moment où je vais rencontrer Abdelhamid Abaaoud le 11 novembre"
Salah Abdeslam : "mon frère m'avait expliqué son séjour en Syrie, quelques mois après son retour. Il va m'expliquer ce qu'il a vu là-bas. Je vais garder cette information-là. Je vais réfléchir et je vais lui demander de me trouver un passage pour que je puisse aller en Syrie."
Salah Abdeslam : "après, il [Brahim Abdeslam, ndlr] m'explique que c'est risquer de partir, que les combats là-bas font rage. Et que c'est mieux de l'aider à travailler. Et travailler c'est quoi ? C'est de l'aider à aller chercher des personnes [les membres des commandos, ndlr]"
Salah Abdeslam : "puis, il revient vers moi et me dit "tu dois te mettre l'idée dans la tête qu'à un moment, il faut que tu sois prêt à partir [en Syrie, ndrl]. Moi, je vais continuer ma vie normalement et attendre le feu vert pour partir. Mais tout va changer".
Salah Abdeslam : "je vais rencontrer Abdelhamid Abaaoud et me raconte le projet de faire des attaques en France. Il me dit pas les cibles, simplement que je devrai porter une ceinture explosive et me rendre dans un endroit pour me faire exploser. C'était un choc pour moi"
Salah Abdeslam : "je fais comprendre que je suis pas prêt pour ça, mais il [Abdelhamid Abaaoud, ndlr] va finir par me convaincre et moi je vais accepter. Après, j'ai réfléchi et j'ai senti que j'étais pas vraiment prêt pour ça ... Et ensuite, il y aura les attaques."
Salah Abdeslam : "je vais sortir vers l'objectif qu'on m'a donné. Je vais me rendre dans un café dans le 18e, je vais commander une boisson. Je vais regarder les gens autour de moi. Et je me dis : je vais pas le faire. Là, je vais prendre la voiture, j'étais dans un état ..."
Salah Abdeslam : "je savais pas quoi faire. J'ai roulé avec la voiture. Et là voiture est tombée en panne, elle s'est arrêtée. Je me suis mis sur le côté, j'ai pris peur parce que j'ai vu une voiture de police passer et comme j'étais mal garé, j'ai essayé de la redémarrer."
Salah Abdeslam : "alors, je suis sorti de la voiture et j'ai marché. Après, c'est un petit peu confus : j'ai acheté un téléphone, j'ai pris un taxi et j'ai jeté la ceinture explosive. Mais sur la chronologie, je ne sais pas ce que j'ai fait en premier. C'est un peu confus."
Salah Abdeslam : "j'appelle Mohamed Amri. Pourquoi j'appelle Mohamed Amri à ce moment-là ? Parce que c'est le seul numéro que j'ai en tête. Et celui de ma famille, mais je peux pas appeler ma famille. Alors je vais insister. Je vais être un peu autoritaire."
Salah Abdeslam : "je vais lui dire que je suis dans la merde qu'il faut qu'il vienne. Quand je vois qu'il est ferme et qu'il me dit qu'il travaille, alors je vais appeler Hamza Attou puis mon cousin [à Paris, ndlr] qui me dit :"il y a les attentats". J'ai dit : "ah bon?"
Salah Abdeslam : "j'ai pris un taxi. Je me dis qu'il faut que je me débarrasse de la ceinture [explosive, ndlr], je trouve un endroit qui m'a l'air un peu discret. J'enlève ma ceinture, le bouton poussoir, la pile. Je la cache du mieux que je peux, pour pas qu'on la retrouve".
Salah Abdeslam : "je vois des jeunes, je demande s'il y a un endroit où je peux dormir. Un jeune me dit qu'il y a un immeuble où la porte est toujours ouverte. Je vois un Quick [en réalité, un MacDo, ndlr]. J'ai pas faim, mais je sais que je dois prendre des forces."
Salah Abdeslam : "et après j'attends que [Mohamed, ndlr] Amri vienne me chercher. Voilà ce que je peux vous dire sur le fond, monsieur le président."
Le président insiste : "vous ne saviez pas qu'Abdelhamid Abaaoud était en Belgique ?" Salah Abdeslam : "il faut comprendre que moi je suis pas allé en Syrie. Je l'ai connu avant, on a fait les 400 coups. Mais après, lui il a changé. Donc l'amitié qu'on avait, elle existe plus"
Salah Abdeslam : ["Mohamed, ndlr] Abrini a dit que je devais partir en Syrie comme Ahmed Dahmani. Mais pas en même temps que lui, ça n'a jamais été le cas. J'avais pas de projet avec Ahmed Dahmani. Et puis Abdelhamid Abaaoud va me convaincre ..."
Salah Abdeslam : "les avocats de parties civiles m'ont dit : "les victimes sont prêtes à tout entendre", donc je vais tout dire. Quand je vais à Bobigny [dans la planque, ndlr]. Moi, je suis pas au courant du Bataclan. Je suis au courant de ce que je dois faire moi, c'est tout"
Salah Abdeslam : "même mon frère [Brahim Abdeslam, ndlr], je sais qu'il a une ceinture explosive, une kalachnikov. Mais je ne sais pas sa cible." Président : "vous savez pour les terrasses ?" - non - une salle de concert ? - non - le Stade de France - oui, ça je sais …
Salah Abdeslam : "au départ ce n'était pas moi qui devais déposer [le commando, ndlr] au Stade de France. Après ça a été décidé que ce serait moi. Le matin, je suis parti avec mon frère et il m'a montré le café dans le 18e où je devais me faire euh ... faire mon action"
Salah Abdeslam sur son désistement selon lui le 13 Novembre 2015 : "je roule, je stationne la voiture, je rentre dans le café. Je m'installe, je commande une boisson. Je réfléchis, je regarde les gens, je comprends que je vais pas le faire. Je reprends la voiture, je roule."
Salah Abdeslam interrogé sur l'attentat du Stade de France : "tout ce que je sais c'est que je devais les déposer au Stade de France et qu'ils devaient se faire exploser." Président : "qui donne les instructions ? Abdelhamid Abaaoud? - et Brahim [Abdeslam, ndlr] est à côté
Salah Abdeslam au sujet de son retour en Belgique : "je m'exprime très peu dans la voiture, je suis dans un état que j'ai jamais connu dans le passé, un état où il y a une absence de discernement à un moment. Et je crois que c'était aussi l'état de Amri, Attou et Oulkadi."
Président : "dans la voiture, vous leur dites que vous voulez venger votre frère ?" Salah Abdeslam : "non, je n'ai pas dit ça. Ça n'a pas de sens. Mon frère a fait une oeuvre... une opération martyr pour venger des frères musulmans. Mais je ne sais pas s'il est allé jusqu'au bout"
Salah Abdeslam explique avoir été surpris en entendant les informations sur les attentats : "moi je ne connais que ceux qui étaient dans la planque à Bobigny [pas le commando du Bataclan, ndlr]. Donc quand je vais entendre un nombre supérieur à ce que je sais, je comprends pas"
Président : "il n'y a pas de raison particulière pour aller dans le sud?" Salah Abdeslam : "non, je dois bouger. Je dois pas attirer l'attention. Je suis dans l'imprévu. Total".
Salah Abdeslam, lorsqu'il retrouve ses copains venus le chercher de Bruxelles et se confie sur les attentats : "j'ai vu moi en eux la sidération. Ils ne savaient pas quoi faire, quoi dire. Ils étaient sans voix".
Salah Abdeslam rejoint Bruxelles, véhiculé par Mohamed Amri et Hamza Attou. Il rejoint alors le reste de la cellule dans une planque de Bruxelles et là, affirme que sa ceinture n'a pas fonctionné "J'avais pas n'importe qui en face de moi, mais je ne veux pas m'exprimer sur ça"
Salah Abdeslam au sujet de la nuit du 13 Novembre 2015 : "je suis perdu. Je ne sais pas quoi penser. Je prends conscience de l'ampleur des événements. J'ai besoin de temps pour que les idées reviennent en place." Président : "quand il y a des dizaines de morts, c'est facile non ?"
Salah Abdeslam évoque les 3 contrôles dont ils font l'objet sur la route du retour de Paris, sur le deuxième barrage : "j'étais dans un état où je cachais ma peur, mais j'avais peur à ce moment-là. Les gendarmes étaient armés, il y avait beaucoup de pression."
Président : "il va y avoir un troisième contrôle ..." Salah Abdeslam : "oui, c'est là qu'une journaliste [de la RTBF, ndlr] va m'interviewer. Je vais répondre à quelques questions ...."
Salah Abdeslam parvient donc sans encombre à Bruxelles. "Et là, je suis désolé pour toi, Ali [Oulkadi, ndlr] mais je me dis que Mohamed Amri et Hamza Attou sont trop impliqués et donc je vais me servir de toi."
Salah Abdeslam : "quand je suis revenu en Belgique, ils s'attendaient pas à ce que j'arrive là [dans la planque de Schaerbeek, ndlr]. Je les mettais en danger et donc c'est pour ça qu'ils étaient en colère, parce que je suis venu là en prenant le risque de les griller."
Salah Abdeslam : "je n'ai pas l'expérience ni militaire, ni religieuse pour faire ce qu'eux [les autres membres des commandos, ndlr] ont fait. Ils avaient quelque chose que moi je n'avais pas. Cette détermination. Ils ont vu des choses que moi je n'ai pas vu ... "
Président : "vous êtes arrêté le 18 mars 2022. Quand vous êtes dans les caches, vous envisagez quel avenir ?" Salah Abdeslam : "j'ai toujours dans l'idée de partir en Syrie."
Salah Abdeslam : "mon arrestation a bousculé tous les plans". Président : "mais avant votre arrestation, il n'y avait pas un projet prévu?" - pas à ma connaissance. Je ne vous dis pas non, mais moi je ne savais pas. Bien sûr, la cellule fabriquait des choses [du TATP, ndlr]
Président : "dans la planque vous retrouvez Osama Krayem et Sofien Ayari qui reviennent de Schiphol ..." Salah Abdeslam : "je savais pas. Moi j'étais à Paris et je savais même pas pour le Bataclan. Je savais juste pour ma mission. Les autres, je savais pas".
Le président suggère "qu'on s'arrête là aujourd'hui car il est tard". Salah Abdeslam sourit : "avec moi, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Des fois je parle, des fois pas ...." Il se dit prêt à continuer aujourd'hui. "Il faudrait juste une datte pour rompre le jeûne à 20h45"
Interrogé à nouveau sur le projet terroriste, Salah Abdeslam insiste sur le fait qu'il ne connaissait pas "les cibles". "Je sais qu'il va y avoir des attentats, mais je sais que ma mission. Je sais que c'est une ceinture explosive que je dois porter mais c'est tout".
Première assesseure : "sur la route, vous ne discutez pas du projet, de ce que votre frère va lui-même faire ?" Salah Abdeslam : "le climat est très tendu. Assez froid. Abrini, il parle pas. Mon frère est à l'arrière, il envoie des SMS. Moi je suis concentré dans la conduite".
Salah Abdeslam toujours au sujet du trajet vers Paris, le 12 novembre 2015 :"on parle pas vraiment. Franchement, les combattants de l'Etat islamique ils parlent pas beaucoup. Et moi, je réfléchissais. Je pensais au fait que je devais me faire exploser."
Salah Abdeslam continue à répondre avec détails. A une question de l'assesseure, il répond toutefois : "j'ai donné des informations me concernant. Je pense que c'était utile. Mais je ne souhaite pas parler des autres, surtout que l'accusé est présent et il est dans le box".
Au sujet du bar dans lequel il était prévu qu'il se fasse exploser, "il était situé où?" interroge une assesseure. Salah Abdeslam : "je ne peux pas vous dire exactement. Mais c'était un bar pas très grand, sur un coin, et quand je suis entré, il y avait beaucoup de monde"
Salah Abdeslam explique être "parti un peu tard faire le repérage avec mon frère" dans la journée du 13 Novembre 2015. Une fois ce repérage effectué, ils rentrent à la planque de Bobigny. "Puis très vite c'est le départ".
Assesseure : "quand vous arrivez au Stade de France, le match a déjà commencé ..." Salah Abdeslam : "je pense qu'on a pris trop de temps pour faire le repérage avec mon frère. On est rentrés trop tard"
Sur la route vers le Stade de France, "je suis avec les deux Irakiens et Bilal Hadfi. Bilal Hadfi va me dire de freiner devant un night shop, il va acheter des briquets. Il m'en donne un. Je viens de me souvenir de ça." Ensuite, "je les dépose devant le Stade de France".
Salah Abdeslam au sujet de son renoncement : "il y avait des jeunes. J'ai vu ces gens danser, rigoler Après les victimes ont dit qu'elles étaient prêtes à tout entendre : j'ai renoncé par humanité, pas par peur. Ils étaient plus jeunes que moi, je ne voulais pas les tuer".
Fin des questions de la cour. Le président annonce : "on va arrêter là pour aujourd'hui, car cela fait quand même long. Et il va être 20h45 [heure de la rupture du jeûne, ndlr]".
"Demain, nous aurons les interrogatoires de Yassine Atar, Ali El Haddad Asufi et la suite de l'interrogatoire de Salah Abdeslam", annonce ainsi le président avant de suspendre l'audience.
Fin donc de cette incroyable 111e journée d'audience avec les longs, inédits et inattendus aveux de Salah Abdeslam.
Jour 112 – Jeudi 14 avril – Suite de l’audition de Salah Abdeslam pour son dernier interrogatoire sur les faits
Jour 112 au procès des attentats du 13 Novembre La cour va poursuivre l'interrogatoire de Salah Abdeslam qui hier, a livré un récit inédit sur le soir des attentats. "C'est ma vérité" a-t-il plusieurs fois répété.
Dans ce récit livré d'une voix presque douce, Salah Abdeslam a dit pour la 1ère fois qu'il était entré dans un café du 18e arrondissement de Paris, qu'il avait commandé une boisson, regardé les gens, jeunes, et qu'il avait renoncé à se faire exploser, "par humanité".
Cette parole de Salah Abdeslam, livrée d'une traite, était "un bloc de vérité" selon certains avocats de parties civiles comme Me Topaloff. D'autres comme Me Chemla se disent "sceptiques".
@Arthur_Dvx de @lifeforparis estime que c'est "une fable" pour "se dédouaner".
Aujourd'hui, les avocats généraux du PNAT et les avocats de victimes et de la défense poseront leurs questions à Salah Abdeslam
Mais d'abord, la cour interrogera les accusés Yassine Atar et Ali El Haddad Asufi. Ce qui est un peu étrange. Surprenant aussi que le dernier interrogatoire d'Abdeslam ait aussi commencé si tard hier soir, après 18h, vu la longueur de ce procès
Sonnerie. L'audience reprend. Sans l'accusé Krayem. Et Me @CJosseandavocat annonce une nouvelle constitution de parties civiles d'une personne qui se trouvait au Bataclan
Le président Périès appelle l'accusé Yassine Atar. "Bonjour". Ils enlèvent tous les deux leurs masques. Première fois pour le président depuis des mois. "En faisant attention aux voisins", prévient-il.
Yassine Atar, chemise blanche, mains dans le dos, et toujours son débit ultra-rapide se justifie sur un coup de fil passé à un logisticien du 13 Novembre après les attentats. "Je comprends pas bien cette question" dit-il au président.
Yassine Atar évoque une histoire de terrain au Maroc. Part dans ses explications en parlant si vite qu'on a du mal à tout suivre. Contre lui, peu d'éléments de preuves à charge. Il est le petit frère du commanditaire présumé Oussama Atar
Yassine Atar : "Monsieur le président, le 13 Novembre, j'ai eu peut-être 600 appels"
Le président note que le téléphone de Y. Atar borne comme les frères Bakraoui au moment où Abaaoud appelle du buisson où il se cache après les attentats du 13 Novembre Y. Atar dit qu'il travaillait au même endroit, d'où le même bornage, mais n'aurait pas rencontré les Bakraoui.
Le président lui demande s'il s'est rendu à proximité d'une planque ? Dans des explications alambiquées, en parlant à toute allure, Y. Atar explique que pas du tout.
Yassine Atar qui a des feuilles avec des notes près de lui dans son box. Mains derrière le dos, il les regarde entre les questions du président de la cour.
Le président lui parle de ce fichier trouvé dans l'ordinateur jeté dans une poubelle devant une planque. Le fichier "Yass" dans lequel un frère Bakraoui (logisticien et cousin de Y. Atar) remerciait dans un audio "Yass" pour ce qu'il a fait. "Moi j'ai rien demandé !"
Face à un avocat général du PNAT, Yassine Atar s'agace : "Vous utilisez beaucoup la téléphonie depuis le début de ce procès"
A l'avocat général qui lui pose une question en citant un de ses textes, "et vous continuez pas la phrase d'après ?" s'énerve-t-il, "parce que cette phrase-là, elle me tord le coeur !"
Et l'avocat général poursuit "vous écrivez ce "youpin" d'Hanouna, c'est votre façon de parler ?" Yassine Atar : "C'est peut-être une mauvaise façon, en plus je suis fan d'Hanouna, j'en rate pas une"
Et Yassine Atar dit que son surnom c'était pas "Yass" (surnom dans l'ordinateur retrouvé devant la planque belge) mais "Tease" ou "Yaya"
L'un de ses brillants avocats, Me @raphkempf projette sur grand écran des fichiers des appels téléphoniques de Yassine Atar sur les appels suspects. On voit qu'il parle de "chaudière" par exemple ou vente d'un terrain. Choses banales veut démontrer l'avocat.
Et on écoute un audio dans lequel il est question de "tuyau d'aspirateur pour la belle-mère" et on voit l'aspirateur couleur crème. Aspirateur au cœur d'échanges sms entre Y. Atar et l'accusé M. Bakkaki. "Je vais t'envoyer l'aspirateur..."
Aspirateur : nom de code ? Mais on voit bien les images d'un aspirateur dans les échanges WhatsApp entre Yassine Atar et Mohamed Bakkali.
Le tuyau d'aspirateur censé être destiné à la belle-mère d'un client au Maroc, qui aurait harcelé Atar avec cet aspirateur. Et Atar aurait demandé à Bakkali qui vendait aussi des friteuses. Président : "Et vous avez fini par l'avoir le tuyau d'aspirateur ?" Rires.
Après une courte suspension, la cour commence l'interrogatoire de l'accusé Ali El Haddad Asufi. Lui aussi porte une chemise blanche, cheveux gominés. "Le 13 Novembre, je regardais le match à la maison. J'ai regardé le match avec son frère".
Président : "Et vous êtes sorti avant la fin du match ? El Haddad Asufi : Oui, pour voir un ami. -Mais si vous regardiez le match ? -Oui mais à l'époque je vendais un peu de stup -Et ça pouvait pas attendre la fin du match ? -Non, il était un peu pressé"
Le président l'interroge sur le 15 novembre. A-t-il rencontré les coordinateurs des attentats ? El Haddad Asufi : "Non" Président : "Vous vous souvenez de ce que vous avez fait ?" "Non j'ai pas relu le dossier, je me souviens pas de ce que j'ai dit" répond l'accusé.
La cour l'interroge sur les 461 photos d'armes à feu sur une clé USB que El Haddad Asufi croyait destinée à la mère et belle-mère El Bakraoui et qu'il a consultée dans un point phone. "Vous croyez vraiment qu'elle lui était destinée ? Mouais", fait la cour.
Ce moment où @MeJonathanDeTa1 un des avocats de El Haddad Asufi lance : "Vous êtes schizophrène ou pas ?" L'accusé : "Non" L'avocat : "Moi je pense que vous êtes schizophrène et je suis curieux d'entendre la semaine prochaine les experts psychiatres à ce sujet"
Me @MeJonathanDeTa1: "On a un PV qui nous dit il vient d'une source policière autrement dit une balance"
Un peu plus tard, en réponse à son autre avocat Me @MartinMechin: "Non, mais y aussi des bons policiers en Belgique !" Et il estime que les enquêteurs qui travaillent sur les attentats du #22mars sont meilleurs que ceux du 13 Novembre
Suspension avant la reprise et la fin de l'interrogatoire de Salah Abdeslam
L'audience reprend. Président : "Bien levez-vous monsieur Abdeslam s'il vous plaît". Abdeslam se lève, tee-shirt bleu flashy.
Le président fait une observation : "Je respecte votre droit au silence mais si vous aviez donné des explications plus tôt"... en référence aux propos d'Abdeslam qui hier s'est plaint de son image dans la presse.
Salah Abdeslam prend le temps de répondre. Silence. Puis, d'une voix très posée : "C’est une très bonne question Monsieur le président. Je pense que les conditions dans lesquelles j’ai été arrêté après la cavale. La balle que j’ai pris dans la jambe. Ils m’ont opéré..."
Salah Abdeslam : "Au réveil ils m’ont emmené tout de suite chez madame Panou, bandeau sur les yeux. Et là encore je me suis expliqué quand même"
Salah Abdeslam revient sur son silence ensuite pendant 5 ans. "J’ai gardé le silence parce que je devais le faire. C’est une chose qu’on m’avait dite, moi j’étais dans les planques. On m’avait dit si tu te fais attraper, tu dois garder le silence. Une consigne que j’ai retenue"
Salah Abdeslam : "Après on a créé ce personnage, ce monstre, dépourvu d’humanité. J’ai laissé cette image grandir. Maintenant j’ai une opportunité de m’exprimer. C’est la dernière chance pour moi de m’exprimer. C’est une chance que j’ai et je la saisis."
La première assesseure reprend de précédentes auditions. Elle note qu'il n'a jamais parlé de la panne de la Clio avant hier durant l'enquête devant la juge Panou. Pourquoi ? Il disait juste qu'il avait déposé le commando du Stade de France
Et pourquoi n'avait-il pas parlé du bar dans lequel il devait se faire exploser ? Salah Abdeslam : "Je voulais pas m’incriminer en plus. Je voulais pas rajouter ce bar-là. J’essaye de le cacher en fait, surtout que personne le sait"
N. Braconnay avocat général du PNAT prend le relais : "Vous conviendrez qu’il y a un avantage à choisir le moment où on parle, on peut adapter ses nouvelles explications. Il nous est apparu que ces nouvelles explications collaient" à l'audience...
Ce que disait aussi hier au micro @franceinter
@Arthur_Dvx rescapé du Bataclan président de @lifeforparis
L'avocat général estime qu'il a évolué dans ses déclarations en disant hier qu'il effectuait un "travail" en allant chercher en Europe, les commandos de retour de Syrie, ce n'était plus "humanitaire" comme il le disait avant ? s'étonne le magistrat.
Salah Abdeslam : "Non, non, je n’ai pas évolué dans mes déclarations. J’allais chercher les personnes pour les raisons que j’ai expliquées précédemment"
Avocat général : "Vous nous aviez dit que vous ressentiez de l'adrénaline, pourquoi alors si humanitaire ?" Salah Abdeslam : C’est quelque chose d’illégal, en tout cas en Belgique, d'aller chercher des personnes qui reviennent de Syrie"
Avocat général : "Vous nous avez dit hier être recruté à Charleroi le 11 novembre pour les attentats mais il y a des incohérences" Il parle d'argent. Salah Abdeslam : "J'ai recruté mon compte pour faire des locations, pour l'appartement d'Alfortville par exemple"
Abdeslam : "C'est de l'argent qui provient de l'EI ? Avocat général : Vous le savez ? Salah Abdeslam, réfléchit, mains croisées devant lui : Oui"
L'avocat général note qu'il cesse d'utiliser sa ligne téléphonique la nuit du 10 au 11 novembre. Il est alors censé être au courant de rien, si Abaaoud le "recrute" le 11 novembre. Salah Abdeslam : "Je n'ai rien à répondre"
Salah Abdeslam qui dit qu'il n'a jamais pris de précautions pour louer les voitures, ect, ça s'est toujours fait comme ça"
Debout dans son box, Salah Abdeslam fait face à l'avocat général Nicolas Braconnay. L'accusé a la même voix douce qu'hier. Le magistrat l'interroge lui aussi avec un ton très tranquille, aucune agressivité.
Nicolas Braconnay du PNAT : "Est-ce que vous avez compris que vous étiez un remplaçant ? Salah Abdeslam : J'ai jamais entendu ça"
Avocat général : "Pourquoi ils vont faire appel à vous ? Salah Abdeslam répète qu'il n'a pas entendu qu'il était un remplaçant. "Moi je vois juste cette conversation avec mon frère et Abaaoud, il va me convaincre, je vais finir par accepter". De porter la ceinture explosive.
Et Salah Abdeslam dit : "Le fait que mon frère Abdeslam Brahim est là, je crois que ça a joué beaucoup. C’est pour ça que j’ai accepté"
Sur son frère, qui s'est fait exploser Comptoir Voltaire le 13 Novembre après avoir mitraillé les terrasses, Salah Abdeslam : "Je sais que mon frère va tirer sur des gens, se faire exploser. Ce que je sais pas c’est que des cibles ont été choisies, c’est ça que je sais pas"
L'avocat général l'interroge sur les repérages des cibles avec son frère, dont Salah Abdeslam a parlé hier. "On va sortir, on va marcher un peu, on va aller vers le Stade de France. Et ensuite on va reprendre le taxi, on va se diriger vers le 18e".
Avocat général : "Toujours avec le même taxi ? Salah Abdeslam : Non, on va changer de taxi. Et marcher un peu à pied"
Avocat général : "Au Stade de France, est-ce que vous entendez les premières explosions ? Salah Abdeslam : Non"
L'avocat général s'étonne du "coup de la panne de la Clio" qu'a sorti Abdeslam hier. "Est-ce que vous pouvez si vous vous souvenez la façon dont ça se passe ?" Abdeslam : "Exactement de la façon dont j’ai expliqué à monsieur le président"
Avocat général : "Il existe une vidéosurveillance. Lors de la manoeuvre, aucune précipitation n’est repérée. Salah Abdeslam : Si, il est abandonné au milieu de la chaussée et quand on voit comment il est stationné on voit directement qu’il y a un problème"
L'avocat général lui demande quelle adresse il a donné au taxi ensuite pour aller à Montrouge ? Comment savait-il qu'il allait à Montrouge ? Abdeslam : "Je lui ai demandé de rouler vers le sud AG : Pourquoi le sud ? Salah Abdeslam : Pour m’éloigner de Paris"
Salah Abdeslam : "Je veux quitter la zone rouge. Je file vers le sud, j’ai plus beaucoup d’argent, je regarde le compteur et je dis au taxi de s’arrêter. Je donne pas l’adresse de Montrouge" et il jette la ceinture explosive dans une poubelle.
N. Braconnay note qu'hier Abdeslam a dit qu'il ne savait pas qu'il était le "10e" des commandos parisiens. Or, Hamza Attou (arrêté le 14 novembre après avoir ramené Abdeslam de Montrouge) l'a dit aux policiers le 18/11/2015 en audition. "Il ne le sait que de vous"
Salah Abdeslam : "J'ai pas d'autres réponses à vous donner. N. Braconnay : Je note que vos réponses sont absolument incompatibles avec la réalité"
Nicolas Braconnay, avocat général du PNAT : "Je ne reviens pas sur est-ce que vous avez tenté d’actionner ce gilet ou est-ce que vous avez renoncé ? Pour vous je comprends que ça a une importance, pour nous l’accusation, non"
Précisons que les experts ont établi que le gilet était défectueux. On ne saura jamais si Salah Abdeslam a constaté qu'il ne fonctionnait pas ou s'il a vraiment choisi de renoncer à se faire exploser avant de l'actionner.
Nicolas Braconnay revient sur les paroles de l'accusé Oulkadi qui a vu Abdeslam le 14 novembre 2015 : "un homme en détresse". "Mais vous êtes en détresse pourquoi, on a l’impression que vous pleurez sur votre sort ?" "Oui, on peut dire ça", répond Salah Abdeslam
Camille Hennetier, avocate générale du PNAT note une incohérence. Elle estime que c'est "incongru" que Salah Abdeslam ait été missionné seul pour se faire exploser dans un café, alors que tous les autres commandos à 3 ? Et pas ce qui semblait prévu pour le
Salah Abdeslam : "Moi je pars tout seul pour faire une simple mission, me faire exploser dans un café. Moi j’avais pas d’arme, à part la ceinture explosive. Camille Hennetier : C’est incongru Abdeslam : Je comprends, mais c’est la vérité"
Salah Abdeslam : "Je vois pas moi quelle difficulté je pourrais avoir en vous disant que je vais me faire exploser dans un métro ou dans un café. Je vous dis la vérité"
Car le PNAT pense qu'Abdeslam aurait pu se faire sauter dans le métro. Dans l'ordinateur retrouvé dans une poubelle devant une planque, un plan avec des groupes, et le "groupe métro"
Salah Abdeslam : "Je suis rentré dans un café, j’ai commandé un verre au bar et je suis ressorti. Moi j’avais pas de mission pour le métro, c’est tout ce que je peux vous apporter comme explication"
Camille Hennetier : "Est-ce que vous en voulez à votre frère ? Salah Abdeslam : Non, je lui en veux pas, parce que c’est mon frère, il avait des convictions, il a été au bout de ce qu’il voulait faire et voilà, je lui en veux pas, c’est tout".
Me Seban, avocat de parties civiles, ton dur : il cite le calife Abou Bakr Al Baghdadi qui voulait faire "couler des rivières de sang" et demande un commentaire à Salah Abdeslam qui refuse de répondre à cette question.
Salah Abdeslam : "Moi je veux bien répondre sur le 13 Novembre je veux bien parler sur les faits parce qu’il y a des victimes qui veulent se reconstruire, mais je veux pas répondre aux commentaires de Al Baghdadi"
Me Seban : "Vous avez été capable de retrouver ce bar dans le 18e et vous n’êtes pas capable de nous dire où c’est ? Abdeslam : Je me suis repéré pourquoi ? Parce que j’ai fait le trajet juste avant, je me suis souvenu du chemin et j’ai même pas eu besoin d’utiliser le GPS"
Me Seban : "Mais vous aviez noté le nom du café ? Salah Abdeslam : Non, mais ça change pas grand chose. L'avocat de victimes : On a du mal à vous croire monsieur !"
Salah Abdeslam : "Aujourd'hui, c'est la dernière chance de m'exprimer. Si cette vérité ne vous convient pas, je m’en fiche en réalité. Je vais être égoïste. Celui qui veut l’entendre tant mieux, celui qui veut pas l’entendre tant pis. Me Seban : Vous restez le maître du jeu!"
Me Seban lui demande si l'objectif était de faire le maximum de morts ? Salah Abdeslam : "Moi mon objectif, était pas de faire le maximum de morts mais faire exploser ma ceinture dans un café c’est tout, faut comprendre que moi j’étais dans un état de sidération"
Me Seban : "Vous n’avez jamais pensé à empêcher ça ? Il suffisait d’appeler la police monsieur ! Salah #Abdeslam : Dans la position dans laquelle j’étais je pense pas. L'avocat : Vous auriez pu, on choisit toujours, monsieur! Abdeslam, ton las : Je vous l’accorde"
Me @catherineszwarc s'étonne si Abdeslam est allé dans un café, pourquoi personne ne l'a reconnu vu que son visage était ensuite diffusé partout ? Abdeslam : C’est une très bonne question"
Elle lui demande aussi pourquoi s'il a renoncé à tuer, il ne prévient pas la police ? Salah Abdeslam : "En fait, dénoncer à ce moment-là, c’est me dénoncer moi-même. J’essaye de sauver ma peau. Vous pouvez le comprendre, parce que je suis un être humain"
Me Reinhart lui demande s'il maintient le terme "humanité" qu'il a associé hier à son renoncement, terme qui a choqué des victimes précise l'avocat de @13onze15
"Je le maintiens" dit Salah Abdeslam
Me Frédérique Giffard demande comment les cibles des terrasses ont été choisies ? Abdeslam : "Je vous dis franchement, je crois que ça a été choisi au hasard. Moi je me pose beaucoup de questions, car dans les hadiths on dit aussi que dans la guerre faut pas tuer les femmes"
Salah Abdeslam : "Je pense que les plus aguerris sont allés sur les sites les plus difficiles. Moi, on m’a pas donné de kalach pour aller au Bataclan On m’a pas envoyé sur les terrasses."
Me @CJosseandavocat la seule avocate de victimes qui ait réussi à faire parler Salah Abdeslam le jour où il avait choisi d'exercer son droit au silence se lève. Il lui a souvent répondu plus volontiers qu'à d'autres.
Le jour où il avait exercé son droit au silence, elle avait réussi à établir un lien avec Abdeslam, en posant une liste de questions très humaines et il avait fini par lui parler.
Elle a une question la mort en martyr, comment a-t-il pu l'accepter entre le 11 et le 13 Novembre selon sa version ? Il répond un peu à côté. "Moi les opérations-martyrs de ce genre-là, j’avais même pas connaissance de ça, moi ce que je voyais c’était les combats de EI "
"C’est quand ça m’est arrivé que j’ai commencé à réaliser les choses en fait" poursuit Salah Abdeslam
Elle lui demande s'il ressent une culpabilité par rapport à "votre frère l’un va jusqu’au bout et pas l’autre ?" Abdeslam : Oui j’ai senti un sentiment de culpabilité, aujourd'hui on me traite de lâche parce que j’ai renoncé à me faire exploser"
Me Cerceau : "Vous allez renoncer mais vous allez regagner la cellule. Vous allez avoir plusieurs heures avant de regagner la cellule, est-ce que vous envisagez d’autres solutions que de vous rendre à la cellule ? Abdeslam : Non".
Abdeslam : "Pour dire la vérité, à ce moment-là, je pense à mon frère Abdeslam Brahim. Je pense à mes frères. Je pense à ma propre personne, pour sauver ma peau. J’ai dit que ma détresse augmentait quand le nombre de morts augmentait"
Me Cerceau, avocate de victimes : "Il y a 15 jours, vous avez vu des images de jeunes, de moins jeunes qui sont morts. Qu'est-ce que vous avez ressenti ? A quoi tout cela a-t-il servi ? Je sais que vous les avez regardées" Elle parle des images de la scène de crime au
Abdeslam : "Bien sûr, c'est difficile de regarder ça et dire que j’ai participé à ça, même si j'ai pas tué. Pour beaucoup de personnes ici, je suis la cause de tous ces décès"
Salah Abdeslam : "C’est un exercice difficile, les mots ne pourraient pas ramener les personnes parties, ne pourront pas non plus refermer les plaies. Mais je pense que les victimes qui ont témoigné sont ressorties plus fortes de toutes ces épreuves".
Salah Abdeslam : "Ils sont ressortis plus cultivés, plus forts et ont acquis des qualités qu’on peut pas acheter au surpermarché, et voilà ils ont tout mon respect". Plusieurs victimes se lèvent en entendant ces mots et sortent de la salle d'audience.
Me Cerceau, voix tremblotante, parle d'un de ses clients aux blessures invisibles et qui n'ose pas venir dans cette salle, "vous lui dites quoi à lui ?"
Salah Abdeslam : "Ce que je peux dire, je sais pas si les victimes que vous représentez ont de la ranceour ou de la haine envers moi, mais ce que je peux leur dire ne laissez pas la rancoeur vous dévorer de l’intérieur" Emoi sur des bancs de parties civiles.
Salah Abdeslam : "Vous êtes dans une position de force et moi de faiblesse, en position de pardonner et d’avncer et de nous donner peut-être la chance de retrouver ma famille, les personnes que je chéris" "Jamais !" crie une partie civile.
Le président le coupe. Salah Abdeslam : "Je m'excuse si j’ai froissé des personnes ici présentes. J'entends votre colère et votre haine". Atmosphère pesante.
Le président propose de suspendre. On sent que les choses pourraient dégénérer. Mais l'audience se poursuit. Et des avocats de parties civiles continuent à poser des questions. Abdeslam continue à répondre
A un moment, avec un petit sourire dans la voix, Salah Abdeslam dit : "Je ne cesse de surprendre"
Me @Gerard_Chemla lui demande s'il a été soumis son frère ? Salah Abdeslam : "Moi je ne suis pas soumis à qui que ce soit dans le box. Je ne suis soumis à personne à part mon seigneur"
Abdeslam qui dit "j'assume mes responsabilités" puis "c’est un combat de longue haleine. La France vise la coalition de l’EI et l’EI poursuit son combat jusqu’à la victoire qu’ils souhaitent"
Abdeslam : "En vérité c’est pas plus mal d’être en prison, parce qu’aujourd'hui, j’ai rien à me reprocher vis-à-vis de mes frères, j'ai fait ce que je pouvais, j’ai pas été jusqu’au bout certes, mais j’ai voulu les aider et j’en paie les conséquences"
Et l'audience s'achève à peu près sur ces mots. A travers la vitre de son box, Salah Abdeslam discute avec ses avocats, Me Olivia Ronen et Me @MartinVettes
L'interrogatoire de Salah Abdeslam se poursuivra demain. Compte-rendu web
@franceinter à suivre.
Jour 113 – Vendredi 15 avril – Suite de l’audition de Salah Abdeslam pour son dernier interrogatoire sur les faits
Bonjour à tous, 113e jour d'audience au procès des attentats du 13 Novembre ... et encore la suite de l'interrogatoire de Salah Abdeslam, resté à nouveau inachevé hier soir.
Aujourd'hui, suite donc de l'interrogatoire de Salah Abdeslam. Mais aussi ceux des accusés Sofien Ayari, Mohamed Bakkali et Osama Krayem.
L'audience débute avec la suite des questions des avocats de parties civiles à Salah Abdeslam. Me Truong. "Si vous aviez pu, vous seriez allé en Syrie ?" Salah Abdeslam, T-shirt gris à manches longues : "oui, je serais parti en Syrie. Pour ne pas revenir, en fait".
Salah Abdeslam : "ceux qui ont décidé de faire les attentats du;13 Novembre sont allés en Syrie, ils ont acquis une expérience religieuse et militaire. Ils ont vu des choses que moi je n'ai pas vu. Et ils se sont portés volontaires. C'est ça la différence entre eux et moi"
Salah Abdeslam : "j'étais dans une situation totalement différente de la leur. Moi j'ai été recruté 48h avant. On m'explique que j'ai loué des voitures etc. pour des attentats, je comprends dans quel engrenage je suis. Et donc je ne peux pas rentrer chez moi et reprendre ma vie"
Salah Abdeslam : "je vous ai expliqué pourquoi je ne l'ai pas fait ... je suis entré dans ce café, je ne vais pas réexpliquer ce qui dérange. Mais je n'ai pas eu la détermination, peut-être parce que moi je n'ai pas vu ces hommes et ces femmes, par terre, bombardés en Syrie."
Salah Abdeslam : "à titre personnel, moi je n'ai pas voulu tuer, c'est tout. Je n'ai pas voulu tuer."
Me Truong : vous connaissiez Paris ? Salah Abdeslam : "je venais souvent à Aubervilliers, j'avais des amis commerçants et je venais voir des grossistes chinois. Je dis ça sans rapport" - quoi ? - peut-être que vous êtes chinoise ? - chinoise et vietnamienne c'est pas la même chose
Suite des questions des avocats de parties civiles : "vous êtes fier de l'action de votre frère ?" Salah Abdeslam : "je ne veux pas commenter ça. Mais si vous dites que je suis un lâche parce que je n'ai pas actionné ma ceinture alors c'est vous qui dîtes qu'eux sont des héros."
"Vous êtes fier d'avoir renoncé ?" Salah Abdeslam : "oui, mais je vous avoue que dans le même temps, si j'avais actionné ma ceinture, je ne serai pas là aujourd'hui. L'être humain est comme ça : chacun se focalise sur sa propre souffrance. Moi aussi je suis un peu comme ça."
Salah Abdeslam : "dès fois, je me dis ... si tu l'avais actionnée, tu ne serais pas là aujourd'hui. Mais je me souviens des gens dans ce café là. Je ne dis pas que je suis un héros. Et je me dis que si ces gens ne sont pas morts ... je ne suis pas responsable de ça. "
"est-ce que vous considérez que ceux qui ont été au bout du processus ont fait quelque chose d’inhumain ?" Salah Abdeslam : "venir bombarder avec des avions etc, ce n'est pas plus civilisé que ce qu'a fait l'Etat islamique. Eux, ils font avec les moyens du bord, c'est la guerre"
Salah Abdeslam : "certes, je mérite ce qui m'arrive. Mais je n vais pas non plus payer pour tout le monde : pour ceux qui ont tué au Bataclan, aux terrasses, au Stade de France."
Salah Abdeslam : "je veux bien prendre mes responsabilités, mais ma responsabilité dans tout ça n'est pas aussi grande que ce qu'on a essayé de montrer toutes ces années. Je comprends la haine de victimes, mais ces elles-mêmes qui ont demandé que j'ai un procès juste."
Salah Abdeslam interrogé sur son état d'esprit avant les attaques : "Je suis indécis. Déjà à ce moment-là, je ne suis sûr. D'ailleurs, [dans la planque, ndlr] à Bobigny, je vais encore leur dire que je ne suis pas sûr. Mais mon frère va me galvaniser. Mais moi j'ai jamais tué."
Salah Abdeslam : "je suis rentré pour quoi dans ce café ? Pour l'actionner. Sinon, je ne serais pas rentré." "Vous avez dit que vous avez renoncé par humanité, qu'est-ce que vous entendez par là ?" - bah humanité. Regardez dans le dictionnaire.
Me Frédéric Bibal (PC) : "que pensez-vous de la stigmatisation dont souffrent les musulmans depuis les attentats du 13 Novembre ?" Salah Abdeslam : "ce sont des partis politiques qui essaient d'utiliser ça pour faire leur politique."
Salah Abdeslam : "mais les gens ici, que j'ai entendus à la barre, j'ai vu qu'ils étaient tolérants, ouverts d'esprit, c'est ça que j'ai vu. Et que les Français et les Françaises ne se résument pas à cette minorité qui stigmatise les musulmans."
Salah Abdeslam : "il y a des personnes ici dans le box qui ont renoncé une 1ere fois et une 2e fois. Si j'avais, comme vous le dites, actionné ma ceinture explosive et qu'elle n'avait pas fonctionné, j'aurais eu le courage d'utiliser un briquet pour l'actionner une 2e fois."
Alors que la même question lui est reposée pour la troisième fois, Salah Abdeslam répond "j'ai très bien compris votre question, je ne suis pas handicapé, je vous ai déjà répondu".
Me Bahu : "vous avez répété ici que vous n'aviez tué personne. Je me trompe si je dis que vous ne vous sentez pas responsable ?" Salah Abdeslam : "oui, vous vous trompez." - Vous vous sentez responsable ? - oui, bien sûr - au Stade de France, vous avez déposé des bombes humaines
"Comment vous voudriez qu'on se souvienne de vous ?" Salah Abdeslam : "je ne veux pas qu'on se souvienne de moi. Je veux être oublié à jamais. Mais je n'ai pas choisi d'être celui que je suis aujourd'hui."
Salah Abdeslam au sujet de Soraya M., qui a dénoncé Abdelhamid Abaaoud : "je suis un petit peu partagé : il y a cette part d'humanité qu'elle a eue, quand elle a dénoncé pour empêcher qu'il y ait des morts, mais ce qui m'a le plus embêté dans ça c'est qu'Hasna n'a rien fait"
Salah Abdeslam : "moi, toutes ces épreuves-là, j'essaie de sortir le meilleur de ces épreuves que je suis en train d'endurer."
Salah Abdeslam : "j'ai entendu à la barre une jeune fille qui a dirigé sa haine et sa colère dans ses études, pour être médecin. D'autres ont dirigé leur rancœur dans l'écriture. J'ai trouvé ça beau. C'est pour ça que certains sont sortis plus forts et cultivés de ces épreuves."
Salah Abdeslam : "c'est clair qu'il y a une part sombre dans cette histoire, mais il y a aussi une lumière qui jaillit et que j'ai vue dans les témoignages. Peut-être que je suis mal placé aujourd'hui pour dire ça, mais mon intention n'est pas mauvaise en le disant."
Me Chemla (PC) fait diffuser le reportage réalisé par des journalistes belges le 14 novembre à la frontière. Sans le savoir, ils ont alors interviewé Salah Abdeslam et ses copains venus le récupérer.
Dans cette interview (que vous pouvez entendre en suivant le lien ci-dessus), "on n'entend personne d'affolé, monsieur", indique Me Chemla. Salah Abdeslam : "vous avez compris à ce moment-là que je suis dans la dissimulation. Le but c'est de ne pas se faire prendre."
Salah Abdeslam : "la, on veut seulement échapper à la police. C'est humain". Me Chemla : "on s'aperçoit que tous les trois vous répondez aux journalistes en les baladant ..." - ils nous interviewent, on répond pour pas attirer l'attention. - vous avez un sang-froid remarquable
Place aux questions de la défense. Me Orly Rezlan : "Ibrahim El-Bakraoui, vous le connaissiez ? Salah Abdeslam sourit : "Bien sûr que je le connais. Ce n'est pas un ami, mais quelqu'un avec qui "on travaille". Quand je ramenais des personnes, c'est lui qui les prenait en charge"
Me Haeri sur l'interview de Salah Abdeslam, Mohamed Amri et Hamza Attou, réalisée à la frontière belge qui a été diffusée à l'audience : "le seul mot prononcé par monsieur Amri dans cette interview c'est le mot "franchement". Donc moi je veux bien qu'on tire des conclusions ..."
Le reportage est rediffusé pour qu'on puisse vérifier qui parle dans cette interview mêlée. Le président : "on va peut-être demander aux uns et aux autres qui parle, ça va être sympa". Mohamed Amri confirme : "moi j'ai juste dit "franchement ..."
Mohamed Amri : "à ce moment-là, Salah Abdeslam nous avait dit : "faites pas les flag"." Salah Abdeslam renchérit : "c'est moi qui lui ai dit les mots qu'il doit dire. Dans cette voiture, c'est-moi le maître de la situation."
Hamza Attou : "c'est moi qui dis "c'est un peu abusif", mais c'est une question de survie pour moi à ce moment-là. Parce que le 2e barrage, on est passé à "ça". Donc là, on répond. D'ailleurs la journaliste nous a même pas demandé l'autorisation, elle a juste tendu le micro".
Me Martin Vettes, avocat de Salah Abdeslam : "j'ai le sentiment que depuis trois jours que vous parlez, qu'il y a une forme de dialogue, c'est aussi votre sentiment ?" Salah Abdeslam : "oui"
Me Martin Vettes : "on vous reproche, c'est ce que l'avocat général a dit hier, d'avoir des déclarations qui collent au dossier et puis quand elles s'en écartent un peu, on vous le reproche aussi. C'est un peu compliqué." Salah Abdeslam : "oui, je partage."
Salah Abdeslam au sujet de son ex-fiancée : "quand j'ai décidé d'aller en Syrie, je lui fais un peu comprendre pour savoir si elle pouvait l'accepter. Alors que quand je vais chercher des personnes [membres des commandos, ndlr], je ne lui dis rien. Je sais que je dois rien dire."
Me Vettes interroge son client sur les trajets effectué pour récupérer les membres des commandos. "Vous saviez que c'était des membres de l'Etat islamique?" Salah Abdeslam : "oui, mais jamais je me suis dit que j'étais embarqué dans une cellule terroriste pour des attentats"
Me Vettes :"Bilal Hadfi se fait exploser plus tard, vous avez dit qu'il avait peut-être hésité ..." Salah Abdeslam : "j'ai dit ça ?" - oui - même si je dis quoi que ce soit, ce seraient des hypothèses et la vérité on la connaîtra pas. Et ce qui nous intéresse ici c'est la vérité.
Me Olivia Ronen s'avance à la barre et lance d'une voix dynamique : "bon, il faut se réveiller. Ok, Salah ?" "J'aimerais revenir sur votre projet d'aller en Syrie ..." Salah Abdeslam : "moi, je suis sûr et certain que je vais y aller, que c'est une question de temps."
Me Olivia Ronen : "et puis, un moment, ça se précipite. On vous dit : il va falloir partir [en Syrie, ndlr] ?" Salah Abdeslam : "on m'explique que j'ai loué des voitures, ramené des personnes, donc je risque une lourde peine. J'ai peur de ce qu'on est en train de me dire."
Salah Abdeslam, plus hésitant : "j'essaie de trouver les mots parce que je suis interrogé trois jours d'affilé, on est en état de jeûne, donc je suis un peu fatigué."
Salah Abdeslam : "je veux pas passer pour une victime. C'est juste que je savais pas que ça allait se passer comme ça. Si mon frère m'avait dit : "voilà, Salah, tu vas louer des voitures, aller chercher des gens pour commettre des attentats, jamais j'aurais accepté".
Salah Abdeslam : "Le Salah que j'étais, le train de vie que je menais, j'aurais pas accepté. Mais je me suis embarqué et petit à petit les choses ont évolué, jusqu'à ce que je me suis senti aculé. Je sais que c'est difficile à entendre, mais j'avais pas le choix. "
Me Oliva Ronen : "la rencontre avec Abdelhamid Abaaoud dans la nuit du 11 au 12 novembre est capitale. J'aimerais vous en demander un peu plus ..." Salah Abdeslam :"au départ, je suis pas chaud du tout. On m'explique que ce sera quelque chose de grand."
Salah Abdeslam : "on m'explique que ce sera grand de frapper la France en son centre, que beaucoup de femmes et d'enfants ont été assassinés par la coalition, que la France est un des pays les plus acharnés contre l'Islam, ne cesse d'insulter le prophète, rabaisser les musulmans"
Salah Abdeslam : "on m'explique que c'est le paradis qui m'attend si je fais cette œuvre-là. Mon frère Brahim va me dire : "ouais, tu es capable de le faire". Et je vous avoue qu'à ce moment-là, je ne parle pas beaucoup. J'essaie de dire : "je ne suis pas entraîné, pas capable".
Salah Abdeslam : "j'essaie de trouver des excuses. Je ne dis pas qu'ils m'ont forcé mais à force, j'ai dit : "c'est bon, je vais y aller". Me Ronen : "vous avez dit que Brahim était votre frère le plus proche. Ça a pesé ?" - mon frère c’était l’exemple pour moi. Et oui ça a pesé"
Salah Abdeslam : "c’est leur histoire. Et moi j’en fais partie. Je suis lié à eux, et elles sont liées à moi." Il cite un hadith : "Aime ton ami avec modération, car demain, il pourrait devenir ton ennemi. Déteste ton ennemi avec modération, peut-être sera-t-il un jour ton ami"
Salah Abdeslam : "je vous demande aujourd’hui de me détester avec modération. Je veux vous dire aussi que je présente mes condoléances et mes excuses. Je parle pour toutes les victimes. Je parle aussi pour les victimes qui nous écoutent dans la webradio."
Salah Abdeslam : "je sais qu’on a des divergences, je sais qu’il y a une haine qui subsiste entre vous et moi. Je sais qu’on ne sera pas d’accord, mais je vous demande de me pardonner."
Salah Abdeslam, toujours en larmes : "je voudrais présenter mes excuses à [Ali] Oulkadi, je lui demande à me pardonner. Je ne voulais pas l’entraîner dans ça. Je demande pardon à Hamza [Attou], j’aurais dû être un grand frère pour toi."
Salah Abdeslam : "Et [Mohamed] Amri aussi et à sa femme, parce que je leur ai volé six ans de leur vie. Je sais que ça ne va pas vous guérir mais je sais que la bonne parole peut faire du bien."
Salah Abdeslam : "et si j’ai pu ne serait-ce que faire du bien à une seule des victimes, pour moi c’est une victoire. C’est tout ce que j’ai à dire." Fin de l'interrogatoire de Salah Abdeslam. L'audience est suspendue avant ceux des autres accusés prévus aujourd'hui.
L'audience reprend avec l'interrogatoire de l'accusé Mohamed Bakkali qui indique qu'il va encore faire usage de son droit au silence "mais je souhaiterais l'expliquer. Ce n'est ni pas défiance par rapport à la cour et encore moins par rapport aux parties civiles".
Mohamed Bakkali : "on peut croire que le droit au silence est une solution de facilité. Mais c'est faux. Garder le silence est très difficile. Je sais qu'il y a des gens qui attendaient notre parole. Et ça, au niveau de la conscience, c'est pas facile."
Mohamed Bakkali : "moi j'ai trois enfants, qui vont grandir avec leur père en prison. Et face à eux, je ne pourrais pas me défiler. Je ne pourrais pas faire usage de mon droit au silence".
Mohamed Bakkali ne souhaite pas en dire plus. Il se rassied dans le box alors que, comme lors de ses interrogatoires précédents, le président déroule ses questions sans réponse.
Les questions à poser à Mohamed Bakkali sont très peu nombreuses, tout comme pour Osama Krayem et Sofien Ayari. Ces interrogatoires sur les faits post 13 Novembre sont donc très brefs.
... à tel point qu'ils sont déjà achevés. Le président annonce la lecture d'un interrogatoire d'Ahmed Dahmani "pour finir l'après-midi". Ahmed Dahmani, jugé ici mais absent à l'audience car incarcéré en Turquie qui a refusé de le remettre à la France.
Fin des lectures. Et de cette 30e semaine d'audience. "Elle reprendra mercredi", annonce le président. Pas d'audience le lundi de Pâques, ni le mardi. La semaine prochaine, la cour examinera les expertises psychiatriques des accusés.