Procès des attentats du 13 novembre 2015 - Le Live Tweet - Semaine VINGT-QUATRE
Retrouvez sur cette page tous les tweets du procès issus des Live tweets de @ChPiret Charlotte Piret et @sophparm Sophie Parmentier ; elles suivent ce procès pour France Inter et nous ont donné l'autorisation de compiler leurs tweets dans un objectif de consultation et archivage.
Semaine VINGT-DEUX
Jour 81 – Mardi 15 février – Suspension d’audience
Bonjour à tous,
C'est aujourd'hui le 81e jour d'audience de la 22e semaine du procès des attentats du 13 Novembre 2015.
Mais par "journée d'audience", il faut comprendre en réalité une dizaine de minutes seulement, dans une salle très largement vide et en l'absence des accusés
Car il va s'agir simplement d'acter la suspension du procès pour cette semaine, le covid ayant à nouveau frappé dans le box.
L'audience reprend donc brièvement. Le président s'étonne : "je ne m'attendais pas à voir autant de monde, pour tout vous dire, pour cette audience qui n'en est pas une".
Et ajoute qu'un autre accusé, en plus de Mohamed Amri a été testé positif au Covid : Adel Haddadi.
Le président poursuit : "si tout se passe normalement, cela permettrait de reprendre l'audience mardi prochain. Cela implique que l'état de santé des deux accusés permette leur comparution"
Il soupire : "bon, du coup je me suis repenché sur le planning. Cela devient intéressant" Le président : "ce virus semble s'être attaché à nous."
En conséquence, "on siègera le lundi à partir d'avril" avec un verdict envisagé "la semaine du 13 juin".
"Voilà le premier aperçu que je peux vous indiquer dans l'immédiat", conclu le président. Le président sourit : "l'audience qui n'a pas eu lieu est levée. A mardi prochain au plus tôt".
Fin de cette "81e journée d'audience".
Semaine VINGT -TROIS
Jour 82 – Mardi 22 février – Suspension d’audience
Bonjour à tous, C'est, une nouvelle fois, une très courte audience qui nous attend pour cette 82e journée du procès des attentats du 13 Novembre 2015. Comme annoncé par mail aux avocats hier par le président, le procès ne pourra reprendre avant mardi prochain.
En effet, deux nouveaux accusés ont été testés positif au Covid. Et c'est donc une audience devant un box vide, les accusés n'ayant pas été extraits de leurs cellules ce matin, que le président s'apprête à acter cette quatrième semaine de suspension depuis le début du procès.
"L'audience est reprise, veuillez-vous asseoir. Mais elle est reprise de façon expéditive car nous avons deux accusés touchés par le Covid", explique le président. "J'ai pris attache avec l'administration pénitentiaire pour comprendre comment les accusés ont pu être contaminés"
Le président : "d'autant que la circulation du virus est considérablement réduite. Puisque désormais il n'y a que 34 agents infectés sur 8000. Et au niveau des détenus, ils sont moins de 50 sur 13 000. Donc, c'est pas de chance. Et l'audience s'en trouve à nouveau impactée."
En terme de planning, l'audience devrait donc reprendre mardi prochain "avec les auditions des enquêteurs belges, dans l'ordre qui était prévu cette semaine", indique le président.
"Je vais commettre des experts pour aller voir les accusés détenus pour m'assurer qu'ils sont en état de reprendre l'audience", conclut le président. Avant de suspendre l'audience.
Semaine VINGT-QUATRE
Jour 83 – Mardi 1er Mars – Auditions des enquêteurs sur les planques des terroristes
Jour 83 au procès des attentats du 13 Novembre Après 2 semaines d'interruption pour cause d'accusés malades du Covid19, l'audience reprend. Les 3 accusés récemment contaminés sont guéris. Il manque seulement Krayem, en forme, mais qui refuse de comparaître, depuis des semaines.
La cour envoie l'huissier lui faire les sommations d'usage.
Comme depuis plusieurs semaines. L'accusé Krayem a expliqué qu'il ne voulait plus s'exprimer devant les juges, estimant que ce procès "est une illusion". Il est représenté par ses avocats.
Cette semaine, la cour va entendre des enquêteurs sur les planques des terroristes du 13 Novembre et la recherche de kalachnikovs.
Et l'audience reprend sans l'accusé Krayem. Le président Périès que les accusés récemment malades Amri, Bakkali, Ayari "sont aptes à comparaître".
Et des avocats de parties civiles s'approchent de la barre pour de nouvelles constitutions de parties civiles. Une avocate vient avec une victime de la rue du Corbillon à St Denis (où a été mené l'assaut du 18 novembre par le RAID contre 2 terroristes du 13 Novembre)
Camille Hennetier du PNAT, conteste la recevabilité. Cite un récent arrêt de la cour de cassation de février 2015. L'avocate Me Eleini s'offusque et plaidera ultérieurement. Le président précise que la cour tranchera en cours du procès sur ces constitutions.
Président Périès : "On va appeler Bruxelles pour se mettre en rapport avec le témoin prévu aujourd'hui"
"Bonjour à tous !" commence le témoin, un enquêteur belge, costume cravate, en visio depuis Bruxelles. Ils vont défiler toute la semaine. Tous en visio. Le premier : "Je vais vous parler de la recherche de planques infructueuses"
Puis, "excusez-nous monsieur le président, j'ai un problème avec mon ordinateur". Souci technique. Attente. Puis l'enquêteur reprend.
L'enquêteur belge qui parle de Ahmed Dahmani -co-accusé qui reste incarcéré en Turquie et n'est pas dans ce box des accusés au procès .Sa photo apparaît sur grand écran, visage allongé.
L'enquêteur évoque une voiture retrouvée dans un parking qui a abouti à l'arrestation de Dahmani. Dans ce véhicule, 14 fausses cartes d'identité, des drapeaux djihadistes et aussi des perruques et lunettes que l'on voit en photos à l'écran.
L'enquêteur montre les perruques, et les cartes d'identité trafiquées, avec Dahmani en lunettes et perruque sur le crâne. On voit aussi Salah Abdeslam avec une perruque
Et l'enquêteur montre une carte. A chaque adresse inscrite sur un petit bout de papier. Des adresses chez Dahmani. A l'une de ces adresses, "achat de composants le 8 octobre 2015"
Et l'enquêteur montre des cartes avec des champs verts, un point rouge représentant l'adresse d'un homme qui aurait vendu des jantes à deux hommes dont Dahmani. Abdeslam ne le reconnaît pas. Toutes ces planques, à Charleroi ou près de Bruxelles, dit l'enquêteur.
L'enquêteur parle maintenant d'un appel d'août 2015, durée 4 minutes, numéro de téléphone Abrini et un autre homme qui aurait été "la personne de contact pour les locations d'appartement rue Berthelot"
Et l'enquêteur parle de l'accusé Mohamed Bakkali, évoque des numéros de téléphone qui ont servi à la recherche de planques en août et septembre 2015.
Et l'enquêteur évoque des voitures louées par la cellule terroriste. On décortique une BMW louée par Mohamed Bakkali. Détail des déplacements un jour de septembre, avec un timing précis, d'une planque à une autre.
L'enquêteur se focalise sur une planque de Schaerbeek, 86 rue Henri Bergé. Il cite les véhicules qui font des arrêts dans cette rue en octobre 2015. Dont la Seat Leon -la voiture du commando des terrasses le 13 Novembre
L'enquêteur évoque une voiture "louée par Salah Abdeslam", et montre un certain nombre de voitures sur le plan. Engins représentés par des icônes voitures de couleur. L'image à l'écran ressemble à un jeu pour enfants. Contraste entre l'image et le sujet.
Et apparaît la carte d'identité de Fernando Castillo. Fausse identité. Celle de Bakkali. On le voit coiffé d'une perruque. L'enquêteur détaille la location de la planque rue Bergé.
L'enquêteur montre des photos de cette planque : murs blancs, bel escalier de bois couleur miel qui mène à une chambre mansardée sous des poutres foncées. Il reste un sommier à lattes sans matelas sous une poutre. Et on voit la cuisine, cafetière, marmites, gobelets
Dans des gobelets, verres, ou sur une fourchette, les enquêteurs ont retrouvé plusieurs ADN. Dont celui de Salah Abdeslam Et sous le meuble cuisine, "des traces d'explosifs, de TATP""10 grammes de TATP. Vous voyez, des morceaux de bouteilles coupées en deux, des gants en latex, des seringues également" détaille l'enquêteur, photos à l'appui.
"On va retrouver sur l'escalier une veste turquoise, ADN mélangé de Mohamed Abrini, et empreinte de Salah Abdeslam" Entre autres.
Enquêteur : "On va retrouver une machine à coudre, et dans le sac vert toute une série de vêtements, ADN mélangés", et il cite les noms de plusieurs terroristes : Bilal Hadfi (kamikaze Stade de France) Chakib Akrouh (terroriste commando des terrasses)
Et puis gros plan sur une perruque. Cheveux bruns, bouclés, "il est possible que ce soit les cheveux que Monsieur Castillo arborait" Dans son box, l'accusé Bakkali (alias Castillo) cheveux rasés regarde l'écran et détourne la tête, en alternance.
Puis on voit une feuille de papier déchirée, "un contour de corps humain avec une espèce de ceinture", comme le dessin d'une ceinture explosive autour d'un tronc humain sommairement dessinée au stylo bille de couleur bleue.
Enquêteur : "On va retrouver un ticket Cora. A Andelercht. Un sac Carrefour aussi avec des salopettes. Dans la chambre, différents vêtements, des chaussettes". On voit les chaussettes alignées. Banales.
L'enquêteur belge se met à évoquer une autre planque : rue du Fort à Charleroi. Il montre l'immeuble de l'extérieur : immeuble classique de briques rouges, jolies fenêtres blanches aux contours arrondis.
Une planque louée en septembre 2015 par les frères El Bakraoui, logisticiens des attentats 13 Novembre et morts en kamikazes dans les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Ils sont les cousins de Oussama Atar (commanditaire présumé mort en Syrie) et Yassine Atar (dans le box)
L'enquêteur belge montre des photos de la planque de Charleroi : cuisine vieillotte, sol moucheté, mélanges ADN de plusieurs terroristes du 13 Novembre (Hadfi / Akrouh) ADN aussi d'Abdelhamid Abaaoud sur l'aspirateur
Pas loin de cette planque, une librairie islamiste. Le libraire s'est présenté aux enquêteurs après les attentats 13 Novembre. Il avait été attiré par un jeune homme (Bilal Hadfi) qui lui demandait un livre "sur la description du paradis"
Puis il est revenu avec d'autres jeunes hommes et toujours la même demande de livres sur le paradis. Le libraire répond que "c'est dans le Coran". Ils achètent 80 euros de livres. Bilal revient une autre fois encore.
Enquêteur : "On passe à la dernière planque pour aujourd'hui, rue Radache 115 à Auvelais, louée par Najim Laachraoui, c'est la seule planque louée par quelqu'un parti combattre en Syrie) Laachraoui : artificier et kamikaze 22 mars 2016 à Bruxelles.
On voit une vue du ciel de la planque. Maison entourée d'un jardin. Pelouse verte. Pour la location : 28 septembre 2015, 1er contact par téléphone, le lendemain, 1er rendez-vous, le surlendemain, signature bail
Le propriétaire dit que le loueur "présentait bien, type informaticien. Il a demandé si pas d'humidité dans la cave". Location avec fausse identité. Le 5 octobre, plusieurs personnes en Seat Leon et déposent 3 matelas et sacs. Mais le propriétaire dit que maison pas prête.
On voit une photo de la maison. Briques et pierres. Toit pente. Un étage. Une haie. Pavillon aux airs tranquilles. Le jour de la perquisition, les enquêteurs se demandaient si la maison était vide. On a envoyé "un chien explosifs", un chien dressé pour renifler les explosifs.
On voit l'intérieur de la maison. Carrelage au sol. Escalier qui mène à la cave où on a retrouvé des matelas. Vaisselle sale dans la cuisine. Des ADN mélangés retrouvés dont les accusés Krayem et Ayari.
Photo de salle de bains : brosse à dents verte sur laquelle "on a retrouvé un ADN simple de Sofien Ayari", d'autres ADN de la cellule sur d'autres objets, ADN d'un artificier sur une brosse à dents de couleur rose.
L'enquêteur a terminé. La cour aura des questions. Mais après la suspension. "On se reconnecte à partir de 15h45 pour les questions" annonce le président Périès, "l'audience est suspendue"
L'audience reprend. "Je n'ai pas de question" annonce le président Périès, avec sa nouvelle coupe de cheveux, en brosse.
Nicolas Braconnay, l'un des trois avocats généraux du PNAT en a peu : "l'exposé était très clair", mais il a quelques questions pointues sur l'identification des caches. "Parfois, ce sont les trackers des voitures qui ont permis de les identifier".
Parmi ces questions et remarques : il note que les cordelettes blanches avec du scotch gris au bout (ADN de Mohamed Abrini trouvé sur ces cordelettes) sont les mêmes que celles trouvées sur les gilets explosifs des terroristes du 13 Novembre.
Puis se succèdent des avocats de la défense. Avec des questions pointues pour défendre leurs clients. Puis Me @raphkempf se lève et demande à l'enquêteur de détailler un procès-verbal sur Yassine Atar que défend Me Kempf.
L'enquêteur ne se souvient pas de ce PV. Me @raphkempf se fâche : "On cherche des poux dans la tête à des accusés sur des auditions dont ils ne peuvent se souvenir du détail, et là !" L'enquêteur bredouille : "Je ne saurais plus vous dire". Il a oublié ce PV.
Me @raphkempf en colère : "Ecoutez monsieur, si Yassine Atar est dans le box aujourd’hui, c’est à cause de vous !" Le président Périès : "C'est à cause d'une ordonnance de mise en accusation" (après l'enquête de magistrats français" Me Kempf : "Sur la base de policiers belges!"
Me @raphkempf s'agace parce que l'OMA est basée, dit-il, sur une hypothèse au conditionnel sur un PV dont vous ne vous souvenez pas !" Et il demande à la cour de faire entendre un audio retranscrit dans ledit PV
Hypothèse des policiers belges dans le PV : Yassine Atar chercherait une planque pour la cellule du 13 Novembre Hypothèse extraite de cet audio que Me @raphkempf veut donc faire écouter. La cour accepte. On écoute. Voix en arabe. Un traducteur traduit les propos de Yassine Atar.
Yassine Atar demande à son interlocuteur s'il a un appart à Marbella ? Me @raphkempf: "Vous savez où est Marbella ?" Le policier belge : "J'imagine que c'est au Maroc ?" -"Non, en Espagne !" rétorque l'avocat. Président Périès : "Ah, on a un cours de géographie !"
Mais donc, Marbella, "c'est pour des vacances !", clame Me @raphkempf, pas une histoire de planque en Belgique. Puis, brillamment, l'avocat continue à démonter l'hypothèse du policier belge, le policier qui bredouille : "je ne saurais vous dire"
Me @raphkempf s'insurge que les policiers belges aient reproché à Yassine Atar d'avoir fréquenté la planque de la rue Henri Bergé, au prétexte qu'il bornait tout près. Or, l'avocat dit que Y. Atar rendait en fait visite à son oncle qui habitait près de la planque !
Me @raphkempf qui estime que les hypothèses des enquêteurs ont donc abouti à des suspicions, alors que les enquêteurs n'ont pas fait toutes les vérifications. Or, "un policier doit pas vérifier une hypothèse ?" s'agace Raphaël Kempf ?!
Le policier se défend, à propos d'une clé d'une planque que Yassine Atar est accusé d'avoir eue. Le policier dit que les "vérifications ont été faites, on n'a pas travaillé à charge".
Me @raphkempfn'est pas d'accord. Estime que les hypothèses ont abouti à des suspicions tenaces.
Et Me @raphkempf se rassied, après ces brillantes et efficaces questions pour défendre son client Yassine Atar.
C'est au tour de Me Olivia Ronen de se lever pour la défense de Salah Abdeslam Elle aussi dénonce des hypothèses érigées par des enquêteurs belges, sans vérification. A propos d'un bornage, elle dit que "Salah Abdeslam n'a rien à voir avec la choucroute"
Olivia Ronen estime que les policiers belges ont fait "de la pêche à la ligne". Et le policier bredouille à nouveau. Et l'avocate de Salah Abdeslam se rassied, satisfaite.
Au tour de Me @LezardLeon de se lever, pour la défense d'Osama Krayem. Puis Me Stuyck. Elles aussi cherchent à gagner des points face à l'enquêteur belge.
Vient Me Marie Violleau, qui défend Mohamed Abrini, et ne comprend pas qu'on dise que son client est dans l'une des planques le 21 octobre 2015 "or il ne déclenche pas les bornes !" Elle s'emporte contre l'enquêteur. Et se rassied.Il n'y a plus de questions. Le président Périès : "Bien, l'audience est levée pour aujourd'hui, elle reprendra demain à 12h30"
Jour 84 – Mercredi 2 mars – Suite des auditions des enquêteurs sur les planques des terroristes
Jour 84 au procès des attentats du 13 Novembre La cour va continuer à entendre des enquêteurs belges, sur les planques de la cellule terroriste.
La cour arrive et repart aussitôt. Le temps qu'un huissier aille sommer l'accusé Krayem de se rendre dans le box. Mais il refuse depuis des semaines, jugeant que le procès 13 Novembre "est une illusion". L'audience risque de reprendre sans lui encore, comme depuis des semaines.
La cour revient, l'audience reprend sans l'accusé Krayem. Le président Périès lit un arrêt motivant le refus d'une constitution de parties civiles de l'association Mouvement pour la paix et contre le terrorisme.
La cour établit la liaison avec Bruxelles. C'est une enquêtrice qui vient parler planques aujourd'hui. A distance, en visio. Elle commence par parler de la planque au 408 avenue de l'exposition à Jette.
L'appartement était situé au 9e étage. Petite annonce du propriétaire. Septembre 2015 il fait visiter l'appartement à deux jeunes hommes (sous de fausses identités). Une des identités Malonzo Algerto : en fait, c'était l'accusé Bakkali, perruque bouclée sur le crâne.
Bakkali avait fourni de faux papiers pour obtenir cette location. Le propriétaire a été floué. Il a vu face à lui un homme "habillé classe", et un autre "qui ressemblait plus à une petite crapule". Avait quand même remarqué une étrange chevelure, comme une perruque.
L'enquêtrice retrace le parcours d'une voiture louée par Salah Abdeslam. Une Audi A6 qui démarre de Verviers, adresse des parents de Mohamed Bakkali. Appel téléphonique sur la route avec un frère El Bakraoui (logisticien des attentats)
L'enquêtrice précise que cette location a lieu le lendemain de l'arrivée en Belgique des trois terroristes qui frapperont le Bataclan le 13 Novembre : Ismaïl Mostefaï, Foued Mohamed-Aggad, Samy Amimour. Location en septembre 2015.Versements effectués pour la location, puis le 6 mars 2016, Maria Malonso, qui se prétend être la sœur d'Algerto Malonso écrit au propriétaire : "Mon frère a eu un très grave accident, il est entre la vie et la mort, il est hospitalisé en Espagne au soins intensifs" (sic)
Maria Malonso, dans la lettre : "si il guérit, il a pour minimum six mois d’hôpital. Dans un souci d’honnêté, j’ai préféré vous prévenir, car il ne peut payer son loyer dorénavant..." (sic) Alberto Malojos était un alias de l'accusé Mohamed Bakkali.
L'enquêtrice montre des photos de l'appartement loué : 28m2, carrelage gris foncé au sol, balcon terrasse, salle de bain avec rideau multicolore, cuisine minuscule. Sur des objets, les enquêteurs ont découvert l'ADN de plusieurs accusés dont Abdeslam, Ayari, Abrini
Sur une fourchette, on découvre aussi l'ADN de Samy Amimour (kamikaze du Bataclan) "Des résidus importants de TATP ont été découverts dans cet appartement" dit aussi l'enquêtrice
Et dans un box de cette planque, un sac rempli de petits boulons. On le voit à l'écran. Monticule de boulons dans un sac plastique blanc.
L'enquêtrice montre une autre planque, 88 rue des Chapeliers, Verviers, en Belgique. Appartement loué par le frère de Mohamed Bakkali, parti au Maroc. Le frère qu'on a entendu à la barre à ce procès
Dans cet appartement de Verviers, "visite de El Haddad Asufi Ali" dit l'enquêtrice. L'accusé est dans le box. La visite date de septembre 2015. 19 septembre puis dans la nuit du 21 au 22.
Autre accusé passé dans cet appartement de Verviers : Yassine Atar, dit l'enquêtrice. Atar qui a appelé El Haddad Asufi avant d'aller à Verviers. Une douzaine de contacts téléphoniques dit la policière.
Elle projette sur grand écran un échange sms entre Ali El Haddad Asufi et Yassine Atar. Ali El Haddad Asufi, le 19 septembre 2015 à 13h53 écrit qu'il va prier. Avec ces mots, sic : "Jvais prié dohr si tapl entre temp"
Ali El Haddad Asufi reconnaîtra être allé à Verviers voir Bakkali. Yassine Atar niera avant d'avouer et dire qu'il était allé voir une Mini Cooper.
L'enquêtrice parle d'une autre planque : 39 avenue des casernes à Etterbeek. Pièce unique, parquet clair au sol, voilage beige sur la baie vitrée, minuscule coin cuisine, petite salle de bains, planque utilisée par Ibrahim El Bakraoui
Des caméras autour de l'appartement. Pour les tromper, Ibrahim El Bakraoui passait devant avec des perruques ou des casquettes, mais sortait chaque jour de l'immeuble.
Les caméras ont filmé les avenues des invités de El Bakraoui. Comme El Haddad Asufi, qu'on voit à l'écran portant un carton. "Il faisait office de chauffeur" surtout dit l'enquêtrice.
Pas mal d'appels de l'étranger, comme la Bolivie : plateforme d'appel ou phoneshop, "El Bakraoui utilisait beaucoup les phoneshops" dit l'enquêtrice. On voit aussi Mohamed Bakkali sur ces images.
L'enquêtrice a terminé son exposé. Après quelques questions pointues de la cour et du PNAT, suspension d'audience pour la pause de l'après-midi.
L'audience reprend avec des questions d'avocats.
Et parmi les avocats, Me @raphkempf avocat de Yassine Atar s'insurge contre l'enquêtrice : "Si je comprends bien, l'absence de preuves devient à charge !"
Et le président Périès s'agace, dit à l'avocat fougueux que "c'est encore un cours de procédure pénale, vous l'avez déjà fait à d'autres enquêteurs !"
L'enquêtrice belge : "L'absence d'explication, ça devient suspect"
Me @raphkempf note que Yassine Atar a échangé 47 sms avec son ex-épouse au moment où il était censé être à une "réunion" avec la cellule terroriste, "ce serait pas intéressant pour la manifestation de la vérité ?" L'enquêtrice répond qu'elle n'a pas ces sms.
Me @raphkempf explique qu'il y a plusieurs logiciels qui permettent d'extraire des sms. Selon le logiciel, dans un cas, quelques centaines, dans l'autre plusieurs milliers. L'enquêtrice dit qu'elle n'est pas experte. "Mais c'est vous qui signez le PV madame !"
Me @raphkempf lui reproche de ne pas avoir cherché les sms échangés entre Yassine Atar et son ex-femme, qui n'apparaissaient pas dans la liste de l'extraction des données, or il maintient qu'ils existent. L'enquêtrice, rire nerveux : "Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?"
Me @raphkempf ne lâche pas, s'en prend à l'avocat général du PNAT qui a loué les hypothèses faites par les enquêteurs belges. Des hypothèses non vérifiées, s'insurge-t-il. Il donne l'exemple d'une hypothèse transformée en affirmation. Enquêtrice : "C'est un titre de PV!"
Me @raphkempf reconnaît que le propos est plus nuancé dans le reste du PV, mais note que son client reste accusé de s'être rendu dans la cache de Verviers, hypothèse sans preuve, dit-il. Silence de l'enquêtrice belge.
Me @raphkempf, insurgé : "Ce qui pour vous une hypothèse devient sous la plume de madame Panou (la juge d'instruction belge), un fait !" L'enquêtrice bredouille que les hypothèses ont été vérifiées.
L'enquêtrice belge éclate de rire. Etrange rire nerveux.
Et après une dernière question de Me @raphkempf, l'enquêtrice belge rit encore, "c'est une hypothèse, il y en a beaucoup"...
Nicolas Braconnay, l'un des avocats généraux du PNAT se lève pour dire que certaines des hypothèses contre lesquelles s'insurge Me @raphkempf n'ont finalement pas été retenues comme des charges.
Me @MeJonathanDeTa1 l'un des avocats de Ali El Haddad Asufi s'en prend lui aussi à ces hypothèses faites "au pifomètre"
Me @MartinMechin demande à l'enquêtrice quelle définition elle donne de "l'appartement conspiratif ?" Elle répond que "c'est les appartements loués par les membres de la cellule des attentats de Paris"
Me @MartinMechin fait remarquer que des accusés avaient un appartement qu'ils louaient alors, "c'était un appartement conspiratif ?" Elle affine : "appartement loué par ceux qui ont géré la logistique des attentats de Paris"
L'enquêtrice belge semble à nouveau au bord de l'éclat de rire nerveux, tout en répondant aux questions des avocats de la défense.
Et ces rires qui durent sont surprenants à cette audience de la part de cette enquêtrice belge.
@MartinMechin lui demande de tirer des conclusions sur Ali El Haddad Asufi. Elle rit. Dit qu'elle n'est pas la juge, qu'elle fait juste "des constatations pas de conclusions".
Me @MartinMechin s'étonne mais dit que concernant El Haddad Asufi, "la seule conclusion c'est peut-être qu'il apportait des vêtements à son ami (Bakraoui), faisait ses courses, et parfois lui rendait visite à Verviers".
Et cette journée d'audience s'achève avec la lecture de PV des veuves des frères El Bakraoui, que la cour est en train de lire.
Fin de la lecture, fin de l'audience, compte-rendu web @franceinter à suivre
Jour 85 – Jeudi 3 mars – Suite des auditions des enquêteurs sur les planques des terroristes
Jour 85 au procès . La cour va continuer à entendre la police belge. Après les planques hier et avant-hier, les faux papiers de la cellule terroriste.
L'audience reprend avec 10 accusés dans le box et 3 sur les strapontins. Toujours 6 absents présumés morts ou incarcéré en Turquie (pour Dahmani). Et l'accusé Krayem qui est au palais de justice mais refuse de comparaître dans le box. L'audience reprend sans lui.
Le président Périès ouvre ce 85e jour d'audience par ces mots : "Mesdames et messieurs, nous avons appris hier soir le décès du bâtonnier Cousi. Je me permets d’avoir une pensée pour sa mémoire et son entourage".
Président Périès : "Au titre professionnel, il a fait en sorte de toujours fluidifier les rapports entre avocats. Et en ce qui concerne cette cour d’assises spéciale, il a mis toute son énergie pour que ce procès ait lieu. Je pense que sa mémoire doit être saluée".
@MartinVettes avocat de Salah Abdeslam se lève sur les bancs de la défense : "Merci pour vos mots. Nous aussi, nous souhaitons rendre hommage au bâtonnier Cousi".
@MartinVettes, voix émue : "Il y eu a grève, le Covid, il a toujours été aux côtés des avocats alors qu’il traversait lui-même l'épreuve de la maladie. Le bâtonnier Cousi a toujours été à nos côtés même dans les moments difficiles".
Sur le banc des parties civiles, Me Reinhart : "Le bâtonnier Cousi était un ami. C’était un bâtonnier attentif. Il a tenu la baraque pendant le Covid. Merci monsieur le président de nous avoir permis de parler de l’ami Olivier".
Silence recueilli dans l'immense salle d'audience 13 Novembre Puis le président Périès établit la connexion avec Bruxelles. Un policier belge en visio se met à parler des faux papiers de la cellule terroriste, liste les alias, les faux-noms, et montre des photos de perruques.
Devant la juge d'instruction belge, un accusé 13 Novembre avait reconnu : "Dans toutes les caches il y avait des perruques, plus c’est grossier, plus ça passe" On voit une photo de Salah Abdeslam, moumoute sur la tête, lunettes type étudiant, sur de faux-papiers. L'enquêteur parle de fausses identités créées en septembre 2015. Plusieurs créées le même jour, 7 septembre. C'est l'accusé Farid Kharkhach que l'on juge pour avoir fabriqué les faux papiers avec ces fausses identités. Dans son box, il écoute attentivement.
Et l'enquêteur lit les extraits de discussions entre Kharkhach et son intermédiaire (qui fabriquait les faux-papiers). Kharkhach veut savoir où en sont "les trucs". Intermédiaire : "Les trucs sont terminés, j'attends seulement qu'ils sèchent. Demain, Inch Allah"
Les papiers tardent à être prêts. Kharkhach s'inquiète : "Nous prenons des risques, il les faut pour aujourd'hui" Intermédiaire : "Ils n'ont pas encore séché, je te jure que le plastique n'est pas sec, mon frère"
13 septembre 2015, Farid Kharkhach s'inquiète. Il dit qu'il faut les faux papiers urgemment.
Le 14 septembre 2015, trois fausses identités sont créées.
Des fausses identités qui ont notamment servi à louer des planques.
L'enquêteur rappelle que la 1ère rencontre entre Farid Kharkhach et Khalid El Bakraoui (logisticien des attentats) : 2014. Bakraoui parle déjà faux papiers. Il est alors avec un "vrai religieux, barbu, il m'a fait peur", dit Khakhach dans une audition de 2017.
On lui propose de "gagner beaucoup d'argent". F. Kharkhach : "Je savais que Bakraoui était radical depuis le début, il m'a proposé de gagner beaucoup d'argent" a-t-il déclaré en audition. Puis revient sur ses propos disant "ne s'être jamais douté de la radicalisation de Bakraoui.
F. Kharkhach dit dans une autre audition qu'il a "vraiment eu peur de Khalid El Bakraoui", décembre 2015, comme Bakraoui se cachait, Kharkhach se demandait si pas lié aux attentats de Paris ? A voulu se "débarrasser de lui" en l'envoyant vers un autre faussaire.
La compagne de F. Kharkhach a dit en audition que son homme : intermédiaire des faux papiers 2015. Elle-même a récupéré des photos pour les fausses cartes.
Enquêteur : "F. Kharkhach a fourni une aide indispensable à la préparation des attentats" avec ces fausses cartes d'identité fournies à la cellule terroriste. Dans son box, Kharkhach, mains croisées.
Le président Périès rappelle qu'il y avait eu aussi des faux papiers syriens, qui ont notamment servi aux terroristes venus de Syrie, traversant l'Europe avant de rejoindre la Belgique puis Paris. (sauf ceux arrêtés en cours de route, comme les accusés Usman / Haddadi)
Poignée de questions pointues de la cour, du PNAT et désormais d'une avocate de Farid Kharkhach.
Parmi les avocates de Farid Kharkhach, Me Louise Dumont St Priest rappelle que son client nie avoir fourni les 14 fausses cartes d'identité. "Il dit que c'est impossible d'en avoir fourni 14". En reconnaît seulement quelques-unes.
Puis Me Fanny Vial, autre avocate de Farid Kharkhach : "Il a été entendu 9 fois. Vous n'avez cité que deux auditions, pourquoi ?" Enquêteur : "Lors des auditions, il y a eu son droit au silence."
Me Fanny Vial regrette aussi que le policier ait insisté sur le fait que Kharkhach ait dit qu'il savait que Khalid El Bakraoui était radicalisé, "pourquoi ne pas avoir mentionné les 5 fois où il dit l'inverse en audition ?" Le policier : "Il s'est rétracté"
Me Fanny Vial : "Dans des journaux sérieux, @lemondefr @libe on a parlé du faussaire arrêté en Italie, Monsieur Touami, est-ce que ce nom vous dit quelque chose ?" Enquêteur : "Non" L'avocate de Farid Kharkhach va demander un supplément d'information.
Me Fanny Vial lui demande si des vérifications ont été faites pour un autre homme ayant fourni des faux papiers dans un autre dossier, le dossier Reda Kriket ? Ce faussaire-là était en lien avec Abrini, note-t-elle.
Le policier, embarrassé : "Je pense que des vérifications auraient dû être faites, mais dans une enquête, on avance, on fait des choix" "C'est bien dommage !" le tâcle l'avocate de Farid Kharkhach, Me Fanny Vial.
Puis Me Olivia Ronen se lève. L'avocate de Salah Abdeslam note que son client n'a pas utilisé la fausse carte d'identité fabriquée par le faussaire Farid Kharkhach.
Et l'audience s'achève avec quelques dernières questions pointues. Le président annonce quelques changements de planning : "Heureusement qu'il me reste quelques cheveux, parce que c'est un peu capillotracté tout ça !"
Le président Périès annonce une petite inversion dans des interrogatoires à venir. Salah Abdeslam sera interrogé le 15 mars mais ensuite le 30 et le 31 mars, au lieu du 29 initialement prévu.
Le président Périès mise sur un verdict entre le 22 et le 24 juin 2022, "tout ça sous réserve que tout le monde se porte bien, au mieux, donc faites attention les uns et les autres !" Et il clôt l'audience, qui reprendra demain à 12h30.
Jour 86 – Vendredi 4 mars – Suite des auditions des enquêteurs sur les planques des terroristes
Jour 86 au procès des attentats du 13 Novembre La cour va entendre un autre enquêteur belge, qui va évoquer aujourd'hui les voitures qui ont servi à transporter des commandos venus de Syrie et aller dans des planques belges.
L'enquêteur belge en visio depuis Bruxelles évoque une BMW louée en août 2015, entre le 24 et le 29. Contrat de location avec les coordonnées de Salah Abdeslam avec un numéro de téléphone de Mohamed Abrini.
Voiture dépannée le 29 août, prolongation du contrat jusqu'au 31 août, restitution le 5 septembre 2015. Avec ce véhicule, "au moins un déplacement connu vers la Hongrie" dit l'enquêteur, pour récupérer des commandos venus de Syrie
Autre location, 8 septembre, une Mercedes. Louée par Salah Abdeslam, restituée le 14 septembre 2015. Dans son box, l'accusé Abdeslam écoute, bras croisés, look BCBG, chemise claire et pull bordeaux col rond.
Ce 2e véhicule roule vers Budapest, passe en Autriche. Salah Abdeslam et Najim Laachraoui (artificier des attentats) dans ce véhicule entre autres.
Laachraoui aurait été récupéré le 9 septembre en Hongrie. Laachraoui, considéré comme un artificier et qui a ensuite été un kamikaze des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles.
Quelques avant le retour à Bruxelles, appel d'un frère El Bakraoui, Khalid, logisiticiens en chef des attentats
"Le véhicule arrive à Bruxelles, après un trajet qui a fait 28 heures et 44 minutes depuis Budapest", note l'enquêteur belge.
L'enquêteur qui se veut précis. Evoque ensuite une conversation téléphonique "qui dure plus ou moins 43 secondes"...
Le véhicule se déplace vers la planque de la rue Henri Bergé. Bruxelles
3e véhicule loué, une Audi, stationnée entre le 14 et 16 septembre 2015 avant de se rendre en Hongrie.
L'enquêteur détaille des antennes téléphoniques activées, avec le numéro de téléphone de l'accusé Mohamed Bakkali.
Et il parle de cette Audi A6 qui part le 17 septembre à Budapest. Récupération de membres du commando du Bataclan
On est donc moins de deux mois avant les attentats du 13 Novembre 2015 Réservation d'un hôtel. Avec photocopie d'une carte d'identité étrangère de Salah Abdeslam
L'Audi A6 a effectué environ 1700 km. Bruxelles-Budapest, puis retour à Verviers, rue des Béguines "où Mohammed Amri travaillait" dit l'enquêteur. Contact selon lui avec Salah Abdeslam selon antenne relais. "Ils ont un échange pendant 19 secondes".
Enquêteur belge en visio : "J'en viens au 4e voyage". Location d'une BMW à nouveau. On voit une photo du contrat de location "Top Rent Car II". Location 2 octobre 2015. Paiement en cash.
Le véhicule part de Bruxelles. Va à Ulm, le 3 octobre 2015. Récupération par Salah Abdeslam de l'accusé Osama Krayem, Omar Darif (artificier en chef) entre autres.
On voit aussi l'accusé Ayari sur une photo parmi les membres du commando récupérés à Ulm.
"12h57 de trajet, 1300 km aller-retour". Retour en Belgique le 3 octobre 2015 Et ils vont dans l'appartement de la rue du Fort à Charleroi.
Et l'enquêteur continue à détailler les appels téléphoniques entre Mohamed Bakkali et Khalid El Bakraoui, près des planques ce 3 octobre 2015. Appels express. Une poignée de secondes. Puis la BMW restituée le 6 octobre 2015.
Puis "Bakkali Mohamed va effectuer la location d'une Seat Leon". Voiture qui sèmera la terreur et la mort dans les rues des 10e et 11e arrondissements de Paris le 13 Novembre 2015, à l'intérieur, trois terroristes tirant sur des terrasses : A. Abaaoud, C. Akrouh, B. Abdeslam
Et l'enquêteur belge en visio poursuit son exposé, en détail. Détaillant toujours chaque appel téléphonique avec le nombre de secondes précises. Un policier qui parle en détachant chaque syllabe. Il s'applique. Mais c'est un drôle de ton avec un petit air de robot.
Dans le box des accusés, Salah Abdeslam suit toujours attentivement, Mohamed Bakkali aussi, qui prend même des notes. Bakkali qui papote aussi de temps en temps avec son voisin Yassine Atar (l'accusé qui reconnaissait qu'on disait de lui "je suis une pipelette"')
L'accusé Bakkali, lui, mis en cause dans cet exposé du policier belge pour des locations de voitures, a décidé à ce procès d'exercer son droit au silence désormais. Il l'avait dit au jour 71.
L'enquêteur évoque désormais une Golf. Louée le 21 octobre 2015. Il détaille encore les appels téléphoniques. Le numéro de Mohamed Bakkali repéré sur de nombreuses antennes. L'enquêteur s'applique mais bute sur les mots. L'impression qu'il fatigue. La salle aussi.
Me Orly Rezlan, avocate de Mohamed Bakkali, qui suit très attentivement repère un numéro de téléphone sur grand écran qu'elle dit n'avoir vu nulle part dans la procédure.
Et l'enquêteur, inlassablement, fait des rapprochements entre des numéros de téléphone et des planques.
Et il parle des perquisitions. Et il fait entendre un extrait audio avec la voix d'un logisticien en chef des attentats, Ibrahim El Bakraoui. Le fichier audio s'intitulait "avocat OK". Et on entend la voix de ce frère El Bakraoui.
Ibrahim El Bakraoui précise d'abord qu'il "ne parle pas sous la contrainte ni sous l’effet de stupéfiants ou de boissons alcoolisées". Et il dit que toutes les locations effectuées par Mohamed Bakkali l'ont été "par amitié" pour lui. Que Bakkali "ne savait pas" pour quoi c'était.
Un message destiné à dédouaner Mohamed Bakkali. Ibrahim El Bakraoui disait-il la vérité ? L'enquêteur belge en a terminé. La cour annonce une suspension de trente minutes, "pour vous reposer et nous reposer". Les questions reprendront ensuite.
L'audience reprend. Pas de question de la cour. Camille Hennetier, avocate générale au PNAT en a. Une sur Salah Abdeslam qui n'a pas utilisé sa fausse carte d'identité pour passer un contrôle
Et la magistrate pose des questions très précises et pointues, sur des trajets, des bornages, des lignes-mandats, en évoquant "des combinaisons de facteurs" Complexité du raisonnement. A l'image des préparatifs des attentats .
La magistrate a des questions sur les "bornages concordants", "les géocalisations concordantes", et les téléphones éteints de M. Bakkali. Questions et raisonnement complexes suivis de "est-ce que c'est correct ?" "Oui tout à fait", répond l'enquêteur.
Nicolas Braconnay, autre avocat général du PNAT a d'autres questions pointues. Puis Me Rimalho sur le banc des parties civiles, et c'est au tour de la défense.
Me Adrien Sorrentino, avocat de l'accusé Abdellah Chouaa, dénonce plusieurs failles ou erreurs dans l'enquête. Parmi elles, "une jeune femme que vous avez appelée Djihad alors qu'elle s'appelle Djihane" L'enquêteur : "Ah, au temps pour moi"
Ce moment où l'enquêteur tutoie l'avocate de Mohamed Bakkali, Me Orly Rezlan, qui l'assaille de questions depuis trois quarts d'heure. Il s'excuse pour ce tutoiement, se reprend aussitôt et vouvoie : "pardon, mais on parle depuis un moment ensemble"... Et Me Rezlan se rassied.
Et Salah Abdeslam se lève : "Je sais qu'il est tard, vendredi, tout le monde est fatigué, mais je voulais juste vous dire que vous avez une drôle de façon de vous comporter avec les femmes". Le président Périès : "Vous manquez vraiment pas d'air, venant de vous !"
Le président Périès : "Si c'est pour dire des choses comme ça, vous pouvez vous rasseoir !" Et Salah Abdeslam se rassied.
Et son avocat Me @MartinVettes se lève. Revient sur le 1er voyage imputé à Salah abdeslam Avocat : "Vous êtes d'accord que tous les véhicules loués par S. Abdeslam n'ont pas été conduits par Salah abdeslam Enquêteur : "Je suis d'accord"
Me @MartinVettes donne un exemple : la Polo garée devant le Bataclan le soir du 13 Novembre, louée par Salah Abdeslam mais pas conduite par lui, mais par le commando des assaillants du Bataclan.
Me @MartinVettesveut que l'enquêteur souligne une période "d"inactivité" du téléphone de Salah Abdeslam fin août au moment du 1er voyage Belgique-Hongrie où il est accusé d'être allé chercher des terroristes du 13 Novembre
Me @MartinVettes: "Le 30 août 2015 à 00h58, vous relevez un contact, vous vous souvenez ? De manière étonnante, aucune investigation particulière de ce contact. On sait pas si contact entrant / sortant, et on ne sait pas si appel téléphonique"
Enquêteur : "J'ai pas en mémoire les références, je sais rien dire de plus"
Me @MartinVettes : "Le même jour 15h, la BMW a franchi la frontière austro hongroise depuis plusieurs heures. Est-ce que ça met pas à mal le fait que Salah Abdeslam cesse son activité téléphonique durant ses trajets ?" Enquêteur :" Non si c'est un appel entrant !"
Me @MartinVettes : "On en sait rien si entrant ou sortant !" L'avocat de Salah Abdeslam qui estime que "sur la base d'un raisonnement hâtif", on dit que Abdeslam "chauffeur de ce 1er voyage", or pas de preuve absolue selon ce que l'avocat tente de démontrer.
Président Périès : "Mais c'est l'oralité des débats !" Me Olivia Ronen, autre avocate de Salah Abdeslam : "On est ravis de cette audience !" et elle se lève pour démonter d'autres trajets imputés à Abdeslam.
Me Olivia Ronen demande si on a recherché des réservations d'hôtel au nom de Salah Abdeslam à Budapest ? Recherches faites, mais rien trouvé répond l'enquêteur.
Me Ronen : "Vous avez fait des recherches sur la ligne dédiée ? Elle émet 5 jours avant le trajet. C'est beaucoup 5 jours, non ?" Enquêteur : "Oui, c'est beaucoup, mais peut-être elle était dédiée pour autre chose et a été recyclée" Me Ronen : "c'est tiré par les cheveux !"
Me Ronen qui estime qu'on n'a pas assez fouillé autour de lignes dédiées. Silence de l'enquêteur. Me Ronen bondit sur ce silence : "ça me paraît éloquent"
Me Ronen : "Moi j'essaye de voir s'il y a un truc tangible ou pas, je ne suis pas enquêtrice belge, donc je fais pas d'hypothèse !" Les Belges qui ont été critiqués pour leurs hypothèses, "au pifomètre" disait cette semaine @MeJonathanDeTa1
Me Ronen qui veut aussi démonter le voyage de Salah Abdeslam en Hongrie, 3e voyage lors duquel on l'accuse d'être allé chercher le commando du Bataclan Ce qui n'est donc pas avéré pour elle.
Me Ronen : "On a aucune preuve que ces trois personnes (le trio du Bataclan) sont montés dans une voiture à ce moment-là !" vers le 19 septembre 2015 en Hongrie. Enquêteur : "Le numéro du chauffeur s'est déplacé vers la Hongrie en tout cas"
Me Ronen : "Je comprends votre raisonnement mais y a quelque chose qui colle pas" Elle concède que le chauffeur à Budapest. Contacts téléphoniques avec le trio du Bataclan (bornages), mais "la preuve qu'ils repartent à 4 dans la voiture ? Non, on n'a aucun élément objectif "
Me Ronen émet l'hypothèse que le chauffeur aurait pu amener de fausses cartes d'identité au trio du Bataclan mais repartir sans le trio. Enquêteur : "Mais ils bornent près de l'hôtel", coïncidence bizarre...
Me Ronen rappelle que Salah Abdeslam "risque la perpétuité réelle", et elle souhaite "une solidité" pour accuser.
Et Me Ronen s'attaque au 5e voyage, lors duquel les kamikazes irakiens du Stade de France auraient rapatriés. Mais pas indices plus que très minces. Me Ronen lit un PV "leurs traces étaient perdues"
Me Ronen : "Je vous remercie des réponses que vous avez pu apporter. Je sais que c'est pas toujours simple d'être d'accord avec les avocats de Salah Abdeslam" Elle dit que certaines "vérités établies deviennent troubles et c'est un peu grâce à vous !"
Une dernière question de Me @NegarHaeri qui dit que son client aime juste rouler en voiture, "un mode opératoire inoffensif", loin des attentats selon elle... Puis la cour suspend l'audience, "au revoir Bruxelles" dit le président Périès, "on reprend lundi au fait !"