Procès des attentats du 13 novembre 2015 - Le Live Tweet - Semaine TRENTE SIX
Retrouvez sur cette page tous les tweets du procès issus des Live tweets de @ChPiret Charlotte Piret et @sophparm Sophie Parmentier ; elles suivent ce procès pour France Inter et nous ont donné l'autorisation de compiler leurs tweets dans un objectif de consultation et archivage.
Semaine TRENTE SIX
Jour 134 – Mardi 7 juin – Suite et fin des plaidoiries de parties civiles
Bonjour à tous, 134e jour d'audience, début de la 36e semaine et fin, aujourd'hui, des plaidoiries de parties civiles.
Aujourd'hui, place donc aux dernières paroles des avocats de parties civiles. LT à suivre ici dans quelques instants.
L'audience a reprise et Me Bruno Lombard est le 1er à plaider. "En ce soir tragique du mois de novembre, 23 corps enchevêtrés. Parmi eux, Hyacinthe, 35 ans. Il dort souriant comme sourirait un enfant malade. Il a deux trous rouges au côté droit, les deux balles qu'il a reçues."
Me Lombard : "lui qui aimait tant la poésie ne pensait pas qu'il terminerait comme le Dormeur du Val. Son père, à l'issue de ce procès a acquis la conviction que ceux qui sont dans le box ont participé à la mort de son fils. Le casting de l'accusation est le bon".
Me Lombard : "est-ce qu'il existe des accusés défendables et pourquoi appliquer des règles de droit à ceux qui n'en ont pas? Ne tombons pas, et il l'a compris, dans les pièges tendus par l'Etat islamique. Pour lui ce procès a été exemplaire."
Me Lombard : "vous avez à juger aujourd'hui ceux qui furent jadis des terroristes triomphants. Des mitraillettes contre des mains nues. Et aujourd'hui, ce sont des terroristes honteux, incapables de se pencher sur leur passé, qui gardent lâchement leurs secrets"
Me Lombard : "on a voulu vous imposer une espèce de terrorisme procédural auquel la cour dira non. Ces accusés, en choisissant l'outrance, bluff et le mensonge, se sont mis en dehors du champ des circonstances atténuantes."
Me Lombard : "il a été dit dans le box que cette accusation était un château de cartes, c'est en réalité un château fort".
Me Lombard : "vêtu de probité candide et de lin blanc, Salah Abdeslam répondait en franglais : "no comment". Puis, il a cité Voltaire : "Calomniez ... calomniez ..." La seule chose qui le relie à Voltaire. C'est le Comptoir [Voltaire, ndlr] où son frère s'est fait exploser"
Place à Me Jean-Henri Amougou : "cela fait plusieurs mois que nous parcourons ensemble le drame particulièrement douloureux subi par l'ensemble des parties civiles. Dans la quête de vérité, j'ose me permettre la remise en cause de l'ordonnance de mise en accusation".
Me Amougou : "il y a eu des carences au plus haut sommet de l'état dans la survenance de ces tragiques événements. Il y a eu des failles dans la protection des Français."
Me Amougou : "le crime que vous êtes amenés à juger aujourd'hui est un des plus horrible, monstrueux, figurant au panthéon des annales criminelles françaises. Vous jugerez avec une juste et suffisante fermeté afin que la répression cesse d'être un palliatif à la prévention"
Me David Lepidi s'avance à son tour à la barre : "où sont les moyens de mettre en faillite ces auto-entrepreneurs, ces TPE, ces PME du crime ?"
Me Lepidi : "le crime de masse valorise l'assassin. Les parties civiles n'arrivent pas à faire le deuil. Quand l'intimité a été touchée au firmament, on ne peut pas creuser le sillon du deuil. "
Me Leipidi : "mesdames et messieurs de la cour, vous avez le pouvoir de condamner les accusés. Moi, à ma modeste place, j'ai le pouvoir de vous condamner à une autre peine : celle de faire des cauchemars"
Place à la plaidoirie de Me Camille Roussier : "je porte la voix d'un homme, la voix d'un père, d'un père endeuillé qui injustement s'est vu enlever sa fille, un homme courageux, qui sans le savoir, m'a appris ce qu'était la dignité".
Me Roussier : "elle s'appelle Elodie Breuil. Je ne parlerai pas d'elle au passé parce que lui [son père, ndlr], depuis presque sept ans, ne l'a jamais fait. "
Me Roussier : "laissez-moi vous dire quelque chose, messieurs les accusés, face à qui nous sommes, dace aux valeurs que nous prônons, vous n'avez pas gagné. Et même mieux : vous ne gagnerai jamais. Car on se battre. Contre les terroristes et pas comme des terroristes."
Me Dan Hazan est le prochain à plaider aujourd'hui : "on le sait, une partie civile dans le cadre d'un attentat terroristes c'est l'expression de l'effroi. Les pleurs, les cris, l'expérience éprouvée de la résilience. Celle qui fonctionne et puis celle qui ne fonctionne pas"
Me Hazan : "et les porte-paroles que nous sommes peinent encore à trouver une place légitime derrière leurs clients. Porter la parole de l' @afvt_org c'est réaliser encore plus l'humilité derrière laquelle nous devons nous ranger."
Me Hazan : "L' @afvt_org est une des plus anciennes associations de victimes de France. Elle intervient pour toute sorte d'attentats. Face à un événement identique : la douleur, toujours injuste, mais toujours variable."
Me Hazan : " L' @afvt_org vient en aide pour soigner ces préjudices qui ne se voient pas. Ce sont aussi des interventions dans les écoles, les prisons. C'est une prise en compte de la souffrance des survivants ou des endeuillés dans le cadre des rencontres de victime à victime"
Me Hazan : " et si la souffrance doit durer au-delà de ce procès, et elle durera, qu'elle soit allégée par l'espoir de savoir que les victimes peuvent se retourner vers des oreilles amies."
Me Hazan : "c'est le moment où la culpabilité doit cesser d'être un sentiment. Elle doit devenir une décision de justice. Et vous allez la rendre."
Maître Bisaccia Berstein débute sa plaidoirie : "on leur en demande tant aux victimes : il faut qu'ils ne soit pas dans la haine, un peu dans la colère, toujours dans la dignité. Faites-nous du pathos esthétique."
Me Dorothée Bisaccia Bernstein : "il se trouve que j'ai de la chance : mes petites victimes sont si belles. Même quand elles arrivent tremblantes à l'audience, je leur propose d'être en mode patrouille de combattants. Elles me disent "d'accord, on va s'appeler la Pat'patrouille"
Me Bisaccia-Bernstein : "mes petites victimes souffrent parce que leur humanité leur a été niée le 13 novembre et parce que le fantôme de leur barbarie a présidé à leurs gestes. On n'est pas plus victime quand on sort à 23h30 qu'à 21h45. On est sulfaté de la même manière"
Me Laurent Ivaldi plaide à son tour : "si je prends la parole aujourd'hui c'est pour vous partager la réflexion de la sœur de Précilia Correia sur ce procès. Cette barbarie islamiste qui est présente depuis bientôt sept ans dans sa vie et son quotidien."
Me Ivaldi : "elle a été touchée par les excuses et les condoléances de certains des accusés. Elle veut croire que ce qui a été dit était sincère. Elle veut croire en cette part d'humain qui peut exister en chaque homme. Elle veut croire que la vie est plus forte que la mort."
Me Célia Nourredine plaide à son tour : "il est des absences qui font beaucoup de bruit. il y a des victimes, un trop grand nombre d'entre elles, qui n'ont jamais osé passé le pas de la porte de cette salle d'audience. Par peur, peut-être. Par culpabilité pour beaucoup."
Me Nourredine : "ce sont les mots de tant de victimes qui ont réinjecté la dose d'humanité qui faisait tant défaut dans le récit de la soirée du 13 Novembre 2015."
Place à la plaidoirie de Me Isabelle Guttadauro pour Fatou Diop, blessée alors qu'elle était dans une voiture : "la balle va transpercer le métal, le bras de son amie pour finir dans son fémur droit. Elle subit, elle a froid, son amie est en sang. Elle a pris trois balles."
Me Guttadauro : "à quelques mètres de Fatou Diop se trouve Lucille à la terrasse de la Bonne bière. Elle s'en veut encore d'avoir enjambé quelqu'un qui était blessé".
Me Guttadauro : "Fatou et Lucille ont intégrer les règles du procès pénal, elles ont compris qu'elles n'auraient pas d'explication ou tellement irrationnelles au nom de la souffrance d'autrui."
Me Guttadauro : "bataille après bataille et même si la lutte quotidienne est acharnée, ces femmes m'ont chargée de vous dire qu'elle vont gagner cette guerre."
Me Guttadauro : "Lucille, depuis quelques mois, n'assiste plus aux audiences. Elle se ménage, se préserve. Car elle porte la vie. Et m'a chargé de vous confier ce joli secret car elle dit que c'est sa plus belle victoire."
Me Delphine Malapert plaide à son tour pour Asta, 35 ans, fauchée bien trop tôt. Et avec elle un quartier foudroyé. Aminata et son fils qui au vu du nombre d'impacts sur la voiture sont des miraculés."
Me Malapert :"Asta a protégé , jusqu'à la dernière minute, Amara, en mettant la main sur la tête de son petit-neveu."
Me Malapert: "Les assassins d'Asta sont des lâches qui se cachent derrière l'islam, cette belle religion de paix et de tolérance. Au début de ce procès, j'avais un rêve fou : et si tous ensemble nous allions changer le monde ? Je n'ai toujours pas compris pourquoi Asta a été tuée"
Ynès Essaabaa : "Guillaume Valette n'est pas mort au Bataclan. Il s'est donné la mort deux ans après. "
Ynès Essaabaa : "veuillez pardonner mon émotion. C'est en raison de mon lien particulier avec la famille Valette et la confiance qu'ils m'accordent, alors que je plaide pour la première fois devant une cour d'assises, pour que je porte leur voix."
Ynès Essaabaa : "Guillaume aurait eu 36 ans en mai dernier. Le suicide de Guillaume est bien la conséquence ultime des attentats. Au cours de ces dix mois d'audience, la famille Valette a écouté les paroles et les silences des accusés."
Ynès Essaabaa : "Ils les ont parfois bouleversés, perturbés voire révoltés. Ce que la famille Valette espère en retour c'est que leur triste réalité résonnera dans le cœur des accusés."
L'audience est suspendue le temps d'une pause. Avant la suite des plaidoiries des avocats de parties civiles.
Fin de la pause et reprise de l'audience. Me Aurélie Cerceau poursuit les plaidoiries du jour : "avez-vous entendu ce silence ? L'avez-vous entendu ? Ce silence après le souffle des gilets explosifs, le sifflement des balles, les cris de douleur, de peur?"
Me Cerceau : "ce silence qui a étreint les survivants, celui qui a sidéré des familles entières. Ce silence qui a emplit cette salle d'audience jusqu'au moment où vous avez ouvert les débats, monsieur le silence."
Me Cerceau : "je l'ai entendu ce silence ; J'ai été happée par cette audience. Tous les jours, j'ai écouté battre la mesure de la gravité des faits. Ces récits m'ont changée. Ils nous ont tous changé."
Me Cerceau : "j'ai vu les parties civiles se serrées les unes contre les autres, se toucher du regard. J'ai vu mes confrères, de part et d’autre de la barre, tournant le visage, pour éviter qu'on ne surprennent leur larmes."
Me Cerceau : "et vous monsieur le président, pris d'une telle émotion que vous étiez incapable, un instant, de reprendre la parole. J'ai vu les accusés, le regard pris par l'émotion, les mains serrées."
Me Cerceau : "je suis convaincue qu'en écoutant palpiter ces coeurs, le carcan dans lequel se sont enfermés certains accusés peut se rompre. Alors lorsqu'après six ans de mutisme, la parole reprend, même fracassante, il faut l'écouter."
Me Cerceau : "il fallait donc aussi, et avec beaucoup d'attention, écouter les accusés. Nous devions interroger le silence de ceux qui ont décidé d'en user. Questionner les explications parfois nouvelles. Ecouter les contradictions, mais aussi les paroles de repentance."
Me Cerceau : "c'est l'essence même de notre justice dans ce qu'elle a de plus difficile et de plus honorable. en revanche, les victimes n'étaient tenues à rien. Chaque victime a le droit de s'insurger, de protester, de ne vouloir ni entendre, ni écouter, de haïr."
Me Cerceau : "le 13 Novembre @DewildeFred était au Bataclan, près d'une jeune fille qu'il ne connaissait pas. Pendant des heures, ils font les morts. Il tiendra la main de cette jeune fille dans la sienne, longtemps. Ils sont sortis tous les deux vivants de Bataclan."
Me Cerceau : "mais depuis, les dessins de @DewildeFred portent les stigmates de l'attentat. Il estime que la justice ne lèvera pas le voile sur leurs motivations, ne sèchera pas les larmes, mais donnera à la société la mesure de l'horreur."Me Cerceau : "Florian, lui, n'est pas là. Il n'est jamais venu au procès mais en a lu presque quotidiennement les retranscriptions. Ce soir-là, il était au balcon. Sa compagne était fatiguée, il est restée avec elle. Ils ont eu si peur. Ils ont réussi à fuir ensemble."
Me Cerceau : "certaines victimes sont venues tous les jours, d'autres très souvent. Elles ont écouté, sont parfois sorties de la salle, puis sont revenues. Amar est entré dans ma vie en décembre 2015, il avait 20 ans. Plus tard, j'ai rencontré son cousin. Ils sont kabyles."
Me Cerceau : "le 13 Novembre ils étaient serveurs au Carillon. Il a croisé le regard de Brahim Abdeslam à travers la vitre. Quand les tirs ont cessé, ils se sont retrouvés. Vivants. Sidérés. Ils ont découvert l'horreur sur les terrasses."
Me Cerceau : "les deux cousins voudraient devenir français, appartenir encore d'avantage à ce pays qui les accueilli et qui leur offre un procès, une écoute, un soutien."
Me Cerceau : "le 29 juin, la salle d'audience sera plongée dans un silence profond. En rendant votre verdict, vous le romprez à jamais. Votre décision marquera notre mémoire à tous. J'aimerais tant que votre décision permette aux accusés de le comprendre et d'avancer".
Place à la plaidoirie de Me Claire Josserand-Schmidt.
Me Josserand-Schmidt : "avouez qu'en ouvrant ce procès, vous ne vous attendiez pas à être emportés par une telle vague d'émotion. Vous êtes rodés aux cours d'assises. Mais étiez-vous préparés à entendre tant de douleur?"
Me Josserand-Schmidt : "vous avez peut-être cru qu'avec vos masques, on ne voyait rien, mais nous avons remarqué vos yeux rougis. Cette souffrance, livrée en confidence par les victimes, nous la recevons depuis plus de 6 ans dans nos cabinets. Une souffrance poisseuse, collante"
Me Josserand-Schmidt : "les paroles de victimes, ce n'est pas toujours beau et résilient. C'est parfois violent. Aveuglément violent."
Me Josserand-Schmidt : " je sais que c'est vain, ils sont tellement nombreux. Mais je voudrais que chacun marque un peu votre mémoire. Que vous ne vous souveniez pas d'eux comme une masse informe de douleur. Aurore, Mathieu, Adrien, Anne-Sophie, David, Jesse ..."
Me Josserand-Schmidt : "cette organisation de l'état islamique était déterminée, coûte que coûte, à faire couler leur sang. Sélectionnant ceux avec qui il fallait travailler, usant de tous les stratagèmes pour ne pas être détectés."
Me Josserand-Schmidt : "ce que les victimes attendaient, légitimement, c'est que les accusés parlent. Qu'ils livrent tous une vérité brute, sans calcul, sans retenue. Les victimes auraient souhaité et attendaient que les accusés aillent au-delà de l'enquête."
Me Josserand-Schmidt : "les détails, les préparatifs, qui y était, ce qu'il s'y est dit ... cela représente tellement, tellement pour les victimes. Cela n'aurait pas changé grand-chose pour le destin judiciaire de certains d'en dire davantage."
Me Josserand-Schmidt : "et pour les victimes, c'est une nouvelle injonction à faire le deuil de tout savoir. S'il est un point commun chez les victimes, c'est ce à quoi elles aspirent : à pouvoir se reconstruire débarrassé de la menace".
Me Josserand-Schmidt : "on les met en prison, ok. Mais qu'est-ce qu'on fait après, en prison, pour arrêter cette fabrique de terroristes ? Et qu'est-ce qu'on fait des liens ténus qui se sont construits avec certaines victimes ?"
Me Josserand-Schmidt : "le terrorisme c'est un homme qui aime son père, sa mère, sa femme, ses enfants. Mais qui a la conviction que son engagement doit primer sur tout. C'est ça la réalité du terrorisme de Daech."
Me Josserand-Schmidt : "tenter de comprendre procès, oui, d'une incorrigible foi en l'être humain. A chaque procès, on voit des victimes parler à des accusés. Voilà qui peut paraître étranger à première vue, mais beaucoup veulent recréer un lien."
Me Josserand-Schmidt : "des victimes ont échangés aux suspensions d'audience avec monsieur Oulkadi. Des victimes souhaiteraient parler à monsieur Abdeslam. Sachez-le. Entendez-le."
Me Josserand-Schmidt : "que défendons-nous dans tout cela. De quoi est-on avocat, en parties civiles, dans un procès comme celui-là ? De quoi devrait-on vous convaincre pour vous être un peu utile dans votre délibéré ?"
Me Josserand-Schmidt : " je ne défends pas la perpétuité. Je vous l'assure : si un jour mes clients sautent de joie, ce sera pour autre chose qu'une condamnation très sévère."
Me Josserand-Schmidt : "moi, je défends des morceaux de chair arrachés qui ne retrouveront jamais leur corps. Des oreilles qui ont entendus l'agonie, le bruit de la vie qui s'arrête. Je défends des plaintes animales à l'annonce de la mort. Je défends un ultime souffle."
Me Lucie Bertrand s'avance à la barre : " au début, on s'est un peu tous posé la question du sens de ce procès. Ces neuf mois, ont permis de donner la parole aux victimes pendant 7 semaines. Et celles qui l'ont prise représentent une part infime de leur nombre."
Me Bertrand : "la confrontation aux images des crimes, à l'enregistrement et aux paroles des victimes aurait pu faire vaciller les accusés. Ce procès ne peut avoir tout son sens si les accusés eux-mêmes, certains, n'y ont pas recherché un sens."
Me Bertrand : "aujourd'hui, six ans après, certaines parties civiles sont en colère. Et celles qui ne le sont pas sont loin d'être en paix."
Me Nathalie Senyk lui succède : "trouver du sens. Quelle étranger sensation que celle de l'Histoire qui se rejoue. Serait-elle sans fin ? Il y a quelques mois, nous évoquions déjà le gouffre : celui de l'assassinat de journalistes et dessinateurs dans une salle de rédaction"
Me Senyk : "quelques mois plus tard, c'est l'amitié qui se dessine dans l'obscurité d'une salle de concert. Quelle sensation étrange que d'entendre ici les mêmes mots. Ces fracas internes, intérieurs. Mais aussi la force. Cette force inouïe que vous avez vue".
Me Senyk : "et ce même silence. Ce silence imposé par les balles. Ne surtout pas bouger. Entendre pourtant son cœur crever son corps. Tenter d'en censurer ses battements anarchiques."
Me Senyk : "c'était un mercredi [l'attentat de Charlie Hebdo, ndlr], ce fut un vendredi [13 Novembre , ndlr]. Nous sommes tous armés pour leur faire de l'ombre."
Place à la plaidoirie de Me Clémence Witt : "elles n'ont pas voulu qu'on parle de leurs morts, elles l'ont fait pour elles. Mais elles ont cette singularité d'être parties civiles étrangères et non francophones."
Me Witt : "elles ont perdu un fils, un frère, un mari, un neveu. Pour ces familles déchirées, ce procès n'a pas vocation à faire l'histoire, ni à être un symbole. Devant cette cour, ce qu'elles voulaient, c'était voir les accusés, les entendre, les comprendre."
Me Witt évoque l'absence de traduction de la webradio : "le défaut de prise en charge a été vécu par elles [les victimes étrangères, ndlr] comme une négation"
Me Witt : "ces familles attendaient beaucoup. Et elles ont beaucoup appris. Elles se sont aussi interrogées : pourquoi les accusés n'ont pas été entendus plus longtemps ? Pourquoi n'ont-ils pas été confrontés ? Pourquoi deux procédures distinctes : belge et française ?"
Me Witt : "ce procès a permis la rencontre de 2 mères. La première s'appelle Maria-Christina et est venue dès qu'elle pouvait de Madrid, au gré de ses obligations professionnelles. La seconde s'appelle Nancy, elle est arrivée du Chili le 8 septembre. Et elle n'est pas repartie"
Me Witt : "à la retraite, elle s'est installée à Paris, seule, pour pouvoir être dans la salle tous les jours. En Espagne ou au Chili, le 13 Novembre est un jour comme les autres. Alors, elles se sont rapprochées. Elles attendent désormais un verdict qui les apaisera."
Place à la plaidoirie de Me Thomas Ricard. Lui aussi représente des victimes étrangères :"vous parler de ces Anglais, Ecossais, Irlandais, c'est évoquer l'immédiat après l'attaque. L'un sera dans le premier vol le lendemain et à midi dans son cottage écossais"
Me Ricard : "un autre sera dans un hôpital avant de repartir un mois plus tard en Eurostar. Un autre dans une chambre d'hôtel avant le retour en Angleterre. Le retour comme une nouvelle épreuve, celle de la mise à distance."
Me Ricard : "cette audience, nos clients l'ont suivie avec un goût inexorable pour a liberté, consubstantielle à la culture anglaise, écossaise, irlandaise"
Me Matthieu Chirez poursuit à son tour : "en arrivant à l'audience tout à l'heure, j'ai vu Michael O'Connor qui avait le sourire. Il avait le sourire parce qu'il est en vie. Et va pourvoir assister à ce qui matérialise l'accusation [les trois jours de réquisitoires, ndlr]
Me Leslie Mankikian évoque, dans sa plaidoirie, "ces pages de ce livre qui ne peuvent pas se tourner, mais se traverser. La Belle Equipe, petit bistrot de la rue de Charonne où on vient boire son café le matin, prendre un déjeuner sur le pousse et ses soirées du vendredi."
Me Mankikian : "ça respirait l'amitié. A la Belle Equipe, ça transpirait la vie. Ils étaient plus de 90 ce soir-là. 164 douilles. 164 coups de feu. 21 morts. 70 blessés."
Me Alexia Gavini plaide : "Tess, Tess. Deux mots prononcés par Djamila Houd avant de mourir. Tess a 8 ans le 13 Novembre 2015. Tess dort dans son lit d'enfant. Elle retrouvera maman demain après un dodo qui la fera voyager dans ses rêves d'enfant."
Me Gavini : "le lendemain matin ; Tess est fâchée : papa n'a pas respecté le pacte, il n'est pas rentré tôt. Pourquoi papa parle vite ? Trop vite ? Pourquoi tout est bizarre ? Même les images à la télévision sont bizarres."
Me Gavini : "maman est morte, Tess. Trois mots pour changer à jamais le destin d'une petite fille de 8 ans, amputée à jamais de l'amour de sa mère. Comment donner corps à ces mots, si irréels ? Comment lui dire qu'il n'y a ni mensonge, ni mauvaise farce ?"
Me Gavini : "Tess ne s'effondre pas. Jamais. C'est désormais elle, la femme de la maison. Et elle se doit de montrer l'exemple, surtout pour son père. Qui lui craque. Souvent. Quand elle enterre sa mère, c'est la seule qui ne pleure pas."
Me Gavini : "pour se protéger, Tess dort avec le foulard de sa mère, comme armure. Et comme bouclier son parfum. Aujourd'hui, Tess a 15 ans. Suffisamment grande pour s'avancer à cette barre. C'était décidé. Pourtant, elle n'a jamais franchi les portiques de sécurité"
Me Gavini : "elle est restée tétanisée devant les grilles de ce palais. Pas un mot. Pas une larme, mais un corps qui la bloque et vous empêche de venir jusqu'à vous."
Me Gavini : "sa guerre, c'est contre elle-même qu'elle l'a mène. Parce que vivre est un combat. Je ne peux pas vous dire que Tess va bien. Je la trahirais et je vous mentirais. Elle se dit que sa malédiction à elle c'est de ne pas être normale."
Me Gavini: "la réalité, elle la fuit. Parce que c'est trop dur de s'y confronter. Alors tous les moyens sont bons, qu'ils soient licites ou illicites, pour s'évader. Elle est persuadée qu'elle déçoit tout le monde. Et e demande si elle a le droit au bonheur après avoir tant déçu".
Me Daphné Pugliesi débute sa plaidoirie : "lorsque mes clients m'ont demandé de prendre en charge leur défense, je les ai informé de mon passé judiciaire, comme avocate de la défense dans le procès des attentats de janvier 2015.
Me Pugliesi : "l'avocat de la défense que je suis habituellement, pourrais vous dire, que le moment qu'on redoute le plus à cette place est la diffusion des images et du son des crimes qui sont la matérialité objective de l'infraction."
Me Pugliesi : "on n'a pas voulu voir. On n'a pas voulu entendre. Des images d'une salle vide, repeinte, ont été diffusées. Mais pour qui ? Pour les victimes ? Mes clients ont rampé dans le sang. Ils ne veulent pas de cette pudeur collective.'
Me Pugliesi : "et ce qui ne peut être vu dans les médias, doit l'être dans une cour d'assises. Comment juger le crime du Bataclan sans voir le crime du Bataclan. Alors après quelques mois, les victimes ont pu voir quelques images et quelques extraits du son."
Me Pugliesi : "mais deux heures de son sur un procès de 10 mois. Cette bande son aurait dû être diffusée, à mon sens, intégralement. Mais la pudeur s'est aussi manifestée d'une autre manière. Lorsque certaines victimes ont dit leur haine, cela nous a dérangés et heurtés."
Me Pugliesi : "chaque victime est légitime à haïr, à crier sa colère, sa souffrance. La justice doit accueillir la diversité des parties civiles. Et j'ai la conviction qu'elles s'allieront le 29 juin autour de votre décision parce qu'elle est notre dernier rempart démocratique."
Place à la plaidoirie de Me Zoé Royaux : "pour commencer ce procès, Alix a d'abord écouté la webradio. Mais elle ne voulait pas que son canapé, que son salon soit envahi par le 13 Novembre qu'elle porte déjà sur dans son corps."
Me Royaux : "combien de fois n'a-t-elle pas entendu ces phrases, prononcée avec la maladresse et la sincérité de celui qui se veut réconfortante : "tu as de la chance, tu n'as rien eu !" Alors elle a encaissé ces phrases. Car par où commencer ? Dire qu'elle n'est pas consolidée ?"
Me Royaux : "alors il a fallu se confronter à un box. Ce n'était pas simple car ce n'était pas eux au Bataclan. Et elle découvre des hommes qui ont son âge. Il n'y a pas de monstre dans les box, que des actes."
Me Royaux : "quoi que disent, quoi que fassent les accusés, c'est toujours trop tard. Ils ne sont jamais à la hauteur de leurs actes. Alors bien sûr, rien n'est pire que le silence ou la contestation. Mais une fois qu'on a dit ça, on ne dit rien. Alors qu'attendre : des excuses ?"
Me Royaux : "les victimes doivent composer avec leurs attentes contradictoires. C'est ingrat, c'est intenable."
Me Royaux : "attendre tout c'était aussi pour elle craindre la récupération, l'amalgame, le racisme, la bêtise. Si la justice est fondamentale, elle ne peut pas tout. Ça se passera ailleurs, au-delà."
Au tour de Me Laurence Cechman : "Guillaume a 32 ans. Quand il a décidé de venir à la cellule psychologique de la mairie du 11e arrondissement de Paris, deux jours à peine après avoir été dans la fosse du Bataclan."
Me Cechman : "Guillaume ne fera plus aucune démarche après cela, pas même déposer plainte. Il reprendra sa vie d'ingénieur informatique. Il ne savait pas encore qu'il s'était plongé, comme tous les autres ce soir là, dans n bac de décantation lent, silencieux, violent."
Me Cechman : "il a tout vu, tout entendu ce soir-là. Il a surtout enjambé, comme il ne cesses de me le dire, des corps blancs de personnes s'étant vidées de leur sang. Il a fallu deux ans à Guillaume pour déposer plainte après s'être rongé de l'intérieur."
Me Cechman : "depuis, Guillaume a tout quitté : son travail qu'il aimait, sa compagne qu'il aimait, Paris qu'il aimait. Et il vit aujourd'hui en ermite dans les montages de Savoie.
Me Cechman : "Maxime lui attendait ce concert. Ils sont venus à 13, ce 13 Novembre Et puis le concert à débuté : des amis, de la bière bien fraîche, des guitares, du rock. Un vrai concert. Quand tout a commencé, il était à côté d'un immense gaillard, un inconnu."
Me Cechman : "cet homme si grand a été fauché par les tirs et s'est effondré sur Maxime. L'a couvert. Funeste bouclier. Cet homme si grand s'est lentement, mais sûrement, vidé de son sang sur Maxime. D'abord des jets, puis plus lentement jusqu'au goutte à goutte."
Me Cechman : "Maxime avait 20 ans. On ne doit pas vivre ce genre de choses à 20 ans. Avec un trou noir à la place du cœur, du soufre dans les entrailles et un larsen dans l'esprit, le temps est l'ennemi des blessures."
Me Cechman : "votre verdict pourra peut-être être l'office salvateur. Je dis bien peut-être. Parce que peut-être pas."
Depuis le fond de la salle, Me Serge Money s'avance devant la cour : "C'est maintenant. Il n'y a pas d'autre manière de marquer le temps que par ce terme. Il s'agit de poser un mot sur un moment passé qui dure, dure, dure. Dure par sa rudesse. Par sa consistance. Pas sa cruauté"
Me Money : "C'était hier, c'est aujourd'hui, ce sera demain. C'est maintenant. Vous l'avez expérimenté, mesdames et messieurs de la cour, eux, ils l'ont vécu."
Me Bernard Benaïem est le dernier à plaider pour les parties civiles : "c'est un procès particulier où ceux que je représente ont été assassinés au nom d'une idéologie mortifère. Ce procès est politique parce que son mobile est politique."
Me Benaïem : "nous avons des hommes qui se revendiquent comme des hommes de foi. Si c'est cela être un homme de foi, je pense qu'il est préférable de faire le choix, que nous avons fait les uns et les autres dans cette salle, d'être des hommes de loi."
Me Benaïem : "je ne doute pas que le destin de la France se joue à travers votre décision et que vous y prendrez soin." "Fin des plaidoiries des parties civiles" annonce le président. "On reprendra demain avec les réquisitions du ministère public." L'audience est suspendue.
Jour 135 – Mercredi 8 juin – Premier jour de réquisitoire des avocats généraux
Bonjour à tous, 135e jour d'audience au procès des attentats du 13 Novembre 2015 et, surtout, jour de réquisitoire des avocats généraux. Premier jour, plus exactement, car il doit durer jusque vendredi.
Hier, c'était la fin des plaidoiries des avocats de parties civiles.
Dans la salle, les trois avocats généraux viennent d'arriver. Ils s'apprêtent à porter la voie de l'accusation pendant 6 heures, à tour de rôle, aujourd'hui (puis demain et vendredi). LT à suivre ici. Et à partir de 19h, édition spéciale sur @franceinter en direct du palais.
L'audience débute. Camille Hennetier est la première à se lever : "que retiendra-t-on de cette audience ? Quelles images ? Quelles paroles resteront ? Votre verdict, bien sûr. Le nom des disparus égrenés en septembre dernier. Les récits des victimes, enfin, incontestablement."
Camille Hennetier (AG) : "la cruauté des terroristes qui tirent au coup ar coup et achèvent certaines personnes avec délectation. Le tombeau, l'enfer dantesque du Bataclan. L'effroi, la terreur face à l'expérience solitaire de l'imminence d'une mort certaine."
Camille Hennetier (AG) : "la détermination et le courage de Clarisse qui défonce le plafond d'une loge du Bataclan, de Gaëlle et Amandine qui se sont accrochées à la vie et au regard d'un policier venu les sauver. La colère, comment ne pas la comprendre. Mais aussi la gratitude."
Camille Hennetier (AG) : "des parents, des conjoints, des frères et soeurs, des amis, sont venus nous raconter leur 13 Novembre l'après. Nous avons entendu aussi la solitude de Maya. Et enfin la culpabilité des rescapés d'être encore là, de ne pas avoir fait plus, d'être vivant."
Camille Hennetier (AG) : "ces récits nous ont tendu un miroir inversé : celui de personnes ouvertes et vivantes face à l'obscurantisme et au fanatisme, du courage des soldats de la République. L'éloge de la vie contre l'éloge de la mort. Celui de l'humanité face à la barbarie"
Camille Hennetier (AG) : "beaucoup de ceux qui sont venus témoigner à la barre nous ont fait part de leur sidération, de leur incompréhension absolue face à ces actes. Au terme de ces neuf mois de procès, ces victimes auront-elles compris pourquoi ?"
Camille Hennetier (AG) :"le 13 Novembre 2015 a fait irruption dans la vie de tous les Français. Les acteurs de la lutte antiterroriste redoutaient une action d'ampleur de l'Etat islamique. Mais le pire n'est pas toujours sûr et l'insouciance était de mise dans les rues de Paris"
Camille Hennetier (AG) : "une instruction de quatre ans et demi, menée par plusieurs juges d'instruction. Et au terme de cette instruction, une ordonnance de mise en accusation vertigineuse, qui a renvoyé 20 accusés devant la cour d'assises et enfin un procès de 9 mois, inédit."
Camille Hennetier (AG) : "Le 8 septembre au matin avait un goût de saut dans l'inconnu. Un procès hors norme, inédit, a-t-on beaucoup dit. Oui, mais aussi un procès normal. Ou plutôt, un procès normal pour des faits qui ne le sont pas."
Camille Hennetier (AG) : "du procès ne jaillit pas toujours LA vérité, mais UNE vérité : la vérité judiciaire. La survenance d'un attentat est un échec. Un échec collectif et multifactoriel. "
Camille Hennetier (AG) : "L'accompagnement des victimes et les familles dans les jours suivants, malgré la bonne volonté, n'a pas été à la hauteur du drame. "
Camille Hennetier (AG) : "pour autant les parties civiles venues à la barre ont manifesté leur confiance en la justice. La justice rationnalise l'irrationnel. Elle est un rempart à la colère."
Camille Hennetier (AG) : "comme l'a dit une partie civile à la barre : "ce procès nous a permis de penser". C'est un très bel hommage. "
Camille Hennetier (AG) : "il est temps maintenant de reconstruire le puzzle. Et vous devrez, dans votre délibéré, examiner les éléments dans leur ensemble et les remettre en perspective. Pour autant, il reste des zones d'ombre. Sur les accusés eux-mêmes. Sur les faits aussi."
Camille Hennetier (AG) : "toutes les questions qui nous taraudent ont une réponse. Et la réponse se trouve dans le box. La plupart des accusés savent. Ils savent presque tout. Mais ils se sont tus. Et se tairont jusqu'à la mort."
Camille Hennetier (AG) : "nous avons fait le choix d'abandonner certains éléments que nous avons jugés insuffisamment étayés, non pertinents."
Camille Hennetier (AG) : "l'objet du procès c'est de discuter des charges, à la lumière de considérations juridiques, jurisprudentielles et factuelles."
Camille Hennetier (AG) : "Salah Abdeslam est renvoyé comme co-auteur des attentats du 13 Novembre 2015. C'est le seul survivant des commandos. IL n'est guère contestable que les attaques ont constitué une opération unique, commise par des personnes interchangeables."
Camille Hennetier (AG) : "la place de Salah Abdeslam dans cette cellule terroriste est autre que celle d'un complice. Il ne s'est pas contenté d'aider, il y a participé."
Camille Hennetier (AG) : "l'infraction d'association de malfaiteurs terroriste est une infraction obstacle. Elle ne nécessite pas que l'auteur ait eu une connaissance précise des actes préparés. Il suffit qu'il ait participé au groupe en connaissance de sa nature terroriste. "
Camille Hennetier (AG) : "il est évidemment plus naturel de se joindre à un groupement dont on partage les idées, mais on peut aussi le faire en dehors de tout engagement djihadiste, par cynisme, amitié ou appât du gain par exemple."
Camille Hennetier (AG) : "l'association de malfaiteurs terroriste revêt dans ce dossier plusieurs réalités : du membre de l'Etat islamique empêché de se faire exploser en France du fait de son arrestation, au copain d'enfance apportant une aide ponctuelle à un ami radicalisé."
Camille Hennetier (AG) : "ce dossier est une enquête franco-belge et au-delà, internationale sur des attentats planifiés en Syrie, préparés en Belgique et exécutés en France. La totalité des accusés, à l'exception de Muhammad Usman et Adel Haddadi ont été arrêtés en Belgique."
Camille Hennetier (AG) : "durant cette audience, nous nous sommes plongés dans ce dossier vertigineux lourd de plus de 470 tomes et près de 48 000 cotes. Les attentats du 13 Novembre s'inscrivent au plus haut de la hiérarchie de l'Etat islamique."
Camille Hennetier (AG) : "l'Etat islamique va mettre toutes les chances de son côté. La structure de la cellule est pyramidale."
Camille Hennetier : "la préparation des attentats du 13 Novembre 2015 s'articule, dans un premier temps, autour de deux blocs assez étanches dont Oussama Atar [le commanditaire, ndlr] constitue le socle commun."
Camille Hennetier :"nous avons un réquisitoire chronologique : la naissance du projet en zone irako-syrienne tout d'abord, l'organisation des attaques ensuite, puis les attentats en eux-mêmes. Et enfin, les suites du 13 Novembre et la reconstitution d'une cellule à Bruxelles."
Après cette introduction, Camille Hennetier cède la parole à son collègue Nicolas Braconnay pour la première partie du réquisitoire : "en tant que représentants, devant vous, d'un parquet spécialisé, nous avons quelques années d'expérience judiciaire de ce terrorisme protéiforme."
Nicolas Braconnay : "peut-on trouver un point commun entre les 33 membres identifié de la cellule ayant organiser les attentats du 13 Novembre un pakistanais de 30 ans ?"
Nicolas Braconnay : "entre un jeune bruxellois sans histoire de 10 ans son cadet, des frères condamnés pour grand banditisme ?"
Nicolas Braconnay : "de quelle idéologie parle-t-on? Celle qui nous occupe est clairement identifiée. Elle s'affiche complaisamment dans les textes, les vidéos, les nasheeds [chants djihadistes, ndklr]."
Nicolas Braconnay : "elle transparaissent dans les mots des accusés. Il s'agit de l'islamiste djihadiste. Cette doctrine qui entend soumettre l'intégralité de l'espace social aux règles les plus rétrograde et ce, par la violence, par le combat."
Nicolas Braconnay : "ce procès n'est pas celui du djihadisme en général, mais celui de criminels terroristes en particulier. Un terme a été beaucoup utilisé, beaucoup critiqué aussi à cette audience : celui de radicalisation."
Nicolas Braconnay : "nous convenons qu'il pose un certain nombre de problèmes. D'abord, il est imprécis. Il nous semble que la radicalisation définit les différentes étapes d'adhésion à l'idéologie. Deuxième problème : il peut fait l'objet d'instrumentalisation."
Nicolas Braconnay : "Et puis, troisième problème, évoqué à la barre par @MicheronH : ce concept, les individus qui le désignent ne s'y reconnaissent jamais."
Nicolas Braconnay : "on peut quand même dire que loin de stigmatiser une pratique religieuse, cette caractérisation se manifeste dans ce dossier : par exemple le fait de refuser de serrer la main des femmes, de diviser le monde entre mécréants et croyants etc."
Nicolas Braconnay : "aucun attentat n'avait eu lieu sur notre sol entre 1996 et 2012. La France est parmi les plus gros pourvoyeurs de combattants étrangers pour l'Etat islamique."
Nicolas Braconnay : "à cette audience, on a aussi beaucoup entendu l'argument géopolitique. La France aurait été visée parce qu'elle faisait partie de la coalition, dans une sorte de djihad défensif."
Nicolas Braconnay : "ce pseudo-raisonnement est sans doute le lieu commun le plus éculé de la propagande de l'Etat islamique. En réalité, cet alibi géopolitique est purement rhétorique. Il met sur le même plan des situations incomparables et un scandale moral."
Nicolas Braconnay : "cet argument géopolitique est aussi à ce point faible qu'il ne se suffit jamais à lui-même. Tous ceux qui l'utilisent sont obligé d'y ajouter un autre argument, religieux : "vous êtes des mécréants".
L'audience est suspendue quelques instants avant la suite du réquisitoire.
L'audience reprend pour la suite du réquisitoire à trois voix des avocats généraux.
Nicolas Braconnay poursuit : "le projet des attentats du 13 Novembre a été conçu plusieurs mois avant sa mise en oeuvre." Mais alors, qu'il aborde le parcours du commanditaire, son micro se coupe. "Désolé", sourit le président avant de le rallumer.
Nicolas Braconnay : "la première date qui nous intéresse dans le parcours d'Oussama Atar c'est le 13 septembre 2003, date à laquelle il quitte la Belgique pour Damas. Ce départ, il le cache à ses parents alors qu'il n'a qu'un motif : celui d'apprendre l'arabe."
Nicolas Braconnay : "Oussama Atar est arrêté en Irak, par les Américains, au motif qu'il aurait fait partie d'un groupe djihadiste. Il est condamné et détenus dans les prison d'Abou Graïb et Camp Bucca"
Nicolas Braconnay : "le 18 septembre 2012, il est mis en examen en Belgique pour "participation à un groupe terroriste" et il est laissé libre."
Nicolas Braconnay : "certes aujourd'hui, on sait que celui qui était présenté comme un agneau était en réalité un loup. Mais il faut avoir l'humilité de reconnaître qu'à ce moment-là, on était fin 2012, les choses étaient moins claires."
Nicolas Braconnay : "en 2013, une réservation pour un vol Bruxelles-Istanbul est faite au nom d'Oussama Atar. Il empruntera le vol aller. Mais ne reviendra jamais en Belgique."
Nicolas Braconnay : "si on ignore les détails du parcours syrien d'Oussama Atar, li est évident que son ascension au sein de l'Etat islamique sera extrêmement rapide dès son arrivée en décembre 2013"
Nicolas Braconnay : "par la suite, Oussama Atar va prendre la tête de deux structures d'élite de l'Etat islamique : la Liwa As Saadiq et la cellule des opérations extérieures"
Nicolas Braconnay : "les opérations extérieures, c'est-à-dire les attentats projetés depuis le califat, vont progressivement occuper une place croissante au sein de l'Etat islamique.
Nicolas Braconnay : "l'implication d'Oussama Atar dans l'enquête ressort d'un élément matériel objectif : la ligne téléphonique turque dont le numéro figure sur un bout de papier dans la poche d'un des kamikazes du Stade de France et dans le téléphone d'Adel Haddadi à Léros."
Nicolas Braconnay : "Oussama Atar était chargé du recrutement, de la sélection des cibles et de la projection des commandos en Europe. "
Nicolas Braconnay : "la personne d'Oussama Atar est la seule qui fait le lien entre les différents groupes des 33 membres de la cellule terroristes. Non seulement, il est le chef de la cellule mais aussi le point de jonction entre les cadres intermédiaires."
Nicolas Braconnay : "faut-il parler d'aveuglement, de complaisance ou même d'admiration de la famille [d'Oussama Atar, ndlr] pour ce fils aîné ?"
Nicolas Braconnay : "soit il s'agit d'une stratégie concertée de dissimulation pour protéger l'un des siens et se protéger elle-même. Soit parce que la famille a considéré qu'il n'y avait rien à voir d'un extrémisme qui lui semblait, à elle, tout à fait normal."
Nicolas Braconnay : "puisque nous évoquons l'entourage d'Oussama Atar, venons en à son frère Yassine dont chacun aura ici remarqué qu'il essaie de mettre à distance ce grand frère dont l'ombre encombrante pèse sur lui."
Nicolas Braconnay : "cette crainte, celle d'être un coupable de substitution, est évidemment légitime. Et il serait malhonnête de nier que ses liens de parentés ont joué dans l'intérêt des enquêteurs. Mais ses liens de parenté ne constituent en rien une charge suffisante".
Nicolas Braconnay : "sur ce point, Yassine Atar peut être rassuré sur les intentions de l'accusation. Là où notre accord avec Yassine Atar cesse c'est qu'en refusant d'être un coupable par substitution, il refuse d'être un coupable tout court."
Nicolas Braconnay : "comment expliqué que la clé usb retrouvé à son domicile contient 45 nasheeds, comment expliquer que dans son téléphone on retrouve des messages le jour de l'accouchement de sa femme demandant si la péridurale était hallal ou pas ?"
Nicolas Braconnay : "comment expliquer des messages reprochant à sa mère de souhaité la bonne année, "fête de kouffars", ces nombreux messages à sa femme lui reprochant sa façon de s'habiller ou d'avoir envisagé d'aller à la piscine lors d'une séance de baignade non mixte ?"
Nicolas Braconnay : "comment expliquer que ses consultations Facebook regorgent de consultations religieux, de messages, dans les jours suivants le 13 Novembre 2015, renvoyant à la responsabilité de la politique française ?
Nicolas Braconnay : "alors attention, nous ne disons pas que tout ceci est répréhensible. Il pense ce qu'il veut, Yassine Atar. Mais nous disons que tout ceci existe. Et que cela permet de mieux appréhender sa personnalité".
Nicolas Braconnay : "est-ce que le fait que Yassine Atar écumait les bordels de Tanger, si cela est vrai, change quelque chose à la donne. Sans doute pas si ce n'est d'en faire le fils spirituel de Tartuffe plus que Bacchus. Et de démontrer sa duplicité"
Après Yassine Atar, l'avocat général Nicolas Braconnay poursuit avec la personnalité d'un autre des accusés dans le box, en l'occurrence Mohamed Bakkali. Rappelons que ce dernier a déjà été condamné à 25 ans de réclusion pour l'attentat du Thalys.
Nicolas Braconnay : "Mohamed Bakkali avait une conception extrémiste, lui dira orthodoxe, de la religion. Il avait une apparence rigoriste, apparaît régulièrement barbu."
Nicolas Braconnay : "Mohamed Bakkali professe une conception pour le moins misogyne et inégalitaire du mariage au nom de la religion. Une conception maximaliste de la religion dont la conception était de parvenir à une pratique sans faille."
Nicolas Braconnay : "on peut regretter que Mohamed Bakkali ait choisi de limiter ses explications au seul interrogatoire de personnalité. Alors Mohamed Bakkali nous a dit que ce choix du silence était un choix difficile."
Nicolas Braconnay : "nous avons tendance à le croire sur ce point. Pas seulement parce qu'il s'est montré très bavard dans le box au cours des débats. Mais ce choix lui permettait ni de se contredire, ni de se dédire, ni de faire face à ses propres contradictions".
Nicolas Braconnay passe à la personnalité de l'accusé Ali El Haddad Asufi : "l'examen des supports informatiques d'Ali El Haddad Asufi révèle plus un un goût pour le cannabis que pour la pratique rigoriste de l'islam."
Nicolas Braconnay : "mais il y a cette conversation avec Ibrahim El Bakraoui sur l'autorisation de l'homosexualité, sur laquelle Ibrahim El-Bakraoui ne tolère même pas qu'on puisse plaisanter. Est-ce que cette conversation est révélatrice de l'idéologie d'Ali El Haddad Asufi?"
Nicolas Braconnay : "je n'en sais rien. Mais ce qui est sûr c'est qu'Ibrahim El-Bakraoui, ne fait absolument pas mystère de sa radicalisation."
Nicolas Braconnay évoque par ailleurs le voyage en Grèce, mais en réalité une tentative de départ en Syrie d'Ibrahim El-Barakoui à l'été 2015, dans lequel Ali El-Haddad Asufi est intervenu. Et qui fait partie des charges qui pèsent à son encontre.
Nouvelle suspension "salvatrice pour tout le monde", sourit Nicolas Braconnay. "Je ne sais pas si elle sera salvatrice, mais sans doute bienvenue", lui répond le président. Petite pause donc.
Reprise de l'audience pour la dernière partie du réquisitoire (pour aujourd'hui). Cette fois c'est Nicolas Le Bris au pupitre, pour évoquer Molenbeek : "la juge Isabelle Panou est venue et nous a dressé le portrait de Molenbeek. Elle a parlé d'un quartier de 100 000 habitants"
Nicolas Le Bris : "70% de la population est d'origine marocaine, et il est fait de petites maisons individuelles. Elle [la juge d'instruction belge Isabelle Panou, ndlr] nous a dit qu'il y avait peu de rues de cette partie de Bruxelles qu'elle n'avait pas perquisitionné."
Nicolas Le Bris : "de très nombreux jeunes de ce quartier ont rallié l'Etat islamique. Mais Molenbeek a aussi servi de base arrière, pas seulement de base de départ, mais de base arrière de terroriste pour leur passage à l'acte."
Nicolas Le Bris : "sur les 10 terroristes du commando du 13 Novembre, 4 sont originaires de Molenbeek. Abdelhamid Abaaoud est né en 1987, il a passé toute sa jeunesse à Molenbeek. Il s'est d'abord fait connaître en Belgique comme un délinquant de droit commun".
Nicolas Le Bris : "Abdelhamid Abaaoud va rejoindre les rangs de la brigade des immigrés, cet escadron franco-belge d'une quarantaine de djihadistes basée dans la région d'Alep, en Syrie. Dans ses rangs, se trouve le frère de Mohamed Abrini [alias l'homme au chapeau, ndlr]
Nicolas Le Bris : "dès le mois de mars 2014, la brigade des immigrés va acquérir une sinistre et terrible renommée suite à la vidéo du pick-up, filmée par Abdelhamid Abaaoud" [sur laquelle, on l'aperçoit, tout sourire, tractant les cadavres de Syriens, ndlr]
Nicolas Le Bris : "cette vidéo a constitué un électrochoc pour le grand public mais elle a aussi le rôle de déclic pour tant d'autres."
Nicolas Le Bris : "Abdelhamid Abaaoud ne va pas se contenter de commettre des massacres en Syrie, rapidement, il va commencer à regarder vers l'Europe : la Belgique et la France."
Nicolas Le Bris : "Abdelhamid Abaaoud est devenu ce personnage ultra-violent, impliqué en Syrie dans des actes d'une barbarie inouïe et dans des projets d'attaques et des attentats en Europe. Ultra médiatisé aussi."
Nicolas Le Bris : "mais ses fidèles amis ne vont pas lui tourner le dos. Et à Molenbeek, la bête noire des services de renseignement va susciter une fascination chez de nombreux jeunes de ce quartier."
Nicolas Le Bris : "Aux Béguines [le café tenu par les frères Abdelsam, ndlr], on vend de l'alcool et des stupéfiants mais on propose aussi de la propagande djihadiste. C'est devenu le siège d'un fan-club d'Abdelhamid Abaaoud."
Nicolas Le Bris : "à l'audience, Salah Abdeslam et Mohamed Abrini n'ont pas fait mystère de leur engagement djihadiste actuel. Mais tous deux ont essayé de brouiller les cartes pour retarder au maximum le moment de bascule vers le djihadisme."
Nicolas Le Bris : "Molenbeek constitue un vivier historique de djihadistes. A compter de janvier 2015, on assiste à une nouvelle vague de départs [vers la Syrie, ndlr] dans le quartier"
Nicolas Le Bris évoque le parcours de Mohamed Abrini, l'un des ces jeunes de Molenbeek dont le petit frère a rejoint les rangs de l'Etat islamique, y est mort au combat. Et qui, lui aussi, a effectué un séjour en Syrie "où il a bénéficié d'un mot de passe : Abdelhamid Abaaoud"
Nicolas Le Bris : "quand Mohamed Abrini arrive en Syrie, Raqqa est une usine à attentats. Et pensez-vous qu'Abdelhamid Abaaoud aurait recruté un homme qui ne serait venu en Syrie que pour faire du tourisme ? Cela n'est pas concevable."
En raison de l'édition spéciale de @franceinter en ce moment en direct du palais de justice pour évoquer ces neuf mois d'audience du procès des attentats du 13 Novembre 2015, je clos exceptionnellement ce live-tweet avant la fin de l'audience du jour. Et vous retrouve à l'antenne
Et alors que vient de s'achever le Téléphone Sonne de @franceinter en direct du palais de justice et consacré au procès des attentats du 13 Novembre 2015, s'achève également la première journée de réquisitoire.
En cette journée riche et intense de couverture du réquisitoire pour l'antenne et le site de
@franceinter un très grand merci pour vos remerciements, encouragements, cafés et carrés de chocolat (les intéressés se reconnaîtront). Bonne soirée !
Jour 136–Jeudi 9 juin – Deuxième jour de réquisitoire des avocats généraux
Jour 136 au procès des attentats du 13 Novembre Suite du réquisitoire, jour 2 sur 3. Comme hier, les trois avocats généraux vont exposer les charges qu'ils retiennent contre les 20 accusés. 14 présents et 6 absents, tous jugés, même les présumés morts.
L'audience reprend, jour 2. Camille Hennetier, avocate générale : "J'en viens maintenant à l'organisation des attentats"
Elle cite plusieurs attentats qui ont lieu avant le 13 Novembre tous montés en partie par A. Abaaoud : Villejuif, Thalys...
Mais "c'est Oussama Atar qui a fait le choix de combattants aguerris" pour le 13 Novembre. Avec lui Abdelhamid Abaaoud.
Oussama Atar est considéré comme le commanditaire présumé des attentats du
Camille Hennetier cite les noms de plusieurs terroristes du 13 Novembre qui ont fait partie de katibas francophones : A. Abaaoud, S. Amimour, B. Hadfi, C. Akourh...
Elle parle de leur katiba, "unité de choc de l'EI composée de combattants aguerris"
Camille Hennetier rappelle que deux des terroristes du 13 Novembre sont partis ensemble de France en septembre 2013 : Samy Amimour et Ismaël Mostefaï. Quelques mois plus tard, les rejoint dans leur katiba Foued Mohammed-Aggad.Camille Hennetier : "Ce trio du Bataclan a noué des liens étroits en Syrie quand ils prennent la route pour la France été 2015"
Camille Hennetier : "Les kamikazes du Stade de France choisis par Oussama Atar au sein de la Liwa Al Sadiq", composée de soldats d'élite qui participent ponctuellement au sein de prisonniers.
Camille Hennetier dit que les kamikazes irakiens choisis ici pour "compléter le groupe franco-belge", et elle explique qu'un accusé du box faisait partie de cette Liwa Al Sadiq selon elle : l'accusé Krayem.
Osama Krayem, cheveux longs dans son box, accusé suédois, considéré comme un des plus hauts gradés de EI dans ce box. A assisté à l'exécution d'un pilote jordanien brûlé vif dans une cage par EI.
Camille Hennetier rappelle qu'en mai 2015, Krayem écrit à son frère et à sa soeur qu'il a accepté de participer à une "mission suicide"
Camille Hennetier revient sur la vidéo "du supplice du pilote jordanien, Osama Krayem y figure en bonne place, il en est fier, y figurer est un honneur, pas pour un quidam de EI"
Camille Hennetier estime que l'uniforme qu'il portait ce jour-là, "pas neutre", un uniforme dont il est vêtu sur toutes les photos envoyées à sa famille, "pas un prêt" donc.
Camille Hennetier : "Le parcours d'Osama Krayem est celui d'un soldat aguerri totalement acquis à la cause de l'EI et choisi pour commettre un attentat-suicide"
Camille Hennetier : "Il est fier d'en être. Cette fierté et cette loyauté" qu'il a évoqué devant les policiers lors d'interrogatoires, dit-elle.
Camille Hennetier : "Il ne renie pas ses convictions, il dit je suis un soldat de Daech même s'il ne cautionne pas certains actes"
Camille Hennetier passe à l'accusé Sofien Ayari, Tunisien, 28 ans. Il disait de EI : "C'est pas des anges, mais c'est des gens qui essayent de faire de leur mieux dans un milieu de guerre"
Camille Hennetier : "A l'audience, il a reconnu s'être livré à des combats de base avant d'être grièvement blessé au visage." Il dit avoir été recruté pour partir en mission en Europe sans en dire plus.
Elle rappelle qu'il a tiré sur des policiers en Belgique au moment lors de la cavale de Salah Abdeslam, avec qui il était planqué en 2016 -avant les attentats de Bruxelles.
Camille Hennetier s'attaque maintenant à l'accusé Usman, pakistanais, qui "a gommé une dizaine d'années de son histoire au Pakistan", elle dit qu'il avait rejoint un groupe taliban.
Elle estime que ses déclarations à l'audience ne tiennent pas : "son invraisemblable périple et qu'il n'aurait pas combattu". Dit qu'il a combattu, à Ramadi, en Irak, ce qu'a nié Usman. Brillamment défendu par ses avocats sur les images de Ramadi, peu probantes pour eux.
Camille Hennetier s'attaque à l'accusé Adel Haddadi qui assure "être arrivé en Syrie par hasard, prétend avoir été cuisinier à Raqqa". Pour elle ça ne tient pas. Elle rappelle son compte Facebook lors de son arrestation en Autriche en décembre 2015 : liens avec membres EI.
Adel Haddadi et Muhammad Usman sont partis ensemble de Syrie. Camille Hennetier ne croit pas au hasard de leur recrutement. Ils n'ont pas été choisis pour rien pour elle.
Camille Hennetier : "Si Oussama Atar a choisi Osama Krayem, Sofien Ayari, Muhammad Usman et Adel Haddadi, c'est pour leur loyauté et leur parcours au sein EI et parce qu'ils étaient candidats" pour une mission.
Camille Hennetier : "Najim Laachraoui est présenté par EI comme artificier des attentats. Selon Osama Krayem, Laachraoui connaît Omar Darif. Darif venu pour aider à confection des ceintures et devait repartir"
Camille Hennetier : "Omar Darif est l'expert en explosifs de EI. La fabrication du TATP est certes relativement aisé, mais sa stabilisation nécessite une certaine expérience et avoir déjà fait des essais"
Camille Hennetier : "Une fois recrutés, les candidats s'entraînent". Elle cite le nom des terroristes du 13 Novembre qui coupent le contact avec leurs familles à l'été.
Camille Hennetier : "Avant de partir en mission, les candidats vont faire un rituel macabre, l'exécution d'un prisonnier. Pour eux, la moitié du djihad passe par les médias. Il faut terroriser l'ennemi"
Camille Hennetier : "Les supports sont divers, publications écrites, vidéos exécution, nasheed, ect" EI a poussé à son "paroxysme" le djihad médiatique. Et elle s'attaque maintenant aux frères Clain, accusés absents, présumés morts.
Elle rappelle qu'ils ont quitté Toulouse avec du matériel d'enregistrement. Et qu'ils sont la voix de la revendication des attentats du 13 Novembre Fabien Clain lisait le texte de revendication, Jean-Michel Clain chantait sur fond de nasheed, musique entêtante reprise par EI
Puis le 24 janvier 2016, la vidéo de revendication, que l'on a vue à ce procès
Mise en scène macabre et terrifiante, "Tuez-les où que vous les rencontriez !", tous les terroristes des commandos parisiens présents à l'image "sauf Salah Abdeslam" rappelle C. Hennetier.
Camille Hennetier note qu'on "ne sait quasiment rien sur la façon dont Hadfi, Amimour, Akrouh, Mostefaï ont quitté la Syrie et sont arrivés à Budapest"
Camille Hennetier : "L'enquête sur le Thalys permettra de constater que même mode opératoire, même passeur". Attentat du Thalys, août 2015. C'est à l'été que les commandos parisiens quittent la Syrie aussi.
Elle rappelle que tous ceux qui ont quitté la Syrie, ont tous faux passeports syriens : "Adel Haddadi dit qu'ils ont été photographiés la veille de leur départ à Raqqa"
Camille Hennetier note que ces photos ont été retrouvés dans un ordinateur d'une planque belge, donc "ça montre une continuité parfaite dans la cellule terroriste", entre Syrie et Belgique, dit-elle.
Camille Hennetier : "Une fois que les terroristes ont passé la frontière turco-syrienne, il leur reste à prendre la route pour l'Europe et se mêler au flot de réfugiés"
Camille Hennetier : "Plus de 40 000 migrants sur l'île grecque de Leros" cet été 2015. Elle note que l'EI a voulu limiter les risques.
Camille Hennetier rappelle que les commandos voyagent entre la Syrie et l'Europe entre le 30 août et le 13 octobre. Au départ : un passeur. Puis une traversée en Méditerranée. Et à la fin, un chauffeur qui vient les chercher de Belgique.
Camille Hennetier revient sur Sofien Ayari : "Il a reconnu avoir été recruté en Syrie pour une mission non précisée, mais n'a rien dit de la logistique de ce voyage"
Camille Hennetier : "Osama Krayem assure avoir envie de revoir sa famille en Suède et évoque un désaccord avec EI". Mais en juillet, il dit à son frère : "les kouffars sont nos ennemis, hais-les mais ne le montre pas"
Camille Hennetier : "Les éléments du dossier montrent qu'ils ont quitté la Syrie ensemble pour une mission commune. Krayem enregistré sur l'île de Leros. Ayari le lendemain", Omar Darif peu après. Les 3 hommes voyageaient ensemble, dit-elle.
Camille Hennetier : "L'EI est parvenu à projeter 14 hommes pour commettre des attentats en Europe avec un réseau de passeurs et de soutien logistique pour rejoindre la cellule déjà installée en Belgique"
Camille Hennetier : "C'est une mission-clé dans l'organisation des attaques, car sans terroriste pas d'attaque. Celui qui rapatrie les commandos, celui en qui la cellule place toute sa confiance, pas quelqu'un de l'extérieur. C'est Salah Abdeslam qui va s'en charger"
Camille Hennetier commence à dire que Salah Abdeslam a donc eu un rôle-clé. D'abord en allant louer des voitures. Elle note qu'il les a louées à son nom, alors qu'il disposait de faux papiers d'identité qu'il n'a pas utilisés.
Camille Hennetier revient sur une des locations par Salah Abdeslam avec Mohammed Amri. Estimant que Amri ce jour-là a été "probablement instrumentalisé"
Camille Hennetier : "Le 14 septembre, Mohammed Amri sans doute un prête-nom ou un chauffeur, s'il avait su la finalité, il aurait sans doute refusé"
Camille Hennetier : "Mais Mohammed Amri aurait dû s'interroger sur les locations de trois grosses cylindrées en un mois !"
Camille Hennetier note que Salah Abdeslam ne reconnaît pas tous les voyages vers Budapest pour rapatrier des membres du commando. Il a expliqué à l'audience que s'il les avait tous faits, il le dirait, mais elle ne le croit pas
Camille Hennetier décortique les voyages et les données de téléphonie sur les autoroutes hongroises. Démonte un appel que les avocats de la défense avaient mis en avant.
Les terroristes du Bataclan font partie du 3e voyage. Ils arrivent à Budapest le 9 septembre. Le 16 septembre, un véhicule Audi loué. "Salah Abdeslam comme le chauffeur au cours de ce périple. Sa ligne cesse d'émettre avant le voyage et reprend 30 minutes après", indice selon AG
Salah Abdeslam pourtant être le chauffeur de ce véhicule lors de ce 3e voyage pour le trio du Bataclan. Pour l'avocate générale, les éléments qu'il avance sont "acrobatiques"
Elle estime que c'est "lui qui a loué à son nom le véhicule Audi" et le fait qu'il soit "rentré à vide, laissant le trio seul et en totale contradiction" avec le reste. Donc elle estime qu'après l'hôtel à Budapest, il repart avec le trio en Belgique, en lien avec interlocuteur.
C. Hennetier passe au 4e voyage, Ulm : Krayem, Ayari, Darif. "Ils ont quitté leur hôtel dans la nuit pour rejoindre leur chauffeur", Salah Abdeslam les a ramenés jusqu'en Belgique. "Les investigations n'ont pas permis la téléphonie", mais téléphone d'Abdeslam coupé avant/pendant.
La téléphonie hyper importante dans l'enquête. Sur le 5e voyage, pour les 2 Irakiens, mercedes louée par Amri, C. Hennetier : "j'admets que moins d'éléments pour dire que Salah Abdeslam le chauffeur".
Mais même mécanisme pour tous ces voyages selon elle. Des voitures louées, un chauffeur, des commandos qu'on rapatrie, récupération en Belgique.
Camille Hennetier revient sur les "lignes téléphoniques dédiées". Nomme un des frères El Bakraoui, logisticiens morts en kamikazes dans les attentats de Bruxelles. Et elle attaque aussi Mohamed Bakkali.
C. Hennetier : "Mohamed Bakkali a accueilli le trio du Bataclan lors de leur arrivée à Bruxelles. Il utilise l'Audi louée par Salah Abdeslam. Il s'est rendu à 00h, et a coupé son téléphone quelques minutes avant, et il rallume le téléphone vers 4h du matin à Verviers"
C. Hennetier : "Mohamed Bakkali est également impliqué dans le retour de O. Krayem, S. Ayari et O. Darif"
C. Hennetier note encore une fois que la ligne téléphonique est suspecte, coupée aussi avant le trajet et après, et l'enquête encore qui pointe la téléphonie et la géolocalisation. Mais Bakkali conteste.
C. Hennetier : L'arrivée des terroristes en Belgique le 31 août marque une mutation de la cellule. Date symbolique. A partir du 1er septembre, la cellule entre "dans une phase concrète d'exécution, le compte à rebours a commencé"
C. Hennetier revient sur le duo Usman-Haddadi, bloqués à Leros, et finalement arrêtés en Autriche en décembre 2015. A Leros, ils avaient été arrêtés un mois et ensuite "ont acheté un téléphone, appelé Abou Ahmed", alias Oussama Atar, commanditaire présumé.
C. Hennetier : "Le 11 décembre, Abou Ahmed leur dit, oui mais pas encore, le médicament n'est pas bon"... Elle analyse : ils restent planqués tant que le commanditaire ne leur dit pas de bouger.
Selon elle, ils ont raté les attentats du 13 Novembre var en retard sur leur chemin, mais "la cellule est active en Belgique", alors C. Hennetier suppose que le 11 décembre, Atar leur dit de ne pas bouger encore. Misant possiblement sur les prochaines attaques.
Camille Hennetier estime que pendant tout ce temps, Usman et Haddadi "sont restés loyaux" à leur commanditaire "alors qu'ils disposaient d'une liberté de mouvement" et "ils n'ont jamais cherché à contacter leurs familles".
Ainsi ils sont pour lui restés au service de la cellule.
Après une suspension, reprise des réquisitions. C'est Nicolas Braconnay qui se lève. Il estime que "s'il y a une forteresse entre la cellule et l'extérieur, à l'intérieur de la cellule, il n'y a pas de cloisonnement". Ce serait pour lui absurde.
Le cloisonnement a beaucoup été mis en avant durant les débats. Des accusés expliquant que comme c'était cloisonné, ils n'étaient pas au courant, en somme. L'avocat général estime donc que le cloisonnement ne tient pas à l'intérieur de la cellule.
Nicolas Braconnay : "Tous ne sont pas djihadistes mais tous ceux que vous jugez ont accepté d'accomplir leur concours à un groupement terroriste que ce soit par conviction, par lâcheté, ils ont contribué à armer la bête"
Nicolas Braconnay estime que la logistique fait partie du "djihad subsidiaire", ainsi que le nommait Al Adnani, un des chefs de EI qui a appelé à attaquer l'Europe dès 2014.
Nicolas Braconnay : "Grâce à l'enquête, on sait que les 12 hommes projetés en Europe entre le 1e septembre et le 14 octobre, vont rejoindre deux cadres de la cellule terroriste : Abdelhamid Abaaoud et Ibrahim El Bakraoui"
Nicolas Braconnay rappelle 9 faux passeports syriens et 18 fausses cartes d'identité belges. Un important atelier de fabrication de faux documents. On saura par la suite que 14 fausses cartes belges utilisées (4 par Bakkali, 8 par les commandos, autres pas utilisées)
Nicolas Braconnay rappelle que Salah Abdeslam n'a pas utilisé ces fausses cartes. "Il faut insister sur l'insistance primordiale de ces fausses cartes"
Nicolas Braconnay s'attaque donc à l'accusé Farid Kharkhach. "Je précise que nous ne reprochons à Yassine Atar aucun rôle dans les faux papiers. Cette charge contre lui est abandonnée".
Il en revient au rôle de Farid Kharkhach. "Rôle d'intermédiaire de 3 fausses cartes pour un frère Bakraoui et Bakkali"
En fait, au total "4 cartes peuvent lui être imputées" sur les 14. Et les 10 autres ? Cartes du réseau Catalogue.
N. Braconnay : "A vrai dire, cela ne change rien à ce qui lui est reproché, avoir fait l'intermédiaire avec I. El Bakraoui"
Nicolas Braconnay qui dit qu'à défaut d'une adhésion à l'idéologie du djihad qui ne lui est pas reprochée, la question est de savoir s'il a conscience de la nature terroriste quand il fait des faux papiers pour El Bakraoui.
Et Nicolas Braconnay ouvre la porte à la possibilité de ne pas condamner Farid Kharkhach pour association de malfaiteurs terroriste, mais pour association de malfaiteurs criminelle, sans le T de l'AMT. "Vous verrez", lance-t-il à la cour.
Toute la question est donc de savoir ce que se disait Kharkhach de Bakraoui. "Il avait la réputation d'un criminel, violent, qui fait peur", rappelle Nicolas Braconnay.
Nicolas Braconnay : "Nous avons Monsieur Kharkhach contre votre ressenti aucun mépris", mais il démonte les propos de Kharkhach qui s'est dit menacé en somme lors de ses premières auditions devant les enquêteurs en Belgique.
Nicolas Braconnay : "Nul ne prétend que Farid Kharkhach en savait davantage, qu'il a agi par idéologie, il a agi par lâcheté et par cupidité"
Nicolas Braconnay s'attarde maintenant sur les caches. Intenses recherches en août / septembre 2015. Mohamed Abrini, entre autres, a cherché ces caches.
Nicolas Braconnay : "Ces recherches sont à mettre en rapport avec l'arrivée imminente des premiers commandos"
Nicolas Braconnay : "Mohamed Bakkali louera plusieurs appartements" sous des alias Castillo ou Malonzo. Bakkali a tardivement admis ce rôle mais en disant qu'il n'avait été qu'un "éxécutant de Barkraoui". Ce qui ne tient pas pour l'avocat général.
Nicolas Braconnay : "Comment Bakkali qui devait être l'associé deviendrait une seconde main ?"
Nicolas Braconnay estime que Mohamed Bakkali a toujours joué un rôle actif dans les planques : "le doute n'est plus permis, il connaît la nature des appartements destinés à accueillir des hommes pour commettre des attentats de masse"
Nicolas Braconnay s'attaque maintenant à l'accusé Ali El Haddad Asufi. Et s'apesantit sur une soirée où un frère El Bakraoui dans une planque avec Bakkali. Ils reçoivent un appel d'un phone shop. C'est El Haddad Asufi qui borne à 30 mètres du phone shop…
Nicolas Braconnay revient à Mohamed Bakkali qu'il désigne comme "un surintendant de la terreur dans la logistique des caches"
Nicolas Braconnay : "Mohamed Bakkali est le seul membre de la cellule qui connaissait les six caches. Pourtant il ne dira rien de ces caches avant 2016".
N. Braconnay revient sur un audio retrouvé dans une planque, et entendu ici. Sur un fichier "avocats", on lui dit la ligne à tenir en cas d'arrestation. Pour l'avocat général, cet audio est "terrible, le meilleur des réquisitoires" et prouve que Bakkali resté loyal à la cellule.
C'est en tout ce que dit Nicolas Braconnay et selon lui, certains déplacements sont "de véritables tournées entre les caches"
Nicolas Braconnay est lancé dans les formules qui claquent. Et parle du "rôle de Mohamed Bakkali dans la tectonique des planques"...
Et il s'attaque à la recherche des armes. Dont est accusé Ali El Haddad Asufi avec Bakkali.
Nicolas Braconnay : "Il est tentant de rapprocher les 31 chargeurs commandés pour K. El Bakraoui et les 33 chargeurs retrouvés le soir du 13 Novembre " Mais c'est impossible de l'affirmer selon les experts.
Et il parle des recherches d'armes aux Pays-Bas. "Recherche de Clio". Nicolas Braconnay : "Ils disent maintenant que c'était bien un nom de code mais pour du cannabis"
Ali El Haddad Asufi qui échangeait beaucoup avec son cousin pour l'achat de "5 Clios"...
L'avocat général qu'il y a un lourd faisceau d'indices pour retenir les déplacements d'Ali El Haddad Asufi au titre de l'AMT, association de malfaiteurs terroriste.
Nicolas Braconnay en vient à l'achat de dispositifs de déclenchement de feux d'artifice. Reprochés à Salah Abdeslam. Mais qui n'ont pas servi le 13 Novembre Mais qui aurait pu selon un expert dit l'avocat général.
Nicolas Braconnay : "Force est de constater que des bouchons ont été utilisés pour la fabrication des gilets explosifs"
Nicolas Braconnay, à la cour : "Les deux accusés qui ont laissé le plus de temps dans les planques n'ont rien dit, Osama Krayem et Sofien Ayari, je vous demande de ne pas être dupes de cet escamotage"
Nicolas Braconnay qui note que plusieurs accusés ont dit qu'il ne se disait rien dans ces planques. Cf le fameux cloisonnement. L'avocat général s'étonne de la possibilité de ce cloisonnement, quand il voit les accusés autant bavardé entre eux dans le box
Il est vrai que chaque jour, dans le box, bavardages incessants entre des accusés. Certains plus bavards que d'autres.
Et Nicolas Braconnay s'attarde sur une soirée entre trois accusés, Atar, Bakkali et El Haddad Asufi, le 19 septembre. Soirée sur laquelle "des incohérences, des refus de s'expliquer"
Nicolas Braconnay : "Vous devrez remarquer que cette soirée intervient à un moment charnière, lendemain de l'arrivée du trio du Bataclan et après location d'un box.
Nicolas Braconnay invite la cour à ne pas voir le dossier en le découpant, mais "avec une continuité". Il trouve que la défense incite à une lecture "impressionniste, elle est dans son rôle", mais lui dit qu'il ne faut pas avoir "une lecture myope"
Nicolas Braconnay : Tel bornage ou tel élément peut sembler anodin isolément, mais il incite à tout prendre dans "la continuité".
Nicolas Braconnay en a fini avec "l'analyse de la façon dont ce projet s’est concrétisé. A la fin du mois d’octobre, l’ensemble des membres de la cellule sont là". On va passer à "l'analyse de cette mise à exécution de notre cauchemar".
Après une suspension, Nicolas Le Bris se lève à son tour, pour dire "le cauchemar" du 13 Novembre "qui a fait 132 morts". Il dit le nombre de 132 morts : 130 le soir des attentats, et deux suicides depuis dont un pendant le procès.
Nicolas Le Bris rappelle d'abord que A. Abaaoud est arrivé le 6 août en Europe et qu'alors la cellule n'a jamais été "dormante".
Nicolas Le Bris estime qu'il y avait projet de tuer à l'arme blanche aussi le soir du 13 Novembre, rappelle que des couteaux de boucher trouvés dans une voiture.
Nicolas Le Bris : "il y avait cinq groupes de terroristes pour attaquer deux pays, la France et les Pays-Bas"
Nicolas Le Bris : "Manifestement, les cibles finales ont été validées dans les derniers jours avant les attentats"
Nicolas Le Bris note une "absence de précautions par les frères Abdeslam et Mohamed Abrini. Nous sommes convaincus que cette prise de risque traduit leur intention de mourir lors des attentats"
Nicolas Le Bris : "Voici donc trois Molenbeekois au coeur des préparatifs des attentats". Locations de voitures et de caches à partir du 9 novembre.
Nicolas Le Bris : Le soir du 10 novembre, Salah Abdeslam dîne avec sa fiancée. Il pleure. “Cela ressemble bien à une soirée d’adieu” selon l'avocat général.
Nicolas Le Bris : "Quelles sont donc les explications de Mohamed Abrini et Salah Abdeslam ? Mohamed Abrini disait ne pas avoir été dans la confidence des attentats".
N. Le Bris: "Mohamed Abrini disait (en enquête) ne pas avoir été dans la confidence des attentats. Mais à l’audience du 22 mars 2022, il semblait avoir fait un petit pas vers la vérité. Il avait admis avoir rencontré Abaaoud et avait lâché : j’étais prévu pour le 13"
N. Le Bris : "Un petit pas, car évidemment cette proposition, Abaaoud l’a faite bien avant, lors de son séjour en Syrie".
Nicolas Le Bris décortique minute par minute les heures précédant les attentats du 13 Novembre Et c'est si dense que je fais une pause dans ce LT que je terminerai en décalé, avec un papier web @franceinter
Jour 137–Vendredi 10 juin – Dernier jour de réquisitoire des avocats généraux
Bonjour à tous, C'est aujourd'hui la 137e journée d'audience. Et une de celles qui comptent au procès des attentats du 13 Novembre2015 puisque c'est la fin du réquisitoire et la réclamation, par les avocats généraux des peines pour chacun des 20 accusés (dont 6 absents).
L'audience reprend pour la fin des réquisitions. C'est Nicolas Le Bris qui se lève "pour revenir plus en détail sur cette soirée d'épouvante du vendredi 13 Novembre 2015. De façon quasi simultanée, les lions vont entrer dans Paris et Saint-Denis."
Nicolas Le Bris (AG) : "entre 21h16 et 21h53, trois attentats kamikazes sont perpétrés au niveau du Stade de France. C'est l'attentat de la porte D, à 21h16 qui va donner le coup d'envoi de ces attaques minutieusement coordonnées".
Nicolas Le Bris (AG) : " entre 21h24 et 21h41, cinq terrasses parisiennes sont attaquées. La question s'est posée de savoir si ces terrasses avaient pu être choisies ou sélectionnées en amont de ces attentats. Nous savons que le secteur a été repéré en début d'après-midi."
Nicolas Le Bris (AG) : "21h47, les terroristes font finalement leur entrée au Bataclan. Pour certains des otages, le cauchemar durera jusqu'à minuit 20. Et plus tard encore pour certaines personnes retranchées dans les combles."
Nicolas Le Bris (AG) : "doivent être considérés comme des otages, tous les spectateurs qui étaient dans la salle de spectacle au moment de l'entrée des trois terroristes".
Nicolas Le Bris (AG) : "l'arsenal mis en œuvre témoigne de la volonté de ne laisser aucune chance aux victimes : 6 kalachnikov, 33 chargeurs et 7 ceintures explosives. Les effets de ces munitions démoniaques sont terribles : une seule d'entre elle peut ôter plusieurs vies"
Nicolas Le Bris (AG) : "la fureur sanguinaire de ces criminels était donc sans limite. C'est un massacre, un carnage qu'ils voulaient perpétrer et malheureusement, ils y sont parvenus"
Nicolas Le Bris (AG) : "en octobre, puis au moins de mai, plus de 400 parties civiles se sont présentées à la barre de la cour d'assises. Elles nous ont raconter comment leur vie avait basculer en une fraction de seconde. Une douce soirée de novembre qui se termine en cauchemar"
Nicolas Le Bris (AG) : "les photos des terrasses présentées par les enquêteurs sont glaçantes. Et, comme au Bataclan, ces téléphones qui sonnent dans les poches des morts."
Nicolas Le Bris (AG) : "les témoignages et les paroles des victimes, c'était une étape de ce procès où nous avons pris en pleine face une partie de la souffrance des victimes."
Nicolas Le Bris (AG) : "avec mes collègues, nous travaillons sur ces attentats quasiment depuis les premières minutes. Pourtant, je dois dire qu'avant d'entendre ces récits, nous n'avions pas pris toute la mesure de cette douleur."
Nicolas Le Bris (AG) : "le sang des morts et celui des blessés se sont ensuite blessés pour former des flaques ou des marres visqueuses. On ne distinguait plus personne sur les scènes de crime. Comme dans un charnier."
Nicolas Le Bris (AG) : "comble de l'effroi certaines victimes ont même été souillées par les débris du cadavre d'un de leurs bourreaux" Les dépositions des victimes ont été un des moments forts de ce procès".
Nicolas Le Bris (AG) : "leurs récits nous ont permis de nous rendre compte de la réalité de ces attentats. Symboliquement, elles sont aussi sorties de ce charnier."
Nicolas Le Bris (AG) : "la lâcheté pourrait être la devise de cette organisation terroriste. Ou même peut-être plutôt lâcheté et perversion. Quel contraste donc avec la bravoure et le courage des forces de l'ordre. "
Nicolas Le Bris (AG) : "venons-en à Salah Abdeslam. C'est peut-être la magie de l'audience, désormais Salah Abdeslam prétend que sa cible était un café du 18e arrondissement et qu'il devait agir seul."
Nicolas Le Bris (AG) : "à l'audience, ses avocats lui ont tendu une perche, en lui posant la question suivante : quel serait votre intérêt d'évoquer la cible du café plutôt que le métro ou le Stade de France ? Qu'avez-vous à une gagner ?"
Nicolas Le Bris (AG) : "tout le monde ici l'a compris : cela aurait pu le faire passer pour un membre des commandos, or cela coïncide mal avec sa thèse de l'invité de dernière minute. Cela n'est pas crédible et Salah Abdeslam le sait parfaitement."
Nicolas Le Bris (AG) : "ne soyons donc pas naïfs, s'il a effectivement parlé, Salah Abdeslam ne nous a en réalité rien dit nous permettant d'en savoir plus sur la soirée des attentats."
Nicolas Le Bris (AG) : "contrairement à ce que disent les avocats de Salah Abdeslam, il n'y avait pas de couteau de boucher dans la Clio, mais un couteau à bout rond, tout juste bon à étaler le beurre sur une tartiner. Sa ceinture explosive était donc sa seule arme ce soir-là".
Nicolas Le Bris (AG) : "nous avons acquis cette conviction : celle que Salah Abdeslam a bien tenté de faire exploser sa ceinture après avoir abandonné sa Clio place Albert Kahn dans le 18e arrondissement."
Nicolas Le Bris (AG) : "le commando du Bataclan a attendu le démarrage des commando du Stade de France et des terrasses pour passer à l'acte. Pourtant, il est difficile d'affirmer que le Bataclan était la cible ultime. Il semble qu'Abdelhamid Abaaoud n'avait pas fini le travail"
Nicolas Le Bris (AG) : "Salah Abdeslam est un co-auteur des crimes de tous les commandos et pas seulement du Stade de France. Comme les complices, il a le sang de toutes victimes sur la conscience. Et en tant que co-auteur c'est comme s'il avait ce sang sur les mains."
Nicolas Le Bris (AG) : "pour en finir avec Salah Abdeslam, on peut estimer que l'activation de sa nouvelle piste à 21h30 marque le début de sa cavale. "
Nicolas Le Bris (AG) : "après le Comptoir Voltaire [et l'explosion de gilet de Brahim Abdeslam, ndlr], compte tenu de leur détermination et leur armement, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh devaient commettre une nouvelle action."
Nicolas Le Bris (AG) : "leur parcours erratique dans Paris et l'abandon de leur arsenal semble révélateur d'un imprévu. Quelle était donc l'autre cible ?"
Nicolas Le Bris (AG) : "au vu des éléments du dossier, il apparaît que la piste d'un attentat à Roissy est la plus sérieuse. Une piste sérieuse mais aucune certitude".
Nicolas Le Bris (AG) : "une fois les attentats perpétrés, encore fallait-il les revendiquer pour en maximiser la terreur."
Nicolas Le Bris (AG) : "dans la stratégie de l'Etat islamique ces revendications occupent une place essentielle."
Nicolas Le Bris (AG) : "Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh se retrouvent dans un buisson d'Aubervilliers. C'est dans un terrier que finissent les deux lions avec une ceinture explosive et un pistolet automatique. La cellule aura pour but de leur trouver une cache. "
Au tour de Nicolas Braconnay de se lever : "à la suite de l'attentat, la cellule terroriste a atteint une partie de son but, mais elle ne cesse pas son activité pour autant."
Nicolas Braconnay (AG) : "le retour en Belgique de Salah Abdeslam constitue pour la cellule un imprévu majeur, qu'il fasse suite à un désistement ou un dysfonctionnement de sa ceinture [explosive, ndlr]"
Ce moment où, subitement, en plein milieu du réquisitoire, les lumières s'éteignent dans la salle d'audience. L'avocat général, Nicolas Braconnay s'interrompt, sourit. Puis la lumière revient. Et le réquisitoire peut se poursuivre.
Nicolas Braconnay (AG) : "c'est au moment de la prise en charge de Salah Abdeslam a Châtillon qu'il révèle à Hamza Attou et Mohamed Amri la mort de son frère en kamikaze et sa propre participation aux commandos'.
Nicolas Braconnay (AG) :"concernant Hamza Attou et Mohamed Amri, tout les accable : ils sont deux, face à un individu seul, désarmé. Ils peuvent à tout moment le dénoncer à la police, prendre la fuite en voiture. Ils avaient de multiples occasions de se défaire de Salah Abdeslam"
Nicolas Braconnay (AG) : "arrivé à Bruxelles, Salah Abdeslam sait bien que Mohamed Amri et Hamza Attou sont grillés du fait des contrôles sur le trajet. Le recours à Ali Oulkadi est donc stratégique pour protéger la suite de sa cavale et le reste de la cellule."
Nicolas Braconnay (AG) : "il faut bien mesurer ce que représentait, y compris à Bruxelles, pour quiconque et donc aussi pour eux, le fait d'accepter d'apporter son concours à la cavale d'un des membres des commandos terroristes qui venaient d'ensanglanter Paris".
Nicolas Braconnay (AG) : "personne ne peut contester que les circonstances dans lesquelles chacun d'eux a appris la participation de Salah Abdeslam aux attentats, a pu provoquer un stress ..."
Nicolas Braconnay (AG) : "... mais de là à considérer que ce stress a paralysé leur compréhension, il y a un pas qu'on ne peut franchir"
Nicolas Braconnay (AG) : "nous croyons qu'on peut concevoir à la fois que leur comportement doit à une forme de loyauté déplacée vis à vis d'un copain du quartier, un désarroi psychologique et aussi une complaisance idéologique dans laquelle ils baignaient depuis des mois"
Nicolas Braconnay (AG) : "on ne reproche pas à Hamza Attou, Ali Oukaldi et Mohamed Amri de partager les objectifs de Salah Abdeslam, mais d'avoir agi en considération que le recel qu'ils commettaient était en lien avec une entreprise terroriste".
Nicolas Braconnay (AG) : "le soir du 14 novembre 2015, les attentats ont eu lieu et sont, du point de vue de la cellule, un incontestable succès." La suite, les autres projets de la cellule, seront abordés après une suspension d'audience.
L'audience reprend. La parole est maintenant à l'avocate Camille Hennetier. "Je conclus avec ce qui constitue les derniers instants de la cellule terroriste".
Camille Hennetier (AG) : "neuf des terroristes sont morts les 13 et 18 novembre à Paris et Saint-Denis. Les autres sont encore en vie et vont devoir se terrer."
Camille Hennetier (AG) : "au lendemain des attentats du 13 Novembre 2015, les caches de Jette et Charleroi sont délaissées, la planque de Schaerbeek constitue la zone de repli de la cellule."
Camille Hennetier (AG) : "la France reste une priorité, la Belgique doit rester une base arrière. L'Euro de football est évoqué comme un rêve, faire exploser un camion rempli de 600 kg de TATP dans la foule. Un autre projet est de kidnapper une ou deux têtes"
Camille Hennetier (AG) : "l'interpellation de Salah Abdeslam est Sofien Ayari marque un tournant pour la cellule terroriste. Ces événements fragilisent la cellule terroriste. Il n'est plus question de l'Euro de football, il faut passer à l'acte en urgence. Ce sera le 22 mars."
Camille Hennetier (AG) : "il vous faudra vous retirer en emportant les témoignages, les questions, les colères. Les parties civiles sont fait part de leur confiance en un état de droit qui permet aux accusés de s'expliquer, de se défendre, d'être défendus."
Camille Hennetier (AG) : "le terrorisme fait partie des infractions les plus sévèrement réprimées en droit français".
Camille Hennetier (AG) : "il a été question de la radicalisation des accusés. Il a aussi été question de taqqya, qui consiste à mentir sur sa foi, à la cacher."
Camille Hennetier (AG) : "les frères Abdeslam avaient, dès 2014, la conviction chevillée au corps le fait de partir et faire quelque chose pour leurs frères et pourtant, ils ont continué à vivre leur vie d'avant."
Camille Hennetier (AG) : "l'engagement idéologique s'inscrit de façon centrale dans la personnalité des accusés, leur dangerosité et leur capacité à se réinsérer. La réinsertion, l'amendement passe nécessairement par un abandon de ce au nom de quoi ces crimes ont été commis."
Camille Hennetier (AG) : "or, lorsqu'on nous dit que la charia se place au-dessus de la loi des hommes, lorsque la démocratie, la République sont jugées incompatibles avec leurs valeurs, qu'elle est la réalité d'un désengagement ?"
Camille Hennetier (AG) : "les accusés qui se revendiquent de cette idéologie le font librement, et en conscience."
Camille Hennetier (AG) : "il y a eu cet espoir que les accusés parlent, qu'ils regrettent. Certains se sont ainsi accroché à la moindre de leurs paroles."
Camille Hennetier (AG) : "quelles considérations peuvent mener à ce que de jeunes Européens acceptent le sacrifice de leur vie en prenant celle des autres, si ce n'est d'avoir chevillé au corps la croyance que cela est juste ?"
Camille Hennetier (AG) : "nous savons parfaitement que la prison n'est pas le gage d'un désengagement immédiat. Mais pour autant c'est la seule réponse sociale acceptable pour protéger la société."
Camille Hennetier (AG) : "pourquoi certains ne sont-ils pas allés jusqu'au bout ? Pourquoi Salah Abdeslam et Mohamed Abrini sont-ils rentrés de Paris ? Que pensez lorsque Salah Abdeslam nous dit qu'il a renoncé par humanité ? Renoncer à quoi d’ailleurs ?"
Camille Hennetier (AG) : "ne s'agit-il pas plutôt de la peur de leur propre mort ? Un réflexe de survie ? Force est constater que l'attitude de Mohamed Abrini ou Salah Abdeslam ne laissent aucune place au regret ou au remord. Ils n'ont en réalité en rien renoncé à semer la mort."
Camille Hennetier (AG) : "ils n'ont en outre en rien renoncé à considérer la mort des autres comme légitimes."
Camille Hennetier (AG) : "le silence, enfin. Lors d'une procédure pénale, le silence est un droit. Et le mensonge aussi. C'est aussi une consigne de la cellule. La plupart des accusés en ont fait usage : du silence et du mensonge. Ils sont restés solidaires jusqu'au bout."
Camille Hennetier (AG) : "venons-en maintenant aux peines. Compte tenu des charges et éléments qui vous ont été exposés, la plupart des peines qui vont être requises sont des peines lourdes. Très lourdes."
Camille Hennetier (AG) : "en aucun cas on ne doit être condamné pour ce que l'on pense, mais pour ce que l'on a fait au nom de ce que l'on pense."
Camille Hennetier (AG) : "la sanction a pour objectif de réparer ce que les auteurs d'actes de terrorisme avaient déstabilisé. Le crime est d'une telle gravité que la sanction ne peut être qu'en adéquation avec cette gravité."
Camille Hennetier (AG) : "nous vous demandons de déclarer coupable l'ensemble des accusés des faits" qui leurs sont reprochés.
Camille Hennetier (AG) : "s'agissant des absents, à savoir les commanditaires et complices restés sur zones et dont les décès ne font l'objet d'aucune certitude, la condamnation est d'abord une mesure de prudence."
La réclusion criminelle à perpétuité est ainsi requise contre le commanditaire Oussama Atar, Obeida Arif Deibo, Oma Darif, Fabien et Jean-Michel Clain, très probablement morts en Syrie.
Camille Hennetier poursuit ses réquisitions "s'agissant de ceux que l'on peut appeler les petits mains"
Camille Hennetier (AG) : "Abdellah Chouaa, ne pouvait en aucun cas ignorer l'état d'esprit de son ami Mohamed Abrini" et son attitude n'est pas le gage d'une remise en question et d'une prise de conscience"
Camille Hennetier (AG) : "Ali Oulkadi est le dernier à avoir vu Salah Abdeslam au lendemain des attentats et il n'a rien dit".
Camille Hennetier (AG) : "la peine maximale prévue pour recel de terroriste doit être prononcée à l'encontre d'Hamza Attou. 6 ANS DE PRISON sont dont requis à l'encontre d'Hamza Attou.
Camille Hennetier (AG) : "il faut souligner l'attitude irréprochable de messieurs Chouaa, Attou et Oulkadi qui comparaissent à l'audience. Libres, ils se sont présentés chaque jour. Et cela n'a sans doute pas été sans incidence financière du fait de leur résidence en Belgique."
Camille Hennetier (AG) : "en revanche, le choix de la sanction les concernant ne peut être guidé par le fait à tout prix de leur éviter une réincarcération. En conséquence, la question du mandat de dépôt va se poser."
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre d'Ali Oulkadi nous requérons une peine de 5 ANS d'emprisonnement. A l'encontre d'Hamza Attou, 6 ANS d'emprisonnement, assortie d'un mandat de dépôt. A l'encontre d'Abdellah Chouaa, 6 ANS d'emprisonnement, assortie d'un mandat de dépôt."
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre de Mohamed Amri, nous requérons une peine de 8 ANS d'emprisonnement."
Camille Hennetier (AG) : "concernant Farid Kharkhach, "le coup de main ponctuel", nous requérons la peine de SIX ANS d'emprisonnement"
Yassine Atar et Ali El Haddad Asufi, le parquet estime qu'ils "ont eu connaissance de préparatifs suspects mais n'ont pas apporté d'aide effective à la réalisation des attentats", requiert Camille Hennetier.
Camille Hennetier (AG) : "contrairement à ce qu'il prétend, Yassine Atar n'a fait preuve ni d'une particulière transparence, ni d'une particulière constance. Il n'a cessé de louvoyer, préférant commenter le dossier plutôt que s'expliquer simplement sur les faits."
Camille Hennetier (AG) : "Yassine Atar [frère du commanditaire Oussama Atar, ndlr] n'est pas la victime expiatoire d'un système judiciaire aux abois aveuglé par son patronyme."
Camille Hennetier (AG) : "à l'image d'une personnalité rigide, Ali El Haddad Asufi n'a jamais rien concédé et s'est contenté de dire qu'il était victime d'un complot."
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre de Yassine Atar, nous requérons une peine de 9 ANS d'emprisonnement, assortie d'une peine de sûreté des 2/3. A l'encontre d'Ali El Haddad Asufi, nous requérons une peine de 16 ANS d'emprisonnement, assortie d'une peine de sûreté des 2/3"
Camille Hennetier : "Salah Abdeslam a focalisé toutes les attentions, les attentes, les colères, mais son rôle ne doit pas éclipser le rôle des logisticiens."
Camille Hennetier : "Mohamed Bakkali est omniprésent, il est connu de tous les membres de la cellule, il en est la partie émergée. C'est une pièce maîtresse qui concentre toutes les attentions de la cellule, jusqu'au bout."
Camille Hennetier (AG) : "Mohamed Bakkali nous a impressionné par sa maîtrise, son calme, son niveau de langage et son aisance. C'est un caillou dans la chaussure de celui qui aurait voulu apparaître comme l'idiot utile. Utile, sans aucun doute. Idiot, certainement pas."
Camille Hennetier : "nous requérons à l'encontre de Mohamed Bakkali la peine de réclusion à PERPETUITE assortie d'une peine de sûreté de 22 ans"
Camille Hennetier (AG) poursuit ses réquisitions au sujet de Muhammad Usman et Adel Haddadi : "ils auraient dû faire partie des commandos du 13 Novembre 2015. C'était là leur mission, ils l'avaient acceptée."
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre, de Muhammad Usman et Adel Haddadi, nous requérons la peine de 20 ANS de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté des deux tiers."
A l'encontre de Ahmed Dahamni, absent de l'audience car incarcéré en Turquie, "nous requérons la peine de 30 ANS de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté des deux tiers", poursuit Camille Hennetier.
Camille Hennetier (AG) passe maintenant à "ceux qui faisaient partie du dispositif des attentats du 13 Novembre 2015. Sofien Ayari et Osama Krayem, tout d'abord.
Camille Hennetier (AG) : "Sofien Ayari est intelligent, son français est parfait et il a voulu donner à son discours une coloration plus politique que religieuse. Il a ans cesse relativisé, contextualisé l'horreur des attentats."
Camille Hennetier (AG) : " on ne peut pas interpréter le silence d'Osama Krayem et Sofien Ayari autrement que comme un mépris pour votre cour, surtout de la part de deux hommes qui, dans le box, sont ceux qui en savent le plus sur la cellule".
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre de Sofien Ayari et Osama Krayem, nous requérons la peine de réclusion criminelle à PERPETUITE, assortie d'une peine de sûreté de 30 ans
Camille Hennetier achève son réquisitoire avec "ceux qui ont fait partie du convoi de la mort : Salah Abdeslam et Mohamed Abrini" qui "restent pétris d'idéologie".
Camille Hennetier (AG) : "Salah Abdeslam a livré une version tardive, après 6 ans de silence, en contradiction totale avec de nombreux points. Il a choisi son moment. Il a aussi choisi ses questions. Un jeu de dupe."
Camille Hennetier (AG) au sujet de Salah Abdeslam : "c'est dire le chemin qu'il lui reste à parcourir avant de s'engager, peut-être un jour, dans la voie du repentir. Saura-t-il, voudra-t-il payer le prix fort de son retour au libre arbitre ?"
Camille Hennetier (AG) : "Salah Abdeslam est resté jusqu'au bout fidèle à son idéologie et incapable d'exprimer un remords. il est loin d'avoir manifesté un abandon de cette servitude volontaire".
Camille Hennetier (AG) : "Mohamed Abrini a simplement donné de son propre rôle une version conforme aux éléments du dossier, sans jamais aller au-delà".
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre de Mohamed Abrini, nous requérons la peine de réclusion criminelle à PERPETUITE, assortie d'une peine de sûreté à 22 ans."
Camille Hennetier (AG) : "à l'encontre de Salah Abdeslam, nous requérons la peine de réclusion criminelle à PERPETUITE, Au regard de l'immense gravité es faits qui lui sont reprochés, nous vous demandons d'assortir cette peine d'une période de sûreté INCOMPRESSIBLE."
Fin des réquisitions des avocats généraux et fin également de cette journée d'audience. Elle reprendra lundi à 12h30 avec les plaidoiries des avocats de la défense.